18 Juin The Strypes – Spitting Image
Déjà l’album de trop? Avec Spitting Image, le quatuor The Strypes prend un virage à 180° pour livrer une galette déstabilisante. Écoute et critique.
Qu’est-il arrivé aux Strypes? C’est la première pensée qui nous vient après l’écoute de ce tout nouveau Spitting Image. De rock énergique et inspiré allant à 100 à l’heure, la formation a décidé de changer totalement de direction pour livrer un album 100% hommage débordant (sur le papier) de bonnes intentions. Exit donc l’énergie rock blues qui transpirait tout au long des excellents Snapshot et Little Victories: ici, les Strypes visent les ambiancess mods des ’60s et des ’70s. Pour le meilleur? Surtout pour le pire.
Le premier single était déjà alarmant. Behind Closed Doors, porté par un riff bancal, présentait une nouvelle facette de l’univers musical des Strypes, avec une vibe beaucoup plus retro. Le titre se montrait ainsi relativement efficace, mais était quasiment gâché en fin de course par un changement de rythme superflu et inefficace qui venait rompre l’énergie du morceau. De quoi tirer la sonnette d’alarme? On préférait rester sur la réserve, en attendant de voir ce que le groupe pouvait nous proposer. Et à l’écoute de Spitting Image, le constat est sans appel.
Un désastre. Pur et simple. Qu’est-il arrivé aux Strypes? Spitting Image est un disque boursouflé. 50 minutes de rock retro sans inspiration, sans âme, sans énergie. Le quatuor joue la carte de l’hommage sans jamais transcender ses modèles, sans jamais prétendre à égaler ne serait-ce que le centième du génie de ses inspirations. Les titres les plus « énergiques » ( (I Need a Break From) Holidays et ses ridicules solo, Easy Riding, Turnin’ My Back), viennent vraisemblablement tenter de s’équilibrer avec de mollassonnes ballades (Consequence, Great Expectations, Garden of Eden, Mama Give Me Order). Sans jamais engager l’auditeur, sans jamais proposer quelque piste musicale intéressante.
De là, difficile de trouver matériau à admirer. Les chansons en elle-même ne sont pas foncièrement mauvaises; mais souffrent de tout. Entre une sous-production ne mettant jamais en évidence le génie des 4 membres du groupe, un songwriting en retrait, une longueur épuisante, un manque de conviction et de spontanéité, … Spitting Image sonne comme un disque trop conscient de son potentiel cool, trop conscient de sa capacité de séduction. Une éminente conscience qui vient gâcher tout espoir de sincérité et de réflexion musicale.
Braqués les yeux sur le rétro, les Strypes abandonnent donc leur efficace trajectoire rock-blues pour un rock retro qui ne fonctionne sur aucun tableau. Tempérons cependant nos ardeurs: l’introduction de A Different Kind of Tension se montre extrêmement efficace, avec un harmonica parfaitement utilisé. Black Shades Over Red Eyes est une très belle ballade fonctionnant particulièrement bien et qui ravive notre intérêt pour Spitting Image. Mais quand vient l’heure du bilan, c’est à peu près tout ce que nous retenons de ce 3ème opus.
Pour une formation qui avait les yeux autant rivés sur l’avenir, le pied sur l’accélérateur, les voir ainsi se braquer en écrasant la pédale de frein pour réaliser une marche arrière pénible et douloureuse est plus qu’une simple déception; c’est un réel gâchis. Là où cette volonté d’hommage aurait pu être réfléchie, émouvante, inspirée, elle parait sur cet album précipitée et se révèle surtout particulièrement inintéressante, inefficace, et même nocive pour le groupe.
Car pour un groupe si jeune, comment convaincre sa fanbase d’aller de l’avant avec eux si c’est pour que le groupe lui se contente de regarder vers l’arrière? Cette démarche ne peut qu’être imitée par les susnommés fans, se tournant alors vers les exceptionnels Mystery Man, Angel Eyes, What A Shame, A Good Night Sleep and a Cab Fare Home ou encore Scumbag City et sa dévastatrice production. Que cette époque paraît loin.
Le constat est donc sans appel. Avec Spittting Image, les Strypes échouent sur tous les tableaux et risquent beaucoup avec cet hommage sans inspiration et sans génie. Rarement nouvelle direction aura aussi peu fonctionné pour un groupe, surtout pour un aussi jeune que les Strypes. On croise donc les doigts et espérons que cette erreur sera vite effacée et remplacée par un nouvel opus beaucoup plus efficace et inspiré. Mettons ça sur le compte d’une erreur de jeunesse, et accordons-leur une seconde chance.
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