Swim Deep : « Je crois que de manière générale, les gens ont peur du changement »

Sound Of Britain est parti à la rencontre du groupe de Birmingham lors de son passage au Romandie de Lausanne.

Les Swim Deep backstage au Romandie, à Lausanne en Suisse.

Les Swim Deep backstage au Romandie, immortalisés par votre fidèle correspondante Soundofbrit.

Nous sommes jeudi soir et il est environ 18h30 lorsque votre correspondante suisse de Sound Of Britain retrouve le tour manager des Swim Deep au Romandie, qui l’escorte en direction de la loge du groupe et de ses roadies. En effet, lorsque nous ouvrons la porte, il y a au moins 9 anglais dans la petite pièce. Avant que je n’aille m’asseoir sur la place qui m’a été réservée sur l’un des trois canapés, le manager me demande de prendre dix minutes au maximum (que je prolongerai à 15…). La tribu est alors en train d’écouter le dernier album de Grimes sur l’un des nombreux ordinateurs portables dispersés dans la pièce, dont ils coupent le son immédiatement. Affalés sur les canapés et les chaises, les Swim Deep discuteront avec Sound Of Britain de leur dernier album Mothers, de la tournée, de l’évolution de leur musique et d’animaux domestiques. Ils termineront ensuite sur des conseils pour les amateurs de musique qui ont peur de se rendre seuls à des concerts. Bien que le groupe soit au complet, ce sera surtout le leader Austin (au centre sur la photo) et le claviériste James (juste à droite) qui répondront aux questions.

Salut les gars ! Je sais que ce n’est pas la première fois que vous venez en Suisse ; vous y êtes déjà passés en 2013. Que pensez-vous de nous ? Soyez honnêtes.

James Balmont : Oui, c’était à Zürich, nous jouions dans un petit endroit, dans le coin d’une pièce.

Austin Williams : C’était un espèce de bar à cocktails.

James : Ouais, et je me souviens avoir été saoul. Et j’ai demandé au tour manager de m’apporter un verre de champagne sur scène. Mais c’est quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant, et que je ne referai jamais ! Hier soir à Zürich il y avait une fan qui était venue de Suisse pour nous voir jouer à Londres, et donc je l’avais déjà rencontrée. Espérons qu’elle montre l’exemple et que tout le monde en Suisse soit comme ça ! Nan je rigole, mais si nous avons des fans en Suisse qui sont prêts à faire tant d’efforts pour nous voir en live, alors c’est génial.

Wow, c’est super. Le public à Lausanne pour les groupes indés est assez restreint, mais il y a tout de même des gens passionnés qui aiment aller voir de nouveaux groupes.

Austin : J’aime bien ce genre de personnes, c’est vraiment cool.

James : Cette salle est vraiment bien aussi. (rires) Pas le backstage et ses graffitis, on s’attendait à quelque chose du genre, mais j’aime la manière dont l’espace live est décoré, avec le mur en pierre. Il y a de quoi donner un très bon concert.

Je voulais parler un peu de votre nouvel album Mothers avec vous. J’ai trouvé une interview sur internet où vous parliez du fait que le titre soit inspiré par vos mères, qui ont donné la vie. L’album pourrait-il être une sorte d’ode à la Création elle-même dans une certaine mesure ? Peut-être que je vais chercher trop loin ?

Austin : Non, en fait je pense que tu as visé juste. C’est une ode à la Création, et à cette espèce de réalité de la Création. Cela vient de nos origines. Nous le savons, c’est un fait, que nous venons de là, aussi magique que cela puisse être. Donc c’est sûr, c’est une Ode à la Création.

En parlant de cela, j’adore le fait que vous ayez fait écouter l’album à vos mères. J’ai moi-même regardé la vidéo de To My Brother avec ma mère…

Austin : C’est cool !

…Elle l’a aimée (rires). Mais je voudrais que vous m’expliquiez ce qu’est la « Mania Zen ».

