05 Juin Passenger au Trabendo, le 4 juin
Au Trabendo, Passenger a livré une fantastique performance acoustique, entre émotion et histoires fédératrices. Récit.
Pendant que le « Sugar Man » Sixto Rodriguez tente laborieusement de ressusciter dans l’enceinte du Zénith voisin, Mike Rosenberg aka Passenger, nous avait convié à un petit show intimiste au Trabendo. Face aux critiques, parfois virulentes (Libé si tu nous lis, fallait venir au Trabendo) au sujet de Rodriguez, je me dis que j’ai bien fait de ne pas cracher une quarantaine d’euros pour une légende fantasmée, alors qu’à quelques mètres, Passenger allait livrer une prestation en tout point parfaite.
En pleine promo pour le 3e opus All The Little Light, l’itinérant Passenger nous avait donné rendez-vous au Trabendo. A 29 ans, le charme irrésistible, la voix grave magnifique, Mike Rosenberg nous a livré le show parfait, à mille lieues de ces performances millimétrées et dénuées d’émotions. Très libre, seul sur scène, guitare à la main face à son micro, le britannique déroule avec un maestria rare et précieuse. Dès les premiers accords, le sympathique Mike, sorte de pote accessible, met tout le monde d’accord. « Fairytales & Firesides », suivi d’un extrait du nouvel opus (très réussi soit dit-en passant) « Life’s for the Living », procurent ces premiers frissons.
Bon communicant, Mike Rosenberg est avant tout un artiste proche de son public, l’un des rares à savoir lui parler sans le plonger dans l’ennui et la léthargie. Armé de sa seule voix, de ses histoires incroyables contées avec un amour sans égal, et de ses cordes de guitare, Mike Rosenberg se montre très loquace mais aussi irrésistiblement touchant. Des histoires glanées au quatre coins du monde, que Rosenberg immortalise à jamais dans des chansons aux textes inspirés, tour à tour émouvantes, drôles, enivrantes.
Plus impressionnant encore, Passenger semble être cette entité capable de parler aussi bien des autres que de lui. « Je ne fais que des choses déprimantes », lâchait d’emblée le chanteur-compositeur, tout en auto-dérision. Avec le sourire, Mike Rosenberg enchaîne les titres et conte ses histoires, qu’il décrit méticuleusement. Et l’émotion, l’anglais voyageur la transmet, dans une romantique « Blind Love », comme « Whispers » ou « Twenty Seven ».
Il n’évitera pas son tube, « Let Her Go », sur lequel il ironisait au début du concert. « Je l’ai joué des milliers de fois ces derniers mois », dit-il, avant de rajouter : « des gens venaient aux concerts juste pour Let Her Go, et une fois jouée, ils partaient ». L’effet tube, Mike Rosenberg sait en jouer, bien que son magnifique morceau soit inévitable. Le public, plein d’entrain, l’aidera dans sa tâche en reprenant bien en chœur des paroles qui résonnent déjà comme un hymne. Acclamé après 1h15 de concert, Mike Rosenberg reviendra pour un rappel, où il ose même reprendre (et avec quel brio), un titre de Bruce Springsteen. Non, ce Passenger ne tremble devant rien, affronte la réalité, et savoure le présent succès. Mérité, à juste titre.
No Comments