14 Oct Anna Calvi prend sa revanche avec One Breath
Deux ans après une révélation détonante, Anna Calvi revient avec un second souffle rock et un album mystique.
Anna Calvi est un fantasme. Bien réelle, mais fantasme tout de même. La chanteuse britannique, trentenaire et révélée sur le tard, sort son deuxième album, One Breath. Un passage obligé après un premier opus remarqué, qui au-delà de la confirmation, nous montre que la belle blonde gracile a pris une revanche sur la vie, ses obsessions comme ses peurs. Invitation au voyage, où sa voix gracieuse croise et se marie à une large palette de sonorités, One Breath est une belle (mais courte, un peu plus de 35 minutes) séquence intimiste.
Elle s’est insérée avec autorité dans le paysage féminin et musical britannique sans que l’on trouve rien à redire, comme une évidence. Anna Calvi s’est brutalement révélée aux yeux des mélomanes, notamment en France, où comble de l’ironie à l’heure où des centaines de formations ne passent pas la Manche, Anna Calvi se trouve rapidement un public fidèle qui la porte aux nues. Avant One Breath, elle leur avait même offert un double cadeau, entre une venue à l’Album de la Semaine, suivie le lendemain d’un concert unique à la Gaité Lyrique.
Alors comment ces fameux fans amoureux transis d’un ange blond autant influencé par Nina Simone, Edith Piaf que Jeff Buckley, pourront s’emparer de ce second chapitre dans la carrière d’Anna Calvi ? Probablement de la meilleure des façons, car la chanteuse, toujours armée de sa guitare comme contraste parfait à sa voix particulière, y parle d’elle et nous invite à la suivre dans un album toujours plus personnel, entièrement fruit de sa plume, et à l’image de ce qu’elle fait d’une définition de la musique.
Difficile d’ailleurs de saisir Anna Calvi aujourd’hui, moins exotique, peut-être plus sombre, assurément plus mystique avec One Breath. Elle s’est affranchie des carcans. Elle varie ses rythmes, d’un refrain hypnotique pour Suddenly à la sensualité exacerbée d’une voix douce dans Piece By Piece sans oublier les guitares saturées sur Love of My Life. Elle offre divers démonstrations vocales, de Bleed Into Me à la voix plus élancée à la superbe Sing To Me, hommage à la Callas.
Comme une constante dans cet album, divers sons (orgue, cordes, percus) viennent se greffer à ce tandem indémontable de la voix et d’une guitare décomplexée. C’est Cry et ses percus exotiques où la voix est brisée par une guitare explosive, ou plutôt la domination d’une voix superbe sur Eliza. Seule à la croisée entre No Doubt et The Kill, Love of My Life est une démonstration rock qui surprend et en même temps conforte Anna Calvi dans ce qu’elle sait faire de plus furieux. D’autant qu’avec la partition qui suit, Carry Me Over (un morceau plus musical et sensoriel basé sur les percus et la présence des cordes derrière une guitare discrète), la rupture est assurée. Des cordes classiques que l’on retrouve, fabuleuses, dans le dernier tiers du morceau One Breath. C’est pourtant cette douceur aérienne et lumineuse qui viendra conclure cet opus avec The Bridge.
En somme, One Breath se décortique, se construit et se déconstruit, dans tous les sens. Anna Calvi y livre une copie bien plus éclectique, étonnamment ordonnée, mais aussi plus aboutie.
LA NOTE : 8,5 / 10
Anna Calvi en tournée
26 Nov : Le Grand Mix, Lille
27 Nov : Le Cargo, Caen
28 Nov : Le Chabada, Angers
30 Nov : L’Echonova, Vannes
1er Déc : Fuzz Y’On, La Roche sur Yon
2 Déc : West Rock, Cognac
4 Déc : Le Bikini, Toulouse
5 Déc : L’Astrolab, Orléans
6 Déc : La Laiterie, Strasbourg
8 Déc : La Coopérative de Mai, Clermont–Ferrand
et le 15 février 2014 au Trianon (Paris)
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