Austin : C’est quelque chose qui m’est venu à l’esprit lorsque je pensais à des anti-polarités. Le maniaque, puis le zen, qui signifie le calme. Cela veut donc dire avoir l’air calme et normal, mais ce qui se passe dans la tête est… comme un maniaque…

…avoir l’air calme, mais il y a beaucoup de choses qui se passent dans ta tête ?

Austin : Oui, c’est ça. Tu as compris.

À la sortie de Mothers, tout le monde était choqué de la différence entre celui-ci et votre précédent album, Where In The Heaven Are We. J’ai interviewé vos amis de Peace, et ils ont reçu des critiques similaires. Selon vous, pourquoi les gens n’aiment-ils pas qu’un groupe change de genre musical ?

Austin : Ouais, c’est étrange n’est-ce pas ? Je pense que c’est normal que beaucoup de gens soient un peu dérangés par le changement dans un premier temps, mais je crois aussi que c’est simplement le genre de groupe que nous sommes. Nous faisons ce que nous voulons, et nous essayons de repousser nos limites. Nous tentons de faire de la bonne musique qui dure et qui a une signification pour les gens, peu importe la manière avec laquelle nous le faisons. […]Je crois qu’en effet, je suis un peu fatigué d’entendre toujours cette même question du changement de genre.

James : Je crois que de manière générale, les gens ont peur du changement. À chaque fois que nous sortons quelque chose, ils ont des attentes précises. Ils pensent que ce sera le même genre de musique sur chaque disque du groupe. Mais tu sais, c’est le changement et le fait de continuer à surprendre les gens qui rend la carrière d’un groupe intéressante. Par exemple, les Beatles sont passés d’un groupe de reprises à un groupe psychédélique. Si tu regardes leurs albums, tu vois qu’ils sont tous différents. C’est ce genre de choses qui constitue leur héritage. Cela les démarque de groupes qui ne changent jamais de saveur.

Austin : Oui, je ne pense pas que nous soyons un groupe qui soit là pour garder les gens sous anesthésie, ou satisfaits, ou juste heureux. Je pense que nous sommes un groupe qui aime faire réfléchir le public, ou qui renouvelle son intérêt et sa curiosité.

En effet, je pense aussi que c’est la clé pour durer. On voit tellement de groupes qui se séparent après deux albums-

Austin : Oui, nous prévoyons de le faire. (rires)

James : Je veux dire, c’est (ndlr : le changement) aussi dans notre propre intérêt, parce que si nous écrivons le même genre de chansons encore et encore, nous allons probablement devenir-

Austin : C’est juste impossible. Je ne pourrais jamais.

James : C’est aussi plus intéressant pour nous d’être capables de nous débrancher et d’essayer des choses différentes, d’expérimenter.

Austin : Ce n’est pas du tout dans ma tête, l’idée de faire quelque chose de similaire à ce que j’ai créé auparavant. Je pense que cela n’a aucun sens. Pourquoi est-ce que tu ferais ça ?

Et pourtant, certains groupes le font. Je ne dis pas que c’est bien, mais du coup, si les gens ont aimé le premier album, ils sont sûrs d’apprécier le second.

Austin : Ouais, c’est vrai. Mais du coup c’est pas mal, parce que les gens pourront choisir parmi nos disques, lorsque nous en aurons sorti 7 ! Ils diront « J’adore celui-ci », et d’autres répondront « Non, non ! Le deuxième est le meilleur qu’ils aient fait ! ».

James : « Non, ils sont tous pourris ! » (rires) Si je devais demander aux gens la chanson qu’ils préfèrent à nos concerts, j’entendrais tellement de réponses différentes.

Il y a tellement de facteurs. Pour moi par exemple, cela va en partie dépendre de la manière dont la chanson sonne en live.

James : Oui, c’est encore une chose qui est très intéressante pour nous, car les chansons sonnent différemment en live si on compare avec le disque. Alors nos chansons favorites en live ne seront pas forcément nos chansons favorites sur l’album. Cette transition du studio au live est une sorte de transformation.

