Review : Damien Rice – My Favourite Faded Fantasy

Après huit ans d’absence, Damien Rice nous revient avec un 3e album aussi bien servi par sa grandiloquence de ses mélodies que la poésie intimiste de ses textes. Une merveille.

 

damien rice I don't want to change you

 

Il aura fallu attendre huit ans, le temps de faire le deuil du départ de Lisa Hannigan, la voix féminine de ces deux premiers opus, le temps d’une relation avec Mélanie Laurent et d’une collaboration, le temps de composer, de revenir aux sources, à ses premiers amours de compositeur et de songwriter. Le temps aura paru long pour certains, salvateur quoi qu’il en soit. Avec My Favourite Faded Fantasy, Damien Rice revient, changé à coup sûr (on s’en rend vite compte avec la délicate et brise-coeur My Favourite Faded Fantasy qui ouvre l’album) mais aussi plus apaisé.

 

Damien-Rice

 

Quittant la teen-folk qui a fait de lui une idole chez un jeune public amoureux de ses balades romantiques et de ses accords délicats, Damien Rice croise ici la touche poétique qui a fait son charme avec le bijou qu’était son premier album O suivi en 2006 d’un 9 consacrant à jamais le talentueux irlandais, avec des ornement mélodieux à la fois lyriques et grandiloquents. La sans équivoque It’s Take A Lot To Know A Man illustre bien le propos. D’une longueur de neuf minutes, ce superbe morceau offre d’intenses moments de poésie, comme de brillantes envolées musicales qui marquent l’oreille de manière durable. Dans la si belle I Don’t Want To Change You, sa voix sensuelle alliée à sa guitare en retenue font naître l’émotion avec une aisance déconcertante, pendant que les textes à fleur de peau dépeignent un narrateur fataliste mais romantique à souhait font mouche. Tout Damien Rice.

 

 

Sombre et lumineux à la fois, My Favourite Faded Fantasy semble être dès la première écoute d’une beauté précieuse. Différent de ce à quoi Damien Rice a pu nous habituer par le passé, l’Irlandais se laisse subjuguer par ses premiers amours de songwriter, notamment avec Colour Me In, où la carte minimaliste croise une orchestration magique, mièvre et enivrante à la fois. Difficile de lui résister. A l’image aussi de The Box, qui allie à la fois l’intimité de textes et de mélodies calmes à la guitare sèche, et la grandiloquence d’envolées orchestrales où violons et contrebasse renforcent l’émotion sans aucune volonté de lésiner, Damien Rice semble se trouver. Trusty & True, qui enivre entre le folk sixties hérité de Chicago et les grands espaces islandais qui ont grandement inspiré l’auteur (Rice a composé et enregistré entre Los Angeles et la volcanique Islande), répond par la durée comme par le contenu à It’s Take A Lot To Know A Man. Enfin, la voix féminine qui hante chaque morceau de ce troisième opus finit par jaillir comme par magie dans Long Long Way, morceau au titre évocateur qui vient parfaire le processus de gestation et de création entamé par Damien Rice, épanouit comme jamais malgré la mélancolie si belle qui habite son album. Il y a des chances que les larmes pointent le bout de leurs nez.

 

 

On pourrait être rebuté à l’idée de voir Rice céder aux sirènes des mélodies téléphonées, ce sentiment d’être facile et très porté sur la musique larmoyante. Force est pourtant de reconnaître que ce sentiment, qui habite l’album de la première seconde à la dernière, enivre son auditeur, le berce tranquillement au coin du feu un soir d’hiver. L’enveloppe est charnelle, agréable. On se surprend, d’un titre à l’autre, à apprécier autour la texture et la musicalité des paroles, comme ce sens de la mélodie aiguisée, qu’elle soit intimiste comme grandiloquente.

 

NOTE : 9,5 / 10

 

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