Review : Royal Blood – Royal Blood

Probablement parmi les albums les plus attendus de l’exercice 2014, le premier opus éponyme de Royal Blood s’impose comme une cure de rock nécessaire offerte par un duo qui n’est pas sans rappeler les White Stripes.

 

royalblood

 

Mike Kerr et Ben Thatcher. Retenez bien ces deux noms propres. A eux deux, un bassiste/chanteur épaulé par un batteur, et vous obtenez le rock brut de décoffrage de Royal Blood, dont le premier album, également intitulé Royal Blood, va très sûrement faire plus que vous chatouiller l’appareil auditif. Originaires de Brighton, ces deux acolytes débarquent, décibels à la main, au bon moment. A l’heure où le bon rock se fait tristement discret, Royal Blood ravive un brasier sur le point de s’éteindre malgré quelques coups d’éclat. Entre noise rock, hard rock, grunge et blues rock, le duo vient se poser comme la bombe rock de l’année 2014.

En 2003, le monde entier acclamait un autre duo, les White Stripes, et leur album Elephant – où se trouvait le désormais cultissime Seven Nation Army – et ce après trois galettes dont la toute première portait aussi le nom du groupe… Tout comme Royal Blood. Mais les rapprochements – deux personnalités, deux sons puissants, des hymnes rocks à la pelle – vont encore plus loin.

 

Royal Blood album

 

Que ce soit Blood Hands ou l’explosive Little Monster – on va se l’avouer d’emblée, l’adjectif s’accorde aux 10 titres composant ce brillant opus – en passant Loose Change, les sonorités nous paraissent relativement familières. Aux Etats-Unis, Queens of the Stone Age et Foo Fighters, en Angleterre, Led Zep et dans une moindre mesure, une énergie blues rock partagée avec Band of Skulls. Basse surpuissante, parfois délicieusement saturée, accompagnée d’une infatigable batterie rythmant, voire anticipant des riffs jouissifs comme sur Out of the Black, premier morceau de cet opus et surtout premier titre à avoir propulsé nos deux amis… L’alchimie paraît simple, le rock dans sa quintessence. Et tout s’enchaîne en nous laissant sans voix – fort heureusement la nuque va se montrer inconsciemment active.

 

 

On pourra reprocher aux Royal Blood d’avoir signé un album globalement répétitif – le tandem basse-batterie fera son temps – mais il est surtout, dès la première écoute, tonitruant, parfait, monstrueux. D’une ligne de basse jouissive sur Ten Tonne Skeleton aux déflagrations de l’implacable Figure It Out en passant par le déjà tubesque Come On Over, les couplets-refrains entêtants de You Can Be So Cruel, les sessions orgasmiques sont nombreuses. La voix quasi lyrique de Mike Kerr (ses élancées nerveuses dans Out of the Black en laissent imaginer le potentiel) alliée à la puissance de sa basse, se marie parfaitement à la batterie rageuse et en même temps brillamment juste (Better Strangers en guise d’exemple final) de Ben Thatcher.

 

 

La planète rock indé n’a d’yeux que pour eux. Matt Helders, batteur d’Arctic Monkeys, a visiblement eu la bonne oreille lorsqu’à Glastonbury 2013, il arborait un T-shirt à l’effigie du groupe, quelques semaines avant la sortie de leur tout premier single. Le groupe de Sheffield, ex-rejeton de la scène indé et groupe majeur de l’ère Internet, invitait ensuite le duo à assurer au printemps leur première partie à Finsbury Park pour les premiers grands shows en plein air – indépendamment des festivals – de la bande à Alex Turner.

Propulsé en quelques mois, signé par une major, soutenu par leurs pairs, Royal Blood est aujourd’hui sous le feu des projecteurs et tout le monde se les arrache. Hélas, personne n’est devin. Si Royal Blood n’a clairement rien inventé dans le genre, et bien qu’on ne sache pas encore s’ils auront autant de succès que les Strokes ou bien Muse dans leurs débuts historiques, on se délecte déjà de cette bombe rock qui fait grand bien… Du bien, n’est-ce pas là le premier plaisir charnel de la musique ?

 

LA NOTE : 9 / 10

 

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