Review: Annie Lennox – Nostalgia

La moitié d’Eurythmics revient avec un album de reprises intitulé Nostalgia.

 

annielennox2_photocreditrobert-sebree-la-lennoxa-ltd.

On peut légitimement s’interroger sur l’intérêt d’un album de reprises, en particulier de reprises de standards déjà réinterprétés  pour certains d’entre eux des centaines de fois. Outre l’aspect intéressant de l’exercice de style, Lennox justifie cette envie dès le titre de l’album: la nostalgie. On peut donc penser qu’il s’agit là d’une volonté très personnelle de se replonger dans des titres lui rappelant le passé. Prenons donc cet album pour ce qu’il est, une invitation polie à suivre l’écossaise dans une évocation nostalgique de ses jeunes années.

Bien loin de l’époque Eurythmics et de ses allures de femme androgyne, on découvre ici un swing et une délicatesse, toujours portés par la voix puissante de Lennox.

Le voyage débute à merveille avec Memphis in June: dès les premières notes on sait que l’on va apprécier ce moment. Ambiance feutrée pour ce titre très visuel qui nous projette avec aisance dans un esprit Dixie très puissant. Après le Tennessee direction la Géorgie avec la très casse gueule Georgia On My Mind. Difficile en effet de rivaliser avec l’émotion de Ray Charles quand il évoque la terre où il est né. La native d’Aberdeen  reprend ce titre sans convaincre, poussant parfois le mimétisme jusqu’au ridicule. Les arrangements gospel très marqués, avec un orgue très (trop?) présent impriment un esprit 70s vieillot très regrettable.

I Put A Spell On You et Summertime convainquent dans la douleur, l’émotion étant trop peu présente sur ces classiques.

 

 

C’est que le pari était osé: reprendre des titres hantés par leurs interprètes originaux et en même temps déjà repris par tous les crooners en herbe était risqué. Le même constat s’impose pour les titres suivants: I Cover The Waterfront, God Bless The Child et surtout Strange Fruit, trois titres indissociables de Billie Holiday.

Même si l’ensemble est sauvé par la voix suave de Lennox, l’émotion de Billie Holiday n’est pas au rendez-vous. On ne peut s’empêcher en écoutant ses reprises de remettre en question leur intérêt. You Belong to Me, ballade sirupeuse n’apporte malheureusement pas de réponse et ne calme en rien nos doutes.

Passons vite à la suite, d’autant que la deuxième partie de l’album s’avère plus profonde que ce à quoi on a été soumis jusque là.

Sur September in The Rain, Annie Lennox reprend un rôle qu’elle affectionne et qui lui va à ravir: celui du crooner au féminin. Ce titre immortalisé entre autre par Frank Sinatra est ici merveilleusement repris par l’androgyne Lennox. Le même esprit règne sur I Can Dream, Can’t I? où elle parvient à déclencher une émotion inouïe jusque là, pour ce titre très 50s. Émotion dont on ne se départira pas pour les deux derniers titres de Nostalgia: d’abord The Nearness Of You, romantique certes mais subtil et surtout Mood Indigo, pépite de Duke Ellington qui vient clore avec brio et swing cet opus. Un vrai standard de jazz, servi par un piano aguicheur auquel répond sensuellement la voix feutrée de Lennox. Ce qu’il manquait cruellement à cet album jaillit en bout de course dans ce final grandiose: l’émotion enfin s’impose. Ça sent le bourbon et les havanes, le cuir et la sueur. Mais quel dommage qu’il ait fallut attendre tout ce temps pour enfin être satisfait!

C’est donc sur ce constat en demi teinte qu’on clôt l’écoute de cet album, sauvé à la fois par la puissance vocale inchangée de Annie Lennox et les derniers titres qui finalement nous font ressentir cette nostalgie annoncée dans le titre de ce 5ème album studio de l’écossaise.

 

Note: 6/10

No Comments

Post A Comment