08 Oct Wild Smiles : « Nous ne nous sommes pas imposés aux gens, tout s’est construit naturellement »
Mardi 7 octobre, Sound Of Britain a passé un coup de fil au leader du groupe Wild Smiles, Chris Peden. Mélange entre le surf-rock, la power-pop et l’indie, le groupe a de quoi plaire à un large public. Après des éloges de la part du NME -et même du site Fred Perry Subculture- suite à plusieurs singles dynamiques et accrocheurs, le groupe est prêt à exploser. Des débuts au premier album Always Tomorrow, en passant par les groupes de rock au Royaume-Uni, zoom sur un groupe débordant de potentiel à travers les mots de son sympathique leader.
Salut Chris ! Comment s’est passée ta journée ?
Bien, merci ! J’ai eu une répétition avec le groupe, donc c’était plutôt tranquille.
D’abord- c’est une question un peu bateau certes- , je voulais savoir pourquoi est-ce que vous aviez choisi de vous appeler « Wild Smiles ».
Eh bien, il y avait un groupe que j’aimais bien qui s’appelait Lovers, et ils avaient une chanson appelée Wild Smiles. