Interview – The Maccabees

A l’occasion de la sortie de leur 4e album, Marks To Prove It (le 31 juillet), Orlando Weeks (chanteur) et Felix White (guitariste) des Maccabees étaient de passage à Paris, ce lundi, pour répondre à nos questions.

the-maccabees

Votre 4e album va sortir à la fin du mois. Est-ce que sa composition était spontanée ? Aviez-vous les morceaux rapidement en tête ?

Felix : Cette fois-ci, la composition n’était pas si spontanée que ça. En fait, on avait déjà depuis pas mal de temps les morceaux en tête, c’est les contextualiser et savoir à quoi notre album allait vraiment ressembler qui nous a pris beaucoup de temps.

Orlando : Il y a aussi le fait d’être cinq dans le groupe qui rend la tâche plus compliquée. C’est dur d’être spontanés quand on est cinq. Mais d’un autre côté, prendre son temps a ses avantages et on a pu en tirer les bénéfices quand, à l’enregistrement, on obtenait ce que l’on voulait dès la première prise.

 

Par rapport à l’écriture, dans quelle mesure chacun des membres du groupe intervient ? S’agit-il plutôt d’un travail collectif ou d’un travail individuel ?

O : L’édition est un travail collectif, mais l’écriture de base est individuelle. Chacun travaille de son côté, puis on met en commun. Par conséquent, un morceau qui, à la base, venait d’un seul membre du groupe devient un morceau écrit par le groupe entier.

 

Vous pouvez écrire des morceau sombres et lents aussi bien que des morceau moins obscurs et plus rythmés. On a aussi l’impression que vous explorez différents styles de musique. Est-ce que vous avez continué ce genre d’expérimentations dans Marks To Prove It ?

F : Oui, et ce qui est le plus frappant dans cet album c’est qu’il donne vraiment l’impression qu’on est un groupe. On sent vraiment qu’il y a deux guitaristes par exemple. Et puis, quand on écoute l’album de la première à la dernière piste, on se rend compte qu’on peut jouer des styles de musiques complètement différents et c’est assez impressionnant. On le ressent vraiment plus sur cet album que sur les précédents. En même temps, on peut aussi dire que Marks To Prove It résume bien tout ce que les Maccabees ont fait depuis leurs débuts.

 

Peut-on dire que les deux singles déjà sortis nous offrent un bon aperçu de ce qu’est l’album ?

F : Marks To Prove It et Something Like Happiness montrent bien les deux faces de l’album, l’une plus obscure, l’autre plus joyeuse, donc oui ça peut faire une bonne pub. Something Like Happiness a son petit côté grandiloquent…

O : Something Like Happiness est un peu à cheval entre la retenue et l’explosivité. On a enregistré six fois ce morceau et ça a été très compliqué de choisir la version définitive. Je ne sais pas si celle-ci est la meilleure, mais en tout cas on s’est tous sentis soulagés d’en avoir une finale. Faire ce genre de choix nous prend une éternité. Se rendre compte qu’on était limités dans les choix fut l’un de ces grands moments dans la période d’enregistrement. On s’est aperçu que cette limite apportait au final de la clarté et de la liberté. Avoir des limites nous incite à jouer avec.

 

 

Est-ce que vous avez composé vos morceaux dans une perspective live ou est-ce que vous avez pensé à la scène après la composition ?

F : En fait, on était assez frustrés de pas pouvoir adapter Given To The Wild  correctement en concert, on avait pas pu jouer énormément de morceaux de cet album à cause du trop grand nombre de couches dedans. Donc cette fois-ci on s’est dit que l’une des clés de Marks To Prove It, c’était de pouvoir le rejouer sur scène et que les gens aient une représentation fidèle de l’enregistrement quand ils vont nous voir jouer.

 

Toujours en ce qui concerne les concerts, quel effet cela vous fait-il de jouer dans des pays comme la France, où, pour l’instant, vous n’êtes pas aussi connus qu’au Royaume-Uni ?

F : Ca fait pas mal de temps qu’on n’a pas joué en France. Je sais qu’on joue à la Cigale, mais c’est en janvier, donc dans un bout de temps. En tout cas, j’ai vraiment hâte d’y retourner, j’aime vraiment cet endroit. Après, on jouera peut-être dans de plus grandes salles sur Paris.

 

D’ailleurs, vous serez à Rock en Seine, fin août. Est-ce vraiment différent pour vous de jouer en festival par rapport à vos concerts en salle ?

