25 Sep Rhodes – Wishes
Le jeune songwriter, chanteur et musicien britannique livre un premier album beau et enivrant.
C’est une mode outre-Manche qui ne désemplit pas. Après les Damien Rice, Tom Odell ou autres Ed Sheeran, c’est au tour de Rhodes d’éclore à son tour. On se dit qu’il n’y a plus la place pour accepter un autre de ces gars fins bâtisseurs de bluettes taillées pour t’arracher le cœur en une compo facile. Et pourtant. On aurait tendance alors à dire : mais qu’est-ce que ce Rhodes, nom qui te fait avant toute chose penser à une destination de vacances grecque pour laquelle tu signerais bien vu la grisaille du moment, a de plus ?
Avec Wishes, son premier album, Rhodes signe une œuvre emballante, bourrée de belles mélodies quoiqu’un peu simplistes, de textes touchants. Il nous vient alors l’histoire d’un type très naturel, angélique, du genre qui se fond dans la masse. A l’instar de Tom Odell, à qui on pense instantanément en écoutant Wishes, c’est un premier effort convaincant, enivrant à souhait, sincère en dépit des apparences. David Rhodes nous en avait donné quelques aperçus ces derniers mois, s’affirmant les singles passants. Ce sont tout autant de titres que l’on retrouve dans un ensemble cohérent. A première vue, tout se ressemble un peu. Rhodes a une patte, plutôt intimiste dans le genre, douce. Ses mélodies sont enjôleuses mais pas tapageuses, pas du genre à vous tirer la larme à coup de gros violons. Cela semblait mal engagé avec Close Your Eyes, premier titre clinquant suivant une Intro charmeuse. Ce titre, que l’on dirait bâti pour conclure un épisode de Grey’s Anatomy au pathos suranné, vous prend néanmoins aux tripes. Comme un piège tendu dans lequel vous fonceriez bêtement parce qu’il a quelque chose de réconfortant finalement.
Le charme de Rhodes agit instantanément. Ce gars que l’on avait déjà croisé à Paris il y a près de deux ans avec une timidité certaine et des compositions encore titubantes – en dépit du probant Raise Your Love qui se retrouve ici en troisième piste – a passé un cap, si ce n’est deux. Sa manière de construire une chanson est plutôt simple, sur la base d’un crescendo où l’artiste installe d’abord son atmosphère intimiste, pour ensuite signer une superbe envolée lyrique et vous balancer des émotions qui font souvent mouche. Des jolies mélodies (Breathe, Losing It) aux refrains déjà entêtants (l’imparable Your Soul, Raise Your Love, Turning Back Around), des accents coldplay-ien (You & I et son final notamment) et même un duo avec Birdy sur Let It All Go. Tout y est pour plaire à grande échelle. Rhodes, c’est une justesse évidente, une très belle voix qui monte parfois très haut, et une propension à vous émouvoir sur des textures simples mais poignantes. On retrouve de la sobriété dans Somebody comme des chœurs dans Wishes, deux morceaux qui se complètent et représentent bien ce que Rhodes peut produire. Au détour de Better, un des meilleurs titres de cet opus, on s’étonne même à croiser cette enivrant que M83 a dans un final superbe.
Rhodes prolonge d’ailleurs le plaisir dans une version deluxe dont on se délecte tout autant. Si d’ordinaire les artistes y jettent des morceaux qui ne s’inscrivaient pas forcément dans la ligne conductrice de l’album, ou placent des titres plus personnels, Rhodes offre ici des compositions qu’on lui connaît, de la déchirante Worry à Run. Mais surtout, pour les plus sceptiques, il y aura l’excellente reprise au piano de Blank Space (Taylor Swift), preuve que le bonhomme n’a pas besoin de mille artifices pour vous toucher au plus profond.
Tracklist :
- Intro
- Close Your Eyes
- Raise Your Love
- You & I
- Breathe
- Somebody
- Turning Back Around
- Your Soul
- Losing It
- Let It All Go (feat. Birdy)
- Better
- Wishes
Deluxe Version
- Glow
- Worry
- Run
- Blank Space (cover)
- Morning
- Love Live On
Nos morceaux favoris : Close Your Eyes, Better, Losing It, Your Soul
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