The 1975 à l’Olympia: effervescence pastel et triomphe éblouissant

Annulation et changement de salle, le destin a ramené les 1975 sur les planches de l’Olympia pour une deuxième date en un an. Le verdict ? Triomphal.

Curieux cas que le retour français de The 1975 en 2017. D’abord prévus au Zénith et au Transbordeur en Février, le groupe s’est finalement vu rétrogradé à l’Olympia de Paris, faute de ventes suffisantes. La suite? Une annulation pure et simple de la tournée, puis une reprogrammation qui a vu le Transbordeur effacé de la liste, et finalement toujours cet Olympia, maintenant programmé en Juin. Un peu plus d’un an après un premier tour sur cette scène, le quatuor revenait donc en terrain connu; et conquis.

Mais ne pressons pas les choses. Car à 20h, c’est la formation Pale Waves qui s’avance sur scène pour tenir le public en haleine. Que ceux ayant détesté The Japanese House l’année dernière se rassurent: ici, il est question de familiarité et de ressemblance. Sans doute trop. Dès les premières notes, l’évidence sonore frappe: chaque morceau semble être directement inspiré d’un titre de The 1975, répété, déformé et surtout moins réussi. Tout ou presque y est: guitare solo contagieuse, rythme funky, batterie délicate mais énergique et basse rebondissante. Le tout avec une voix féminine bienvenue, et un génie de composition absent.

On s’amuse alors à retrouver les morceaux de The 1975 qui ont inspiré chacun des titres, avec des ressemblances toujours flagrantes. Ne nous montrons pas trop durs: le set en lui-même est propre et énergique, avec un son (surprise!) instantanément bon, denrée rare à l’Olympia. Les morceaux se révèlent efficaces, aidés par un jeu de lumières épileptiques à souhait, et le single There’s a Honey en clôture de set vient conclure le tout d’agréable façon. Un set somme toute sympathique, mais manquant désespérément d’originalité, ne sachant comment se détacher de ses modèles; qui franchissent la scène une demie-heure après la fin du set de Pale Waves.

Tandis que les lumières diminuent, un bourdonnement s’installe dans l’Olympia, ne cessant de croître. 21h pile, tout retombe: les structures scéniques, jusque-là inanimées, se vêtissent de leur plus hypnotiques tonalités, tandis que résonne le titre d’ouverture de I like it when you sleep, for you are so beautiful yet so unaware of it: le subtilement nommé The 1975. Leçon de design scénique et régal visuel, le tout se coupe en une explosion et le fond rose éclate quand les 4 musiciens débarquent pour attaquer avec un Love Me accueillis par de stridents cris de joie. Les 1975 sont là.

THE 1975 – PARIS – Olympia – 2017-06-20

Tout n’est plus que félicité et nirvana visuel. UGH!, parfaite bulle pop, vient transformer la salle en piste de danse. A Change of Heart vient au contraire émouvoir même les plus endurcis. Entre deux nouveautés, Heart Out s’introduit, extrait du premier éponyme album et repris en cœur par des centaines de fans fidèles à la formation depuis ses débuts. Matty Healy, casquette vissée sur la tête, déambule sur scène, verre à la main ou clope à la bouche, et interprète chaque titre de son inimitable voix tandis que ses compères, résolument multi-tâches, se démènent sans jamais faillir. Petite pause; l’occasion parfaite pour souhaiter un joyeux anniversaire de vive voix à Adam Hann. La fête n’en est que plus folle.

Tout au long de l’heure et demie de concert qui se déroulera devant nos yeux, on ne pourra qu’être époustouflés par la qualité du décor scénique, de son élégance, de sa simplicité et de sa beauté. Sans cesse en mouvement, les fonds viennent former divers paysages et structures, créant systématiquement de nouvelles ambiances conférant d’inédites dimensions à chacun des morceaux. Et quand ce ne sont pas l’écran géant et les 4 tourelles devant qui s’allument, ce sont les 3 rectangles hissés au-dessus de la tête du quatuor ou les impressionnants jeux de lumière qui prennent le relais. Un régal visuel pur et simple.

