Review : Savages & Bo Ningen – Words To The Blind

Le groupe japonais basé à Londres et leurs potes de Savages sont bien décidés à réveiller la capitale.

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On connaissait les liens amicaux du groupe avec les locaux de Savages- Leur chanteuse Jehnny Beth avait d’ailleurs déjà collaboré avec Bo Ningen sur plusieurs chansons de l’album III.

Pour Words To The Blind, c’est les deux groupes dans leur intégralité qui sont impliqués ; selon le communiqué de presse de Gemma Thompson (guitariste de Savages) relayé par Pitchfork, l’album est en fait une composition libre en cinq chapitres enregistrée en live. Les groupes en ont longuement parlé avant de commencer les répétitions : « Nous imaginons une scène en forme de U, afin de contenir le plus de gens possible au centre. Les deux batteurs sont face à face « en bas » du U, puis cela continue de la même manière : les guitaristes, les bassistes et les chanteurs face à face en remontant la courbe du U. Les Bo Ningen ont une guitare de plus, alors nous l’avons accrochée au plafond pour la frapper telle un gong. »

Même si l’on n’a pas eu l’occasion de découvrir le projet en live, l’écoute de Words To The Blind est aussi une expérience à part entière. On entend des chuchotements en français et en japonais (Jehnny Beth et Taigen sont simultanément au micro) durant la première partie de cette piste de 37 minutes. Le côté français dit : « Je ne vous comprends pas. Vous êtes là et ne dites rien. Est-ce que vous avez perdu votre langue ? Ils sont tous comme ça les jeunes gens aujourd’hui. Ceux qui sont jeunes, ils sont là et ils ont perdu leur langue. […] Une jeunesse ennuyeuse, voilà ce que c’est ». Suit un crescendo, où les deux chanteurs parlent de plus en plus fort : « Comprenez-moi bien, la jeunesse a le droit d’anéantir l’histoire. De l’anéantir, de partir de ce qui est anéanti, fabriquer une nouvelle histoire. Elle en a le devoir. Elle ne doit pas attendre qu’il soit trop tard.» Votre pote soundofbrit ne va pas tout vous révéler, car vous devez l’entendre vous-même. La suite est une marée sonore expérimentale, surprenante et jouissive. Toutes les parties de la chanson sont mystérieuses et magnifiques à leur manière, avant que cette œuvre contemporaine ne se termine dans une tempête de bruit. Mention spéciale à l’avant dernière partie, où Jehnny Beth récite un poème en anglais tandis que Taigen et les guitares chantent librement, comme des gouttes de rosée du matin…

Ce disque est très intéressant certes, mais ne va pas plaire à tout le monde. Si vous ne jurez que par les Arctic Monkeys et Kasabian (Et pourtant les Bo Ningen ont récemment tourné avec Kasabian), laissez tomber. Cependant si vous voulez vous ouvrir à de nouvelles manières d’aborder la musique, ou que vous connaissez déjà et que vous aimez Bo Ningen et Savages, accrochez-vous, vous allez vous prendre une claque !

LA NOTE : 8/10

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