Drenge : « On enregistrait quatre chansons, puis on retournait à l’école… »

De passage dans la rock cave du Montreux Jazz Festival, le duo fraternel nous parle des lives, du studio et de son album éponyme sorti il y a un an.

 

 

Salut les gars, bienvenue ! Comment se passe la tournée jusqu’ici ?

Eoin Loveless : Plutôt bien, nous avons joué aux Eurockéennes hier…

Rory Loveless : Oui, c’était vraiment bien ! Un bon line-up !

Eoin : Vraiment cool, et nous retournons à la maison demain. Donc tu vois… deux petites dates en Europe et on revient chez nous.

Remarquez-vous des différences entre les publics devant lesquels vous jouez ?

Rory : Je pense que oui, mais c’est un peu différent lorsqu’il s’agit de festivals, parce qu’il y a beaucoup de gens qui viennent de plein d’endroits différents. Surtout à Montreux, n’importe qui peut venir (ndlr: le concert est gratuit). Je serais venu si j’avais su comme c’était joli ici ! Mais je pense que dans les clubs, ce genre d’endroits, tu vois des différences.

Et que préférez-vous ? Jouer dans les grands festivals ou dans des clubs ?

Eoin : Je préfère une combinaison des deux.

Rory : C’est bien d’avoir un mélange !

Comme ici, à Montreux ?

Eoin : Ouais. Hier soir nous avons joué dans un grand festival, et aujourd’hui nous jouons dans une petite salle à l’intérieur, alors c’est bien d’avoir les deux options.

Pourrions-nous aussi parler de votre album ? Comment avez-vous procédé lors de l’enregistrement ?

Rory : Le processus d’enregistrement était assez long. On faisait quatre chansons, puis on retournait à l’école pendant un an, et on enregistrait encore quatre chansons. Ensuite, environ six mois après ça, nous avons fait sept ou huit chansons et nous avons fini l’album. Alors- les premières étaient des démos dont on ne savait pas qu’elles seraient sur l’album, alors c’est un peu un accident j’imagine, mais je pense que nous nous sommes bien débrouillés. On ne savait pas vraiment ce que l’on faisait et on n’était pas vraiment sûrs de la manière d’aborder l’enregistrement, ou de comment agir en studio, parce tout ce que nous faisions jusqu’ici c’était jouer dans les bars, en live. Alors c’était un peu différent, mais je pense que nous nous y sommes un peu habitués maintenant.

Quels sont selon vous les principaux éléments qui connectent les chansons de l’album entre elles ?

Eoin : Hum… Eh bien, il n’y a pas grand-chose sur l’album mis à part la guitare, la batterie et la voix, donc du point de vue du son, pas beaucoup d’instruments. Et… la manière dont nous écrivons des chansons… beaucoup d’entre elles sont assez rapides, et la guitare saccadée…

Rory : Oui. Beaucoup de naïveté, de colère et d’énergie.

Vraiment ? Pensez-vous que l’album est un peu naïf ?

Eoin : Dans le sens que je ne pense pas que nous jouons très bien. Je pense qu’on l’a enregistré avant qu’on ne sache vraiment ce que l’on faisait.

Rory : Avant qu’on ne sache comment écrire une chanson. Maintenant lorsqu’on écrit, on se dit « C’est une chanson », tandis qu’avant on se disait « Ah, c’est une chanson ! C’est une chanson ! » (rires)

Eoin : Oui, je pense qu’on ne comprenait pas vraiment ce que l’on faisait dans le studio. Il y avait beaucoup de bruit, cela ne sonnait pas très bien. Mais ouais, je suis quand même très heureux du disque et très fier, parce que certains enregistrements ont environ trois ans. C’est un peu bizarre pour moi d’en quelque sorte m’asseoir et me dire, « C’est là que nous avons commencé ».

C’est intéressant, parce que je n’ai pas vraiment perçu cette facette « naïve » dans vos chansons. Beaucoup de chansons m’ont parues émouvantes, comme Fuckabout par exemple.

Eoin : Je pense que c’est une étape à travers la fin de l’album, où on est plus à l’aise au niveau de l’écriture.

Rory : On a enregistré l’album chronologiquement, en allant des chansons plus anciennes aux plus récentes. Je crois que cela montre une sorte de progression.

Eoin : C’est un changement assez dramatique que l’on remarque surtout sur le vinyle. Sur la face B du disque, c’est là où tu peux vraiment entendre le développement technique et musical, comparé à la première face, qui est plus immature et énergétique.

 

 

Et à présent, comment travaillez-vous ensemble lorsque vous voulez écrire une nouvelle chanson ?

Eoin : On a beaucoup d’idées qui traînent, que l’on trouve pendant les soundchecks par exemple, ou des trucs que j’ai trouvés dans ma chambre. On va au studio et on regarde quelques-uns de ces trucs, et si quelque chose sort du lot, on essaie d’en faire une chanson. Et si cela ne marche pas, on l’ignore et on le garde pour un autre jour. Je sais que si tu veux écrire une chanson et que tu te concentres dessus, tu n’as pas vraiment besoin que l’inspiration te vienne, tu peux la travailler en quelque sorte. Mais c’est bien quand on est tous les deux d’attaque, et qu’on a tous les deux des idées à partir desquelles on peut écrire.

Pensez-vous que le fait que vous soyez deux vous facilite la tâche ?

Rory : Ouais, je pense que parce que nous sommes frères, nous nous comprenons aussi beaucoup mieux. Nous avons grandi en écoutant le même genre de trucs, alors… je crois que nous savons ce que nous voulons faire pour certaines choses, en quelque sorte. Nous savons où mener les choses, plutôt que de se les montrer à chaque fois. Mais en même temps, c’est bien d’avoir un avis extérieur, ou quelqu’un qui pourrait apporter un nouvel instrument à la chanson et jouer très bien. Mais oui, je pense que cela marche bien à deux.

Pourrions-nous aussi parler un peu de Fuckabout ? Quelle est l’histoire derrière la chanson ?

Eoin : C’est à propos de… Eh bien… J’étais en quelque sorte au chômage, et il n’y avait pas grand-chose qui se passait dans ma vie. On avait besoin de finir cette chanson pour le disque, et on pensait qu’une chanson plus lente serait la bonne chose à faire. Juste plus calme je pense.

Il y a beaucoup de nouveaux groupes avec des guitares plus lourdes en ce moment en Angleterre, comme vous, les Wytches, Kagoule ou encore Kid Wave. Comment voyez-vous le groupe au milieu de tout ça ?

Eoin : C’est étrange, parce que beaucoup de ces groupes étaient là bien avant nous. Eagulls (ndlr : en regardant mon t-shirt) est un grand groupe qui m’a donné envie d’écrire des chansons, mais ils ont sorti leur album que très récemment. Donc on dirait que tous ces groupes arrivent en même temps, mais il semblerait plutôt que les labels commencent à signer ces groupes depuis peu, parce que ce son plus heavy a toujours été présent, au moins depuis les cinq dernières années. Il y a toujours eu de l’intérêt en fait.

Que peut-on espérer de Drenge dans les mois qui viennent ?

Rory : des tournées, un album, des festivals, un parfum, une ligne de vêtements… elle sortira bientôt ! (Rires) Juste faire ce que nous aimons, jouer en live et écrire des chansons.

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