Review : Northern Soul, le film

Le film-phénomène Northern Soul est sorti il y a quelques semaines au Royaume-Uni dans les salles obscures et quelques jours plus tard en DVD. Si vous y étiez, vous saurez. Si vous n’y étiez pas, vous souhaiterez y avoir été, le slogan du film résume parfaitement ce qu’il en est !

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Sorti dans les salles le 17 octobre, et en DVD le lundi qui a suivi, le film d’Elaine Constantine est un véritable phénomène. Et ici au Royaume-Uni qu’est-ce que ça donne ? Des queues de centaines de personnes qui attendent des heures dans le froid pour entrer dans le cinéma. Bref, je me suis offert le DVD !

Alors on se resitue. Nord de l’Angleterre et plus précisément dans le Lancashire quelque part entre Manchester et Liverpool, au début des années 1970 à l’époque où une vague de rébellion culturelle de la jeunesse anglaise s’abat sur le nord du pays. On l’appelle la Northern Soul.

Elaine Constantine délivre un scénario simple à la base. Un jeune puceau (Elliot James Langridge) un peu paumé vivant avec ses parents et papy avant de tomber sur un pseudo DJ qui va lui faire découvrir la ‘vraie’ vie et… la Northern Soul !
John va se rebeller, claquer la porte de chez ses parents, dire ‘merde’ à son prof (joué par Steve Coogan principalement connu pour son personnage d’Alan Partridge) puis partir vivre avec son nouveau pote Matt (joué par Josh Whitehouse) et le frère de celui-ci, Paul. C’est bien beau mais il va falloir bosser et le boulot ne court malheureusement que très peu les rues ici dans les bourgades du nord. Dans le Nord de l’Angleterre des seventies, et malheureusement la situation ne s’est guère amélioré depuis, la jeunesse se retrouve confrontée au chômage ou aux petits boulots. Sans trop d’avenir, John et Matt ont la tête dans les étoiles et rêvent de migrer aux States, pays de la soul. Vinyles et fringues… drogues et danse… voilà ce qui résumera brièvement la vie des jeunes nordistes. Mais c’est avant tout une histoire de potes, des potes passionnés par la musique.

Mais la Northern Soul, qu’est-ce que c’est exactement ? Il s’agit d’un mouvement de la jeunesse qui a débuté à la toute fin des années 60 et qui s’est prolongé dans les années 70 en emboitant le pas des Mods des sixties. Ce phénomène culturel nous vient du nord de l’Angleterre – d’où son nom – avant de s’étendre aux Midlands, à l’Ecosse et au Pays de Galles et faire perdurer la soul noire américaine alors qu’à Londres le genre commence à décliner pour laisser place à de nouveaux sons comme le funk. Trois choses alors sont importantes dans la Northern Soul : la musique soul principalement produite par la Motown, la mode et la danse.
Les DJ de l’époque étaient sans cesse à la recherche du nouveau titre, sorti en général quelques années auparavant aux USA, que personne n’avait encore entendu au Royaume-Uni. Et on sortait le weekend avec les copains dans les nightclubs les plus réputés de la région (The Twisted Wheel à Manchester, The Torch à Stoke-on-Trent, The Catacombs à Wolverhampton, The Wigan Casino, The Blackpool Mecca) où on venait y écouter, en dansant jusqu’au petit matin, la rareté que le DJ du club d’à côté n’a jamais passé.

Dans le film, les protagonistes sont totalement obsédés par la danse et par la recherche de galettes pour percer comme DJ. Ils sont pleins de rêves ! Notamment avoir leur propre club, mais pour ça il leur faut quelqu’un de majeur alors pourquoi pas se mettre à traîner avec Sean le loubard croisé à l’usine?! Et il y a toujours ce rêve de quitter le pays pour briller aux Etats-Unis, le but ultime pour pouvoir trouver plus de records et devenir le meilleur DJ. Mais déjà choper Ange la petite infirmière et détrôner Ray Henderson le DJ du Wigan Casino en dévoilant son meilleur titre ne semble pas si évident.

En parlant du Wigan Casino, c’était The place to be dans les années 70 quand tu étais dans la Northern Soul ! Ce nightclub qui a réellement existé a fermé ses portes en 1981 et comme on le voit très bien dans le film de Constantine, la queue pour y entrer s’étendait jusque dans la rue. Toute la jeunesse des environs et parfois de plus loin venait y passer la nuit du samedi au dimanche pour danser au rythme de la soul venue des States – et rien de mieux que le speed pour rester éveillé toute la nuit !

Mais tout n’est pas rose dans ce film. Il y a quelques morts aussi. De la drogue – mais clarifions les choses, tout le monde n’était pas défoncé. Le tout associé au langage cru – bien pratique pour connaitre plein de mots cool en anglais !- fait que le film est interdit au moins de 15 ans au Royaume-Uni et en Irlande.

Ce film est une magnifique bande-son qui nous (re)plonge à l’époque où la Motown et la soul était à leur zénith avec Edwin Starr, The Velvets, Duke Browner,  Rita & The Tiaras, The Salvadores, Marvin Gaye et des dizaines d’autres agrémentent la soundtrack.
Ce véritable docu-sonore sur ce qu’était la Northern Soul a fasciné Ian Brown comme des milliers d’autres gens qui ont eu la sensation de revivre pendant 1h40 un moment de leur jeunesse. C’est comme ça l’était vraiment ! Enfin d’après les gens qui ont vécus ce mouvement ou de par mes lectures passées sur le sujet, je suis malheureusement bien trop jeune pour avoir connu cela. Mais attention, il s’agit bien d’un film, d’une histoire fictive donc, non d’un documentaire.

Le film d’Elaine Constantine pourrait être en quelque sorte un prolongement à Quadrophenia qui dépeint les sixties aux temps des Mods. La Northern Soul, comme les Mods avant elle, inspire toujours autant la jeunesse et les musiciens ; et le revival des sixties-seventies ne s’est jamais autant fait ressentir qu’aujourd’hui.
Les fans du genre vous adorer, les autres vont découvrir et se régaler ! Le film d’Elaine Constantine est un vrai bijou sur ce phénomène populaire qui a eu lieu il y a une quarantaine d’années au Royaume-Uni.

 

Pour le cas où vous êtes actuellement au Royaume-Uni, voici la liste des cinémas qui passent encore le film.

 

 

Starring :

John Clark : Elliot James Langridge
Matt : Joshua Whitehouse
Angela : Antonia Thomas
Sean : Jack Gordon
Ray Henderson : James Lance
Mr Banks, le prof : Steve Coogan
Linda : Kate Coogan

Ecrit et dirigé par Elaine Constantine
Produit par la Stubborn Heart Films

Note : 9/10

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