Biffy Clyro – Ellipsis

Le trio écossais revient avec un 7e album, plus accessible, moins rock mais aussi plus assumé.

 

Biffy Clyro, un groupe de rock de stadium ? Après avoir pris de la graine de Muse à force de tourner avec eux, y compris lors des tournées des stades, le trio écossais veut aussi afficher ses ambitions. Maintenant qu’il arrive à être tête d’affiche sur divers festivals majeurs de la scène européenne (Reading/Leeds, Download), Biffy Clyro assume sa vision du rock. Fini l’ère du Simon Neil hurlant, ses longs cheveux bruns masquant son visage, place au calibrage, à une production plus aboutie, moins sauvage. Ellipsis, successeur d’Opposites et dont la pochette suggère la renaissance, ouvre une nouvelle trilogie selon son auteur. La première, formé par Blackened Sky, The Vertigo of Bliss et Infinity Land, avait symbolisé celle des débuts rock heavy. La seconde, marqué par Puzzle, le devenu incontournable Only Revolutions et Opposites, symbolise le virage plus pop que les Biffy Clyro avaient pris, devenant dès lors un groupe majeur de la scène rock, et virant des caves aux murs suintant de transpirations aux plus grandes salles britanniques puis européennes.

 

Et il y a au moins une continuité chez Biffy Clyro. Si on peut aisément comprendre que les fans de la première heure désertent – ce qui n’est sans rappeler les cas Muse, Coldplay… – le trio emmené par Simon Neil trace sa route. Le leader écrit ce qu’il enchante, pourvu que ça puisse matcher avec les compositions. Ellipsis sert presque de laboratoire, entre ce que Biffy Clyro peut encore servir de rock sauvage et de brut de décoffrage, et des séquences beaucoup plus calmes, voire parfois complètement inédites. Wolves of Winter, titre d’introduction, avait laissé entendre que le retour pouvait être heavy, marqué par des refrains efficaces et un sens du riff qui le serait tout autant.

Pourtant, à l’écoute d’Ellipsis, album qui désarçonne puis séduit petit-à-petit, la promesse est loin d’être tenue. Pire, Biffy Clyro joue la carte insaisissable, alternant une chanson calme sur une compo plus nerveuse. Les oreilles saigneront pour certains sur un Friends And Enemies que Chvrches aurait pu signer et que les chœurs d’enfants en guise de point ne sauvent pas. Derrière, c’est Animal Style qui s’impose comme un single foutrement royal, taillé pour faire quelques dégâts sur les ondes. Re-Arrange est quant à elle très calme, laissant place à un Herex où, enfin, on retrouve le son Biffy Clyro, ce combo entre la guitare saillante et la voix de Simon Neill, le tout sublimé par un riff salvateur qui remet l’auditeur sur le droit chemin.

 

 

C’est alors qu’on se dit : ‘merde, Biffy Clyro excelle dans le rock dur – ce qui n’est pas pour déplaire – mais que faire du reste ?’. Et c’est là que débarque Medecine, un morceau lyrique et beau, porté par de jolies mélodies et un Simon Neil très touchant guitare sèche en main. Débute alors une seconde partie plus radicale où, certes, Biffy lorgne vers le pop-rock à l’instar de Flammable, autre single en puissance qui rappelle Mountains et qui s’avère parfait de bout en bout.

Jusqu’au-boutiste en gardant la construction heavy-calme-heavy, Biffy Clyro comble les irréductibles sur le nerveux On A Bang, un titre chaud qui transpire la rage – et ça s’en ressent dans les paroles – avant d’embrayer sur un titre en contraste avec le léger et tout en autodérision Small Wishes où l’on se surprend à entendre un piano de bar western. Une définition des montagnes russes. L’album se referme sur Howl, composition qui rentre dans la définition du rock de stade mais qui ne transcende pas grand-chose, et People, où la guitare sèche et le piano s’allient pour offrir une jolie ballade dans l’air du temps. L’ensemble est chiadé, guère offensif ni brutal, et on l’imagine bien quelques titres s’en détacher aisément en live pour offrir à Biffy Clyro ce qui ressemblerait à une setlist parfaite, équilibrée entre le renouveau et l’ancien, le reflet d’une identité désormais affirmée et d’une ambition affichée.

 

 

Tracklisting :

1.Wolves Of Winter
2. Friends and Enemies
3. Animal Style
4. Re-arrange
5. Herex
6. Medicine
7. Flammable
8. On A Bang
9. Small Wishes
10. Howl
11. People
12. Don’t, Won’t, Can’t (Deluxe Only)
13. In The Name Of The Wee Man (Deluxe Only)

Nos morceaux favoris : Herex, Medecine, Flammable

LA NOTE : 7 / 10

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