F : Quand on joue en festival, on se rend compte qu’on anime juste une petite partie de la journée des festivaliers. Du coup on a moins l’occasion de se reposer, il faut aller droit au but. C’est la grosse différence qu’il y a quand on joue en festival. Tandis que lorsqu’on joue pour notre propre public, on peut se permettre de jouer des morceaux plus obscurs par exemple. En festival, il faut jouer des compositions plus dynamiques.

 

Avant de monter sur scène, comment vous échauffez-vous ? Avez-vous des sortes de rituels ?

F : Avant on en avait plein, on s’amusait par exemple à balancer quelque chose dans une poubelle. Maintenant, on échange plus, on discute plus.

O : Assez souvent avant un concert, je fais les cent pas et je regarde Felix pour savoir comment il se sent. Si lui aussi est stressé, on se serre l’un contre l’autre. Sinon, s’il a l’air de bien se sentir, je vais un peu mieux moi aussi.

F (à Orlando) : Tu as souvent l’air stressé toi ! (rires)

 

Comment vous sentez-vous après une tournée ? Est-ce que la scène vous manque ?

F : Oui, la scène me manque beaucoup. Les sensations que j’ai quand je joue me manquent. C’est difficile pour moi de ne plus jouer et ça m’a pris quelques années pour remédier à ce manque à la fin d’une tournée. Tu passes de la forte adrénaline que te procure la scène à plus rien et c’est très dur de trouver un équilibre entre les deux.

O : C’est marrant parce que moi, je suis carrément l’inverse. Ca ne me manque pas vraiment. En tournée, j’aime seulement ce qu’il se passe entre les balances et la fin du set, moins ce qu’il y a après. Pour moi, la descente d’adrénaline juste après un concert est très rapide. C’est un état d’esprit très différent. C’est pourquoi il est important de savoir comment va l’un ou l’autre avant un concert.

 

Quelle est la chose la plus folle qui vous soit arrivée lors d’une tournée ?

F : Aux Etats-Unis, au milieu de la Bible Belt, notre van a percuté un cerf. Du coup on a dû le pousser au beau milieu de la nuit jusqu’à la gare routière.

O : Je m’en souviens, une fois, en Espagne, notre chauffeur s’est endormi au volant et on a eu un accident au milieu du désert, la partie très très aride du pays. On a dû marcher pendant une heure pour rejoindre l’autoroute et je me souviens qu’une fois dans le bar, il y avait ce chien minuscule sur mes genoux, du genre chihuahua, bourré au Xérès.

 

Vous avez fait la première partie de Mumford & Sons le mois dernier, qu’en avait vous pensé ?

O : J’étais très fier d’eux, j’avais oublié à quel point c’étaient de bons musiciens. C’est impressionnant de voir comment ils se servent de leur succès pour être encore plus créatifs. Ils ne prennent rien pour acquis, ils ne se reposent jamais sur leurs lauriers

 

Si vous deviez encourager, faire la promo, d’un groupe récent, duquel s’agirait-il ?

F : J’ai vu un groupe de Brighton qui s’appelle The Magic Gang. Ce qui m’a beaucoup plu chez eux c’est que ça se voyait qu’ils prenaient du plaisir à jouer ensemble. Ils sonnent un peu Lo-Fi américain.

O : The Raised By Wolves, de Washington DC. Ils ont joué avec nous et je les adore. Ils m’ont envoyé leur EP et il est très bon !

 

Quel album de ces dernières années vous a le plus surpris ?

O : Let England Shake de PJ Harvey est l’un de mes albums préférés. C’est d’autant plus surprenant qu’avant je n’étais pas spécialement fan de PJ Harvey, alors que désormais, cet album me suit partout !

F : J’ai bien aimé Terror des Flaming Lips.

 

Vous avez été généralement très bien accueillis par les critiques, est-ce qu’une critique positive, ou négative, peut avoir une influence sur vous ?

O : On parlait de quelqu’un qui avait été vraiment sévère avec notre dernier album (rires de Felix). Mais je me souviens pas d’avoir fait quoi que ce soit en réaction à de mauvaises critiques.

F : Il faut parfois savoir se déprogrammer par rapport à ça, parce qu’on peut recevoir une centaines de bons commentaires mais c’est toujours le commentaire négatif qui va rester en tête.

O : Je pense que si tu es assez stricte avec toi-même, tu vois déjà le commentaire négatif arriver. En plus, normalement, tu sais ce qu’on peut te reprocher parce que tu as, plus que quiconque, analysé ta production.

 

No Comments

Post A Comment