Arcane Roots – Melancholia Hymns

Le trio Arcane Roots vient redessiner les contours du son rock alternatif avec un album monumental et stellaire. Écoute et critique.

Le retour d’Arcane Roots est un évènement attendu et à célébrer avec force. 2 ans après l’excellent mais trop bref EP Heaven & Earth, le trio revient enfin sur le devant de la scène alternative avec ce Melancholia Hymns, teasé et peu à peu dévoilé de nombreuses semaines avant sa sortie. Nous y sommes enfin, l’album tant attendu s’offre à nous: qu’en retirer? Maintenons légèrement le suspens: beaucoup de choses.

Qu’ont en commun Pumarosa et Arcane Roots, hormis une non-reconnaissance publique et critique injustifiée? Les réponses sont juste sous nos yeux: des albums sidérants, 10 titres, frôlant l’heure d’écoute, et surtout une volonté de redéfinir le genre dans lequel ils s’aventurent. De là, Melancholia Hymns nous éblouira comme The Witch l’a fait plus tôt dans l’année; c’est peu dire du voyage qui nous attend.

Du sublime éthéré et texturé Before Me à l’émouvant et fédérateur Half the World, Arcane Roots n’auront de cesse de se renouveler, retravaillant sans cesse leur style, leurs mélodies, leur jeu, leurs structures, et tellement plus encore. Exit l’efficacité et la brutalité délicieusement assourdissante de Blood & Chemistry: Melancholia Hymns vit à son propre rythme, équilibrant à merveille instants de calmes électroniques évasifs et tempêtes post-rock dévastatrices. Le plus bel exemple de cet fragile harmonie? Arp, sans doute l’un des (si ce n’est le) meilleurs titres de l’album, s’ouvrant sur une plage de mélodies électroniques avant de s’engouffrer dans un tsunami tétanisant de violence. Imparable.

Un des mots d’ordre de Melancholia Hymns? Découverte. Cette notion est d’autant plus forte qu’elle s’applique également aux titres déjà découverts auparavant: que ce soit la lente brûlure de Curtains, maintenant appréciable car parfaitement intégrée dans un tout cohérent, ou les dévastations soniques de Matter et Off the Floor, chacun de ces titres se voient nourris de pistes aériennes et contemplatives de conclusion, les faisant se fondre dans leur successeur. C’est ainsi que le sublime et voluptueux Indigo vient s’intégrer entre les soniques titres susnommés avec un naturel désarmant, donnant à l’album une cohérence folle.

Un autre mot d’ordre caractérisant Melancholia Hymns? Voyage. Repartant des notions évoquées précédemment, ses transitions et son aspect texturé, le nouvel effort d’Arcane Roots se construit comme une superbe onde sonore filant à travers de multiples paysages, adaptant son rythme à l’auditeur (Fireflies, d’une délicatesse rare) pour mieux le propulser dans un état d’ivresse démentiel (l’ouverture stadesque et impressionnante de Solemn). Toujours dans ce souci d’équilibre évoqué plus haut, Melancholia Hymns nous engouffre alors dans un chaos de décibels et de rythmiques; ainsi, Everything (All at Once) marquera longtemps vos tympans tant son apocalyptique finish se révèle être un modèle en son genre.


La concise tracklist réalise donc un sans-faute; et cet implacable grand chelem est dû au titanesque mais maîtrisé monstre bicéphale qui fait le fer de lance d’Arcane Roots depuis leur commencement: la production et la technicité. Si la guitare d’Andrew Groves se fait plus rare, c’est pour mieux explorer dans de jubilatoires et assourdissants riffs, tandis que sa voix s’élève toujours plus haut, toujours plus juste, variant les tons et les émotions. Et si le départ du batteur Daryl Atkins pouvait faire peur, force est de constater que Jack Wrench représente son digne successeur: complexes et hallucinantes, ses sections se renouvellent sans cesse, relançant la dynamique d’un titre en un claquement de doigts. Tout cela ficelé et mixé d’une main de maître, faisant briller chaque instrument à sa juste valeur sans jamais écraser les autres. Un véritable travail d’orfèvre.

On ne peut maintenant plus que vous suggérer de vous jeter sur ce Melancholia Hymns si ce n’est pas déjà fait. De perfections rock en splendides douceurs alternatives, Arcane Roots ont concocté une galette riche, dense, à la fois accessible et complexe, follement jouissive et résolument généreuse. En tout cela, Arcane Roots ont conçu un album finalement semblable à ce que le réalisateur Edgar Wright a pu concevoir au cinéma: une œuvre explorant des genres connus en en redéfinissant les codes et les limites, poussant toujours plus loin l’innovation sans jamais sacrifier le plaisir du public. Melancholia Hymns est de ces œuvres qui deviennent le mètre-étalon d’un genre, une référence dont tous ses successeurs, tant directs que spirituels, devront s’inspirer. Indéniablement le grand album rock UK de cette année.

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Tracklist

Before Me

Matter

Indigo

Off the Floor

Curtains

Solemn

Arp

Fireflies

Everything (All at Once)

Half the World

Nos titres préférés: Before Me, Matter, Off the Floor, Arp, Everything (All at Once), Half the World

La note: 10/10

 

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