Laura Marling – Semper Femina

Volutes de douceur et grâce de tous les instants: Laura Marling revient avec un 6ème album débordant de pudeur et de beauté. Écoute et critique.

Les années passent sans que Laura Marling ne se lasse d’exploiter ses exceptionnels talents de compositrice. A peine 2 ans après Short Movie, elle nous revient début 2017 avec ce tout nouveau Semper Femina, déjà terriblement esthétisant de par sa superbe pochette. Mais cela n’est que la partie visible de l’iceberg, tant les 9 morceaux composant ce nouvel effort s’enfilent telles des perles sur un collier de nacre.

De sensibilité il a toujours été question dans la musique de Laura Marling; et ce nouvel effort ne déroge pas à la règle. Guitare, violons, voix d’une justesse folle, la musicienne se permet même quelques expérimentations un peu plus électriques et acides sur Nothing, Not Nearly. Ainsi, on vogue de titre en titre comme de nuage en nuage, irrésistiblement transportés par les mélodies assénées par la chanteuse de subtile et superbe façon. Tous les instruments au diapason, Semper Femina se révèle envoûtant et captivant, tout simplement. Une rêverie de plumes et de coton, qui conforte l’auditeur pour mieux le prendre au dépourvu.

Ballade aux airs de rêveries disions-nous: l’ouverture Soothing frappe de plein fouet, avec ces cordes d’une sensibilité folle venant installer un groove délicieusement latent qui s’insinue au plus profond de nous comme si de rien n’était. Ce morceau a également l’ingénieuse et risquée idée de faire passer la guitare au second plan, provoquant un décalage sonore que l’on retrouvera sur l’excellent Always This Way. L’aspect à la fois orchestral et intimiste de la musique de Laura Marling ne fait que ressortir de plus exquise façon; une décision parfaitement mesurée et exécutée.

Mais toutes les rêveries ne sont pas enchanteresses: certaines remémorent de désagréables souvenirs, viennent faire l’effet d’une indésirable piqûre de rappel. Interviennent alors des morceaux comme Don’t Pass Me By et The Valley, brassant passé, regret, mélancolie dans des compositions déchirantes à l’évolution mineure maîtrisée de bout en bout. Ni plus ni moins que la marque d’un grand sens du songwriting, tout simplement.

Évidemment, Laura Marling revient fréquemment à ses premières amours avec cette folk superbe et sensible: Wild Fire et ses ajouts de guitare delay bien sentis, Wild Once et ses chœurs d’une tétanisante justesse, et Nouel, pure ballade entièrement solo faisant ressortir le côté personnel, pudique et universel de ce nouvel album. Semper Femina n’est pas un nom qui se choisit au hasard.

Rêverie de plumes et de coton certes, mais pas si innocente que ça. Sous ses atours inoffensifs, la chanteuse dévoile avec ce 6ème album une leçon puissante sur le passage de la vie, le regret, l’attachement à son identité et l’importance de continuer à s’affirmer. Semper Femina, toujours femme: point de coton quand il s’agit d’évoquer de douloureuses relations passées et de se replacer dans le contexte d’une société patriarcale. Une affirmation de l’identité de femme plus que jamais essentielle et pertinente, qui trouve ici un porte-voix de la plus éclatante des façons.

Que dire de plus de ce nouvel album. D’une élégance et d’un mordant sans pareil, Laura Marling démontre encore une fois avec brio toute l’étendue de son talent. De Soothing à Nothing, Not Nearly, Semper Femina est un incomparable voyage qui ne peut que donner envie d’y revenir, encore et encore. Une ode à l’affirmation de la femme, une célébration de la musique folk expérimentale dans toute sa splendeur: d’ores et déjà un incontournable de la discographie de la musicienne.

 

Tracklist

Soothing

The Valley

Wild Fire

Don’t Pass Me By

Always This Way

Wild Once

Next Time

Nouel

Nothing, Not Nearly

Nos morceaux préférés: Soothing, The Valley, Don’t Pass Me By, Wild Once, Nothing, Not Nearly

La note: 8/10

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