The Libertines – Anthems For Doomed Youth

Ce n’est pas évident de faire une critique sur cet opus tant il fut attendu. Dix ans d’absence ! C’est très long dix ans et pourtant la popularité de The Libertines n’a jamais diminuée durant cette décennie. Avec Anthems For Doomed Youth, troisième opus de leur discographie, The Libertines doivent prouver qu’ils sont encore dans la cour des grands et que dix ans n’enlèvent rien à leur essence.

 

The Libertines en concert à Rock en Seine, le 29 août 2015

 

Onze années au total entre cet album et le précédent mais les deux compères sont loins d’avoir été inactifs : tandis que Pete se la jouait en solo ou du côté des Babyshambles, Carl jouait soit en solo, soit avec les Dirty Pretty Things ou les Jackals tout en s’essayant à différents projets : Poppea, le cinéma, etc.. Le bassiste, John Hassall, a lui monté son groupe Yeti et Gary Powell, pas non plus inactif, a eu l’occasion de retrouver Carl au sein des Dirty Pretty Things. C’est donc avec encore plus d’expérience et de bagage que ces musiciens sont de retour pour écrire cet troisième album, en Thaïlande cette fois-ci.  À l’image du live, les deux amis ont l’air de s’entendre de nouveau et semblent avoir retrouvé la complicité d’antan mais cela suffit-il pour livrer un bon album, lequel est tant attendu ?

Dès le départ, nos attentes semblent satisfaites. Avec Barbarians, le groupe prend un départ canon.  Les voix de Pete et Carl s’accordent parfaitement et le tandem de guitaristes est bel et bien de retour pour nous livrer un morceau rock et puissant avec un apport de chœurs sur le refrain qui est loin de nous déplaire. La suite est tout aussi jouissive : le single Gunga Din vient apporter des riffs dont les Libertines ont le secret et un refrain repris en choeur par le groupe qui doit déjà plaire aux fans de la première heure tandis que Fame And Fortune possède une partie instrumentale à tomber par terre tant elle est exquise.

 

 

Si du côté musical on retrouve les Libertines que l’on aime, qu’en est-il du côté des paroles ? Les premiers albums évoquaient un monde qui est plutôt lointain des membres désormais notamment la drogue, problème dont Pete s’est débarassé avec brio grâce à un séjour en Thaïlande. Contre toute attente, cet opus s’attaque pourtant également à des problèmes et des douleurs à l’image de You’re My Waterloo où Carl évoque son passé. Une séquence émotion bouleversante écrite par Carl Barât qui s’inspire d’un fait marquant de sa vie : à sa naissance, le co-leader du groupe avait un frère jumeau décédé alors qu’il n’était qu’un bébé. Sur ce morceau, l’instru est minimale ce qui nous permet d’être encore plus touchés par les vocalises. Citons également Belly Of The Beast où dans un langage cash, Carl évoque la dépression et nous chante : « Staring up at my therapist, he says ‘pound for pound, blow for blow, you’re the most messed up motherfucker I know. » L’autre sujet clairement visible parmi les paroles est la relation de Carl et Pete. On connaît tous l’histoire. Pourtant Carl nous la rappelle une fois de plus sur Anthem For Doomed Youth : « Oui nous pensions qu’ils étaient frères puis ils se sont à moitié entretués. ». Justement, c’est sur Anthem For Doomed Youth que l’émotion au rendez-vous. Une ballade chantée par Carl, touchant à souhait.

Bien que l’on oubliera Belly Of The Beast, pas exceptionnelle, le morceau suivant (Iceman) vaut le détour. Majoritairement acoustique, il démarre lentement au bruit des vagues, introduction un peu déroutante. Quelques secondes plus tard, nous retrouvons Pete Doherty qui conte l’histoire d’un « young boy » puis d’une « young girl ». Vient le temps des guitares rugissantes (Fury of Chonburi), à l’instar de la voix de Carl, et le tour est joué. On se prend totalement à la musique et l’efficacité ainsi que l’énergie sont au rendez-vous.

Quand le génie musical de Pete et Carl se remet au service de la composition, on retrouve des Libertines plus calmes mais toujours aussi excellents dans ce domaine rock qu’ils connaissent bien. Une alchimie qui fonctionne comme si rien ne s’était passé depuis onze ans, un sens de la mélodie incroyable et une harmonie vocale toujours aussi agréable. Fort heureusement, on retrouve la signature, la patte Libertines. Et on pouvait s’en inquiéter auparavant lorsqu’on apprit que c’était Jake Gosling qui allait produire l’album.

Sans oublier l’efficace Heart Of Matter ou la touchante Dead For Love (merci l’outro au piano) dédiée à Alan Wass, The Libertines prouvent avec Anthems For Doomed Youth qu’ils ot plus d’une corde à leur arc. Après une décennie, le talent reste là, l’essence aussi. The Libertines sont tels qu’on les connaît, pour notre plus grand bonheur. Dans la même lignée que les anciens morceaux, les douze titres que composent cet opus ne décevront pas ceux qui les avaient quitté en 2004, espérant un retour. Alors oui Anthems For Doomed Youth n’est pas leur meilleur travail mais il reste un sacré pied de nez aux spectiques. C’est un album sans grande surprise, certes, mais The Libertines prouvent ici qu’ils restent l’un des groupes phares de notre scène actuelle du rock britannique.

 

Tracklisting :

1. Barbarians
2. Gunga Din
3. Fame And Fortune
4. Anthem For Doomed Youth
5. You’re My Waterloo
6. Belly Of The Beast
7. Iceman
8. Heart Of The Matter
9. Fury Of Chonburi
10. The Milkman’s Horse
11. Glasgow Coma Scale Blues
12. Dead For Love

Nos morceaux favoris : Fame And Fortune, You’re My Waterloo, Heart Of The Matter

 

LA NOTE : 8/10

 

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