Happyness à l’Espace B: splendeur indie-pop et efficacité garage-rock

Venus défendre le superbe Write In, Happyness étaient ce soir sur la scène de l’Espace B pour un concert dépassant les attentes. Récit. 

L’Espace B ne rentrera décidément jamais dans l’histoire pour sa ponctualité. Prévu à 22h, c’est sur le coup de 22h25 que le trio, renforcé d’un musicien additionnel, monte sur scène après quelques hasardeuses balances. Quelques notes sont lancés, et miracle: le son est plutôt bon, comme une antithèse au massacre Splashh ayant eu lieu quelques jours plus tôt seulement.

Le groupe dégaine donc sur Anna, Lisa Calls, titre de leur nouvel album qui perd un peu cependant de sa superbe à l’épreuve du live. Impression vite corrigée: l’ambiance pop-indie devient délicieusement garage le temps d’un Anything I Do Is All Right, jouissif extrait de l’initiatique Weird Little Birthday. 

C’est ainsi sur cet efficace modèle que se construira le concert du groupe, entre superbes extraits indie-pop de Write In et déflagrations garage expérimentales issues de Weird Little Birthday. « C’est notre tout premier morceau en tant que groupe » lance le frontman Jon EE avant de démarrer un It’s On You ravissant les fans de la première heure. La dichotomie Through Windows (et sa superbe incursion au piano)/Naked Patients voit dégainée la structure précédemment évoquée, pour mieux lancer une imparable triade Write In:  Bigger Glass Less Full, impérial single faisant jonction entre les deux distinctes identités du groupe, le sublime Reel Starts Again et le contemplatif The C Is A B A G. Que demander de plus?

Sur scène, le plaisir et l’amusement sont palpables. Jon EE interagit (maladroitement avec le public), Benji lance laconiquement quelques solos à une main, buvant un verre de vin de l’autre, et le (français!) bassiste Paul se moque doucement et de façon particulièrement pince-sans-rire de ses origines: « j’ai fait français LV2 ». Entre deux morceaux, les musiciens restent particulièrement affairés à changer d’instruments, ne portant jamais la même casquette à l’exception de Ash, batteur fidèle à ses fûts. Ajoutez à cela un public majoritairement alcoolisé, et l’ambiance est en rendez-vous, sans majeurs mouvements de foule à noter. Le set d’Happyness suit son cours. 

Un petit souci technique vient enrayer un Lofts pourtant superbe et complexe, l’empêchant de s’élever au stade de perfection qu’il aurait pu atteindre. Des explosions You Come To Kill Me?! et SB’s Truck, on atteint finalement la conclusion avec les émouvants Montreal Rock Band Somewhere, se transformant en expérimentation garage rock inventive, furieuse et efficace, et Tunnel Vision On Your Part, sur laquelle un fan viendra même poser quelques lignes de basse. « Je t’aime plus que la vie elle-même » lance Jon EE.

« Cela fait pile un an que Paul tourne avec nous, c’est une sorte d’anniversaire ». Le public répond par moult applaudissements, et le set se conclue sur ce morceau de clôture tout trouvé. À l’image de Write In, Tunnel Vision On Your Part referme ce set de très belle façon, nous laissant l’agréable impression d’un concert certes mineur, mais particulièrement sympathique tandis que les quatres membres du groupe quittent la scène et fendent la foule. Un peu plus d’1h d’escapade indie-rock-garage-pop inventive et habitée; que demander de plus?

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Happyness @ Espace B

Anna, Lisa Calls

Anything I Do Is All Right

It’s On You

Through Windows

Naked Patients

Bigger Glass Less Full

Reel Starts Again

The C Is A B A G

Lofts

You Come To Kill Me?!

SB’s Truck

Montreal Rock Band Somewhere

Tunnel Vision On Your Part

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