Café de la Danse: Eagulls envoûte, séduit

Forts d’un exceptionnel second album, Ullages, et d’un concert extrêmement réussi au Nouveau Casino fin Mai, les britanniques d’Eagulls étaient de retour à Paris dans le cadre de l’Eldorado Festival; l’occasion pour nous de se replonger dans la sublime atmosphère post-punk créée par la formation.

Il est 19h lorsque quelques spectateurs et photographes impatients entrent dans la salle du Café de la Danse pour se préparer au concert de ce soir: l’occasion pour certains de découvrir le superbe et intimiste cadre de la venue, à la fois élégant et moderne avec une sobre et rocailleuse architecture. Ce n’est cependant qu’à 20h que les français de Last Night montent sur scène pour réveiller le public et faire office de mise en bouche avant la tête d’affiche. Un petit problème technique retarde le début de set, puis le quatuor délivre tout au long de 35 minutes de performance un garage-punk énervé et efficace aux élégantes et efficaces lignes de basse. Le chanteur, sosie miniature de Josh Homme, éructe dans son micro, arrosant régulièrement les premiers rangs de postillons. Avec seulement quelques EPs et un album publiés aux environs de 2014 et seulement disponibles sur le site du groupe, la découverte live est totale, et se révèle plutôt plaisante: ainsi, si les chœurs des guitariste et bassiste se révèlent trop peu forts pour être efficaces, la formation délivre une sacrée énergie, et on ressort agréablement secoués de cette ouverture pleine de rage.

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Le quatuor retiré, les roadies s’empressent de préparer la scène pour Eagulls, et triste surprise: le guitariste Liam Matthews est selon toute vraisemblance tombé malade, et la formation britannique, originellement un quintet, se retrouve ce soir à jouer sous forme d’un quatuor, laissant la lourde tâche à Mark Goldsworthy, autre guitariste du groupe, de remplir l’espace sonore. Peu importe, 21h10, le groupe s’avance sur scène, et ouvre le bal avec le superbe Lemon Trees. L’ambiance se veut envoûtante, prenante. L’incroyable voix de George Mitchell se pose toujours avec justesse sur les instrumentations, splendides, élaborées. Le set navigue avec efficacité entre les titres du premier et du deuxième album, témoignant d’une cohérence dans l’œuvre du encore tout jeune groupe. L’absence de Liam ne se fait pas trop ressentir, bien que pour les auditeurs les plus aguerris et les fans présents au Nouveau Casino en Mai, les compositions perdent un peu de leur richesse et de leur puissance; le prix à payer pour pouvoir assurer ce concert. Le public, réservé, s’essaie par moments à quelques déhanchés et mouvements bien sentis, tentant même de lancer quelques pogos lorsque retentit le single Nerve Endings. Eagulls happe, capte, et la projection en fond de Metropolis, le chef-d’œuvre de Fritz Lang, ne fait que ressortir encore plus le côté mystique de la performance, le film nourrissant la performance live et inversement.

Eagulls en concert au Café de la Danse le 21 Septembre 2016

Entre les superbes performances de Tough Luck, Yellow Eyes, My Life In Rewind et Skipping, on ne sait plus où donner de la tête, et c’est logiquement avec surprise et désarroi qu’après un incarné et fascinant Possessed, la formation quitte la scène, nous remerciant très brièvement, la communication avec le public s’étant voulue tout au long du concert effacée, cryptique. Les lumières se rallument, quelques soupirs se font entendre. Mais peut-être la beauté de la musique d’Eagulls est-elle seulement adaptée à ce format de 55 minutes, à la fois éthérées, chargées, intenses et sans temps mort. Cette (rhétorique?) question ne peut cependant nous empêcher de nous coucher avec la voix de George Mitchell résonnant encore dans nos oreilles, preuve suffisante de l’impact sonore de cette soirée. Jusqu’à une prochaine date.

Setlist:

Lemon Trees

Tough Luck

Yellow Eyes

Nerve Endings

Scale

My Life In Rewind

Euphoria

Skipping

Velvet

Blume

Possessed

Vous pouvez retrouver la galerie photo du concert juste ici.

 

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