Peter Doherty et désillusion à Lille

Quand on va à un concert de Peter Doherty, on croise les doigts pour que tout se passe sans accroc. On n’a pas croisé les doigts assez fort à Lille.

 

Tout avait pourtant presque bien commencé. Mis à part un théâtre Sébastopol avec beaucoup de sièges vides mais toujours aussi beau, le cadre était parfait pour un concert en toute intimité avec l’enfant prodige de la musique britannique, le poète, le sensible Peter Doherty, Pete dans les mauvais jours. Arrivant sur scène sur les pas de ses musiciens, dontson guitariste Jack Jones, sa première partie et leader de Trampolene, les premières notes de I don’t love anyone (but rou’re not anyone) résonnent. Cette balade sentimentale comme sait les écrire Doherty nous emporte, et rend aussi bien en live que sur son album paru l’année dernière, Hamburg Demonstrations. Notons que cette fois -ci, aucune ballerine n’accompagne notre Peter adoré. Suit le tube de son premier album, Last of the English roses. Mais très vite, on sent un Doherty absent, pas assez sérieux pour être crédible, mais pas avec ce grain de folie qui fait désormais sa renommée. Non, on a juste un chanteur un peu évasif, qui enchaîne ses morceaux en prêtant à peine attention à son public, dont une partie commençait à se masser au pied de la scène. Ce manque de motivation de la part de Peter est-il cependant inspiré du manque de motivation d’une bonne partie du public, qui reste assis au fond de son fauteuil ? Ou alors est-ce le public qui reste passif devant une prestation qui l’est tout autant ? Les deux parties ne sont pas toutes blanches dans l’histoire.

 

 

Quoi qu’il en soit, le concert se poursuit, avec un public toujours plat, et un Pete sur une autre planète. Sans être pour autant mauvais jusque- là, le concert manque de saveur. Le niveau est cependant relevé lorsque Doherty prend sa guitare, et retrouve ce côté rocker qu’il n’avait n’avait pas jusqu’alors. Oily Boker, The Travelling Thinker… Accompagné de ses musiciens (qui eux pour le coup assurent de bout en bout), Doherty entame Albion au bout de 45 minutes de concert, avant de quitter la scène, pour le rappel. La foule se réveille enfin, et scande le nom de Pete, crie, et attend le retour du prodige, pour un concert qui promet enfin de s’envoler.

 

 

Et là, tout a dérapé.

Les minutes passent, et deviennent longues. Au bout de 5 minutes, j’aperçois la violoniste du côté des backliners, un peu gênée. Elle voudrait récupérer son gilet, resté sur scène. Un technicien va le chercher pour elle. « A tous les coups, ils sont dehors en train de cloper, elle a froid » me dis-je. Au bout de 10 minutes de rappel, les musiciens reviennent sur scène, un peu dépités et gênés. « Pete ne reviendra pas, il a de la fièvre » nous annonce en français Drew, son bassiste. « On sait pas trop quoi faire… On peut jouer, et vous, vous chantez » propose Jack. On croit un peu à une mauvaise blague, pas au bout de 50 minutes de concert, non ! Commence alors sur décision commune du public l’emblématique Fuck Forever des Babyshambles. Mais pas de retour de Pete. Un spectateur se jette sur scène, s’empare du micro, et commence à chanter. Et à bien chanter qui plus est. En 10 secondes, il met plus d’énergie que Doherty en 50 minutes. Puis un deuxième spectateur monte sur scène, un troisième, quatrième, … Vous devinez la suite. Très vite la scène est envahie, au son de ce Fuck forever complètement fou, orgiaque. Musiciens et spectateurs dansent, jouent ensemble. Seul Doherty manque à l’appel de cette fête improvisée.

 

 

Mais les notes se terminent, et les lumières se rallument. Ce n’était finalement pas une blague, il ne reviendra pas. 50 minutes de concert, pour un tarif qui n’est pas donné… On n’est certes pas au prix d’un concert de Céline Dion, mais quand même, ça ne passe pas. Et le public repart, frustré, furieux, pour ce qui restera sans aucun doute une soirée à vite oublier.

 

Nos photos de Peter Doherty à Lille

Setlist :

I don’t love anyone (but you’re not anyone)

Last of the English Roses

Kolly Kibber

Your my Waterloo

The Steam

The whole World is our playground

Weed Smokers Dream

The Lamentable Ballad of Gasony Avenue

Hell to Pay

Down for the outing

Oily Boker

Travelling Tinker

Albion

Fuck Forever

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