THE 1975 – PARIS – Olympia – 2017-06-20

Au-delà de ça, bien que très proche de la version studio, la musique de The 1975 prend une ampleur folle, grâce à un son impeccable et surtout grâce à un répertoire éclectique et complètement hallucinant. De la pop et délicate Paris, le groupe s’aventure aux expérimentations les plus inattendues avec I like it when you sleep, for you are so beautiful yet so unaware of it et Please Be Naked, en passant par des évidences pop comme la dansante Girls ou par d’émouvantes b-side, à l’image des bouleversantes You et fallingforyou. La parution de ce second merveilleux album est l’occasion pour The 1975 de délivrer un show à la hauteur de leurs ambitions, mêlant songwriting de génie et paroles délicieuses avec d’inattendues expérimentations sonores et des hymnes pop imparables. Tout se mêle en un titanesque et hypnotique show qu’on aimerait voir s’étirer à l’infini.

Entre deux morceaux, Matty Healy soigne son apparence, joue avec son insaisissable coupe de cheveux et se lance dans de longs monologues dont lui seul a le secret. Violente critique du terrorisme et respect total de l’autre, il introduit merveilleusement bien le super Loving Someone, transcendé par des éclairages au couleur du drapeau de la pride. Beau joueur, le frontman ne tient pas rigueur de la rétrogradation du groupe du Zénith à l’Olympia, préférant mettre en avant l’intimité et le privilège de pouvoir jouer devant une audience ne s’étirant pas sous forme d’arène. Étonnamment humble et touchant, sir Healy communique juste ce qu’il faut, s’amusant à invectiver le public, multipliant les eye-contacts et les irrésistibles pas de danse, allant même jusqu’à donner sa cigarette à une chanceuse fan. Ses compères de scène? Ils se laissent porter, visiblement habitués au phénomène.

THE 1975 – PARIS – Olympia – 2017-06-20

La qualité du concert est déjà élevée, mais les moments d’anthologie ne manquent évidemment pas. Robbers se révèle être le titre le plus émouvant du concert, repris en cœur et à cris, déchirant l’âme et portant sans doute bien au delà des limites de la salle. En guise de fausse conclusion, le quartet nous sert Sex, pépite rock imparable qui explose dans un mur de décibels et dans une épilepsie de lumières, nous terrassant et nous laisse au sol, haletants. Pour finalement mieux en redemander. Beaux joueurs, les 4 musiciens reviennent sur scène pour un rappel imparable.

If I Believe You, passage incontournable de ce deuxième opus, gagne en live intensité et puissance émotionnelle, tout en profitant de quelques solos bienvenue en fin de course. La batterie, toujours aussi inventive, brille sur le doublet final qui viendra conclure un show haut en couleurs: Chocolate, grand classique du groupe, et finalement The Sound, imparable single qui invite l’Olympia entier à sauter et à danser dans un ultime élan de félicité. Brouhaha sonore, distribution de médiators, francs saluts et cut au noir: le concert est déjà terminé.

THE 1975 – PARIS – Olympia – 2017-06-20

Il va sans dire qu’une telle expérience a un goût de reviens-y, nous implore de revivre l’expérience The 1975 en live encore et encore. Entre triomphe scénique, splendeur musicale et imprévisibilité délicieuse, le quatuor de Manchester fait office d’OVNI dans la scène pop mainstream actuelle, s’ouvrant aux délices de l’aléatoire et de l’expérimentation parfaitement maîtrisés. Un concert purement parfait et parfaitement saisissant, qu’on espère voir prolongé dans le futur par un troisième effort faisant hommage à ses prédécesseurs. En attendant, en deux mots comme en cent: chapeau bas.

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Setlist The 1975 @ Olympia, Paris France 20/06/2017

The 1975

Love Me

UGH!

Heart Out

A Change of Heart

An Encounter

Paris

You

I like it when you sleep, for you are so beautiful yet so unaware of it

Loving Someone

She’s American

Please Be Naked

Somebody Else

fallingforyou

Robbers

Girls

Sex

If I Believe You

Chocolate

The Sound

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