Sam Smith – The Thrill Of It All

Sam Smith a raté l’occasion de signer un grand album mélancolique avec son deuxième effort studio. Explications.

 

Trois ans après la sortie d’In The Lonely Hour, Sam Smith est de retour avec The Thrill Of It All. Quatre Grammy’s, un Oscar, un Golden Globe et trois Brit Awards plus tard, c’est un Sam Smith nouveau qui s’affiche. Son corps a complètement changé, mais son coffre vocal, lui, est resté le même. Avec 14 titres au menu, l’artiste passe du falsetto au ténor avec une aisance ahurissante. Sam Smith, une des plus belles voix du 21e siècle ? N’en déplaise à ceux qui ne se taperaient pas 45 minutes de sa voix si particulière, c’est bien le cas.

Mais alors que vaut The Thrill Of It All, deuxième album qui arrive après l’ascension la plus ahurissante de ces dernières années ? Archétype de l’album de rupture dans toute sa quintessence, cet opus très (trop ?) bien produit a pour but de satisfaire le plus d’oreilles possible, tout en trouvant une place à Sam Smith entre Adele et Amy Winehouse. Autant faire un petit mélange de tout cela. Le problème de The Thrill Of It All, c’est que plane l’ombre d’un album millimétré et destiné à cartonner dans les charts, et en même temps la dimension intimiste d’un Sam Smith qui se met à nu après nous avoir séduit avec sa magnifique pudeur.

 

 

Sans grande prise de risques, ce deuxième effort voit Sam Smith se complaire dans les clichés du genre, à grands renforts de violons (The Thrill Of It All, Never Left For You) et de gospel (Too Good At Goodbyes), tout en allant chercher dans la soul rétro (Baby, You Make Me Crazy) ou dans le pop-rock (chez Coldplay avec les guitares de Scars ou James Bay avec Palace). Paradoxalement, face aux paroles hyper personnelles de Smith (on pense bien évidemment à HIM, morceau dans lequel il raconte son coming out face à un père chrétien), face à l’aspect cathartique des mots d’un homme au cœur brisé (Nothing Left For You, où il dit ne plus avoir d’amour à donner parce qu’un homme lui a tout pris), Sam Smith habile ses textes – souvent très beaux d’ailleurs – de mélodies entendues mille fois, chipant à droite et à gauche des influences pour offrir au public des partitions standardisées. C’est beau, mais ça n’a aucun intérêt.

On en vient à préférer le Sam Smith dépouillé, où armé d’un piano comme dans Burning, il déclenche enfin la vive émotion. C’est là que le jeune crooner britannique est le meilleur, quand sa voix fait face au silence, quand l’artifice est absent et que l’écorché nous emmène dans sa réalité. La mélancolie pure prend alors son envol.

 

 

Quant à l’absence de prise de risques, elle est assez évidente au regard de l’artiste qui s’était révélé avec Naughty Boy, puis avec Disclosure. Les seules véritables surprises de cet album sont ce morceau étonnamment – le seul à vrai dire – positif (Say It First) et un featuring salvateur avec la chanteuse Yebba (No Peace). Dommage car sommeille dans cet album traversé de quelques moments sublimes, un véritable potentiel. Sam Smith affichait une identité certaine avec In The Lonely Hour, mais il semble l’avoir laissé de côté au profit de convaincre le plus grand monde avec The Thrill Of It All et ainsi s’afficher comme l’une des plus grandes stars pop du moment. Mais ce n’est pas ce qu’on (vraiment) attendait de lui, hélas…

 

Tracklisting :

Too Good At Goodbyes

Say It First

One Last Song

Midnight Train

Burning

HIM

Baby, You Make Me Crazy

No Peace (Feat. Yebba)

Palace

Pray

Nothing Left For You

The Thrill Of It All

Scars

One Day At A Time

Nos morceaux favoris : Say It First, HIM, No Peace, Burning

LA NOTE : 6,5 / 10

 

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