18 Nov Bleech donne un coup de neuf au grunge
Le trio londonien a mis toute la salle de la Boule Noire d’accord.
« Merci de ne pas être allé voir Primal Scream à côté. » C’est avec cette phrase que Jennifer O’Neill osa aborder le public de la Boule Noire le 14 novembre dernier après une longue introduction musicale. Un début en forme de détonation rock. Les deux sœurs O’Neill ont su en un éclair passer du statut de spectatrices de leur première partie prometteuse, Lost my Name à celui de performeuses. Une immersion dans la fosse assez remarquée par les spectateurs fortement intrigués par la tenue en fourrure panthère de la bassiste Katherine, vraie ou fausse, telle est la question. Mais ce qui n’était sûrement pas faux c’était l’énergie fournie lors du live par les deux filles et le gars. Deux filles aux styles bien différents jouant de la guitare comme des hommes, postées des deux côtés de la scène comme deux facettes dissemblables. D’un côté, le timbre grave et mélodieux de Jennifer jouant de ses longs cheveux de folkeuse, bien campée dans ses bottes marron. De l’autre, Katherine et sa basse entêtante, n’hésitant jamais à secouer frénétiquement son carré rose presque punk et dansant nu- pieds sur son tapis personnel. Coquetterie pour l’une des princesses du rock stoïque, statique, il faut croire qu’elles n’avaient d’énergie et d’yeux pour leur guitare, et peu pour leur public.
Elles osent avouer la raison de cette attitude entre « Dancing without you » et « Flowerhands » en lançant : « excusez moi, je voulais apprendre le français avant de venir à Paris mais à part « à bientôt » et « merci », mon français est merdique mais Alex parle très bien français. » Le gars à la batterie a, à peine, le temps d’esquisser un sourire, que la leadeuse a déjà repris la parole en ajoutant : « mais on va remplacer ça par de la musique ». Les princesses grunge se mettent au travail avec pour tout visage leur opulente chevelure mouvante. Les rockeuses à l’énergie authentique et au son fracassant se fondent parfois dans un face à face en noir et blanc faisant ainsi replonger dans certains souvenirs : Les silhouettes se floutent et les deux sœurs ont parfois de faux airs de Veruca Salt. La filiation saute aux yeux et pourtant les filles brouillent les pistes avec ce mélange presque hard rock. Et c’est pouce en l’air, en donnant le rythme en français, qu’elles amènent le public vers un « Love Is Free » de leur album à venir en 2013 puis un « Easy Ride » délicieux. Plus « Born to be wild » que « Born to die », tout roule pour le combo rock qui joue du rock garage sous les voûtes de la Boule Noire comme dans leur garage! Et c’est avec un accent toujours aussi marqué et un punch fou, que les deux sœurs chantent en harmonie « Mondays », tube devant l’éternel qui fait dodeliner toutes les têtes de l’auditoire. Pour les calmer, les interprètes tentent leur dernier « truc » faire accroupir les spectateurs et sauter en rythme. Le public clame le retour du trio à leur départ de scène. Les réclamations ne s’éternisent pas car le groupe accourt comme si la scène lui manquait déjà. Rendant hommage à certains de leurs fans dans « 70s Child », les musiciens se déchaînent sur « Not Like You » avant de se retirer avec un « on revient bientôt et on veut tous vous revoir ». Ah ben nous aussi, rendez-vous est pris.
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