J’ai aussi lu dans une autre interview que vous en aviez assez des groupes à guitare. Les synthétiseurs seraient-ils donc la solution ? (ndlr : ouais, j’abuse exprès)

Austin : Non, je ne crois pas. Pour moi- pour nous tous dans ce cas, je peux créer beaucoup plus avec des synthétiseurs. Il y a plus de possibilités mais- quand tu dis que nous sommes fatigués de la musique à guitares, ce n’est pas vrai. La citation n’est pas correcte, mais- cela devient un peu terne parfois, le fait d’entendre le même ton chez un groupe. C’est le ton de la musique, le timbre, les textures, etc. Personnellement, j’aime entendre plus de profondeur. C’est pourquoi tu as tous ces groupes à guitare qui obtiennent des sons incroyables grâce à d’énormes panoplies de pédales et qui repoussent les limites de l’instrument. Je respecte cela, si la personne aime cela. Mais en gros- c’est juste ce ton « rock » qui m’énerve parfois.

Le ton « rock » (rires). Mais alors, pourquoi-

Austin : Ouais. Je ne sais pas. Et c’est pour cela que c’est difficile à dire en fait.

Je voudrais aussi parler de Namaste avec vous. La vidéo est très drôle, mais je n’ai pas vraiment trouvé de lien avec les paroles.

James : En effet, ce n’est pas lié au paroles, c’est plutôt lié au son. Lorsque nous l’avons jouée en live pour la première fois, beaucoup de gens ont dit que la mélodie des cornets leur rappelait un jeu télévisé ! Nous avons trouvé l’idée très drôle, donc nous avons décidé de partir de là pour la vidéo.

Austin : La chanson parle de la diversité que j’ai vue à Birmingham, et de celle de Londres. Elle parle aussi de certaines cultures qui sont parfois oppressées, ce qui est triste. La chose qui est peut-être la meilleure et la plus inspirante à Birmingham, c’est justement toutes ces cultures mélangées ensemble. Cela en fait une ville très vibrante. Tous ces gens venant d’endroits variés, avec un parcours différent, tous ces plats différents… Cela fait un beau melting-pot. C’est vraiment sympa.

Je n’y suis jamais allée.

Austin : Ce n’est pas si incroyable. (rires) C’est génial si tu sais où aller je pense. J’imagine que c’est comme n’importe quelle ville.

Possédez-vous des animaux domestiques ? Et si vous n’en n’avez pas, quel animal souhaiteriez-vous adopter ?

Austin : Quand je rentre de tournée, je voudrais acheter deux rats. Si tu en choisis d’une race intelligente, tu peux leur apprendre à aller chercher et tout.

James : J’adorerais avoir un chiot avec moi en tournée !

Austin : Il finirait par devenir adulte, et nous aurions un gros chien avec nous !

James : Nous venons de tourner pendant presque 6 semaines, et… simplement avoir un chiot avec nous pendant tout ce temps… Mais avec le stress, le pauvre !

Zach : Je voudrais un singe. Comme Bubbles, celui de Michael Jackson !

James : Nous aurions un chiot à l’arrière et un singe qui conduirait le van ! (rires)

Finalement, auriez-vous des conseils pour les jeunes (et moins jeunes) qui ont peur de se lancer et d’aller à un concert seuls ?

Austin : Je pense qu’aller à des concerts seul est quelque chose de génial. J’admire beaucoup cela, simplement aller au cinéma ou à des concerts tout seul. Si tu veux faire quelque chose, alors tu ne devrais pas être retenu parce que tu n’as personne avec qui y aller. Si tu as envie d’aller voir un groupe, vas-y. Il y aura d’autres personnes sur place qui sont dans la même situation que toi. Tu vas toujours rencontrer quelqu’un.

James : Je pense vraiment que les salles de concert sont des endroits supers pour se faire des amis. C’est facile maintenant, avec des trucs comme Twitter, tu peux voir lorsqu’un groupe poste un truc sur un concert. Ensuite, tu vois les gens qui répondent « J’y vais ». Et c’est très facile de briser la glace et de leur parler.

Austin : Je crois que cela vaut toujours la peine d’aller parler aux gens, même s’il faut faire un effort.

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