Dig Your Own Hole des Chemical Brothers : déjà 20 ans

Retour sur le deuxième album des patrons du big beat, sorti le 7 avril 1997.

A moins d’avoir vécu ces 25 dernières années dans un bunker anti-nucléaire, vous avez tous déjà au moins une fois entendu,  sinon entendu parler, des Chemical Brothers. Et pour cause, avec The Prodigy, Underworld ou encore Fatboy Slim, le duo Rowlands/Simons a régné sur le royaume de l’électro britannique entre la fin des années 90 et le début des années 2000. Encore maintenant, les Mancuniens sortent régulièrement des albums, toujours fournis de bons tubes, et leur nom se retrouve souvent en haut de l’affiche des festivals : une garantie de passer un bon moment tant leurs performances live sont bluffantes.

Mais retournons en 1997, le 7 avril. Après avoir percé avec le quasi-parfait Exit Planet Dust, où tous les titres s’enchaînent comme des perles, les « Chem Bros » comptent bien transformer l’essai en sortant Dig Your Own Hole. Quelques mois plus tôt, ils avaient déjà publié Setting Sun. Un bel aperçu de leur polyvalence : avec Noel Gallagher, tête pensante du groupe Oasis, en guest, le duo montre une nouvelle fois qu’il sait marier habillement le rock et l’électro (on l’avait déjà vu deux ans plus tôt avec l’enivrant Life Is Sweet, issu de leur collaboration avec Tim Burgess, leader des Charlatans). Le titre reçoit un accueil généralement très favorable, même si certains critiques regrettent sa similitude avec Tomorrow Never Knows des Beatles, l’appelant ironiquement « Tomorrow Never Noels ».

Mais ce serait évidemment une erreur de résumer Dig Your Own Hole à Setting Sun uniquement. L’album s’ouvre sur le groovy Block Rockin’ Beats, véritable explosion de sonorités qui, par ailleurs, conclut la majorité des concerts désormais. Toujours dans un univers chaotique, Elektrobank fait voyager l’auditeur pendant 8 minutes. On navigue même dans la folk avec Where Do I Begin? (où Beth Orton prête sa voix comme sur Alive Alone, titre final du premier album), avant de repartir dans le tourbillon techno. Sur un rythme big beat très funky, on retrouve les titres Dig Your Own Hole ou Get Up On It Like This, qui n’ont pas pris une ride. Les amateurs de techno trouveront leur bonheur dans Piku, It Doesn’t Matter ou Don’t Stop The Rock, avec une rythmique plus épurée. « It Doesn’t Matter, Don’t Stop The Rock », ce pourrait justement être le leitmotiv de Rowlands et Simons : on se fiche des frontières entre les styles.

Dans tout ce maelstrom électronique, Lost In The K Hole nous laisse souffler un peu avec ses synthétiseurs lunaires. Mais tout le talent des Chemical Brothers se retrouve dans l’utime piste, The Private Psychedelic Reel : on termine par un tour de montagnes russes de plus de neuf minutes (qui aurait bien pu en durer 20 sans faire de mal à nos tympans) avec un sitar comme accompagnateur. A mi-chemin entre rock psyché et techno, on se fait avoir à chaque montée et chaque descente. Ce titre imparable bourré de psychotropes fournit une dose d’adrénaline rarement égalée.

Si Exit Planet Dust nous avait impressionnés par sa cohérence, Dig Your Own Hole, lui, nous bluffe par sa diversité, tout en gardant le même esprit. Si vous pensez que le rock et la techno devraient toujours faire chambre à part, il n’est pas encore trop tard : emparez-vous de cet album et vous finirez par vous dire qu’après tout, it doesn’t matter.

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