Review : The Horrors – Luminous

Le groupe mené par Faris Badwan sort aujourd’hui son 4ème album, Luminous.

Luminous_artwork

 

Vous connaissez cet aphorisme lourdingue qui dit que jour après jour rien ne change mais que si on regarde en arrière tout a changé ? Et bien cette bonne parole sied merveilleusement au groupe originaire de Southend on Sea. On les découvrait en 2007 avec Strange House, premier album où l’esthétique goth poussée à son paroxysme en devenait presque absconse, puis le groupe laissait éclater ses Primary Colours (2009), avant de négocier un virage électro/ néopsyché avec un Skying exaltant (2011).

2014 voit donc naître le 4ème opus du groupe. La toile de fond est la même: les 5 musiciens sont toujours parés de leurs noirs atours, les paroles parfois sibyllines restent plutôt austères, et pourtant The Horrors version Luminous n’ont plus grand chose en commun avec leurs proto-versions.

Certes Skying laissait déjà présager cette évolution vers des arrangements plus élégants, plus spacieux aussi. Luminous est l’occasion pour le groupe de persister dans cette voie, avec un album qui se veut solaire et expansif. Prévu à l’origine pour l’automne dernier, l’album paraît finalement aujourd’hui: le groupe s’est en effet accordé un délai supplémentaire en studio, le temps de retravailler certains titres et d’en écrire de nouveaux.

 

 

Le premier titre Chasing Shadows s’elève élégamment après une intro de près de 3 minutes vers une myriade de sons enchanteurs à peine perturbée par la voix éthérée de Badwan qui susurre un « disappear with you and you’re like no one else » qui laisse entrevoir la couleur de l’album. First Day Of Spring suit la même logique, rythmé par un duo basse-batterie inspiré et une mélodie entraînante et irradiante.

So Now You Know dont le clip a été dévoilé il y a peu, se veut plus évidente et s’impose comme un single potentiel, dansant et mélodieux, à coup sûr hymnique. Une façon pour le groupe de cibler un public plus large (marché US nous voilà). Mais le groupe sait aussi faire preuve d’intrépidité: preuve en est avec In And Out Of Sight, qui marque le virage serré de cet album. Un titre aux influences disco, clairement calibré pour danser, sur lequel on se laisse embarquer par la basse de Rhys Webb, reprenant les chœurs avec lui, avant de se laisser aspirer par les synthés de Tom Cowan pour une délicieuse odyssée psyché.

Jealous Sun sort ensuite l’artillerie lourde faite de guitares saturées et d’une batterie lancinante. Josh Hayward a de nouveau concocté ses propres effets et use de la pédale, servant à merveille la mélodie enivrante du refrain: « don’t let it all slide away, under jealous sun now » chante Faris Badwan, à la façon d’une comptine pour enfants, allaités aux psychotropes. Une comptine pour enfants dark néanmoins: « in this world you take what you want, cause in this world you are ALONE » nous dit gaiement Faris. Le tournant optimiste revendiqué par le groupe ne fait aucun doute. On retrouve cette ritournelle enfantine dans Falling Star, légèrement japonisante, qui se transforme peu à peu en titre groovy, quasi « bowiesque », qui s’achève sur un martellement nerveux de la batterie par Joe Spurgeon.

Arrive ensuite I See You, premier titre dévoilé de cet album. Avec une intro qui rappelle I Feel Love de Donna Summer, on pense immanquablement aux productions de Moroder: le titre s’étale sur 7 minutes 30 avec une coda magistrale de 3 minutes 30 où Tom Cowan démontre -s’il le fallait- tout son talent, entouré de ses synthés.

Change Your Mind semble par la suite sortir de nulle part: un titre étonnant qui commence comme un slow doo-wop dans la veine des Flamingos. Le refrain dégage quand à lui une élégance dans sa retenue et sa subtilité, faisant de Change Your Mind un des titres les plus appréciables de l’album.

À tel point que le suivant, Mine And Yours brille par la pauvreté de ses arrangements: un titre presque pop-rock, qui rappelle beaucoup trop les pires chansons de Foo Fighters. Était-ce une volonté pour le groupe de ne pas renier son statut de guitar-band? Le groupe semble osciller entre la volonté de se départir de l’influence de Strange House sans couper totalement les ponts avec le rock garage primaire, tentant de concilier les deux pour le meilleur et pour le pire. Le pire donc fut l’abominable Mine And Yours. Les fripons tout de noir vêtus nous avaient réservé le meilleur pour la fin: Sleepwalk  clôture donc cet album avec grâce, faisant le pont entre un duo guitare-batterie puissant et un maillage électro aérien.

 

The Horrors nous laissent donc avec un album dans la continuité de Skying. Luminous est un album multi facettes, reflétant les influences disparates et variées du groupe: on aurait peut être aimé qu’ils poussent l’expérimentation plus loin, tant leur capacité à explorer ne fait aucun doute.

 

 

LA NOTE : 8/ 10

 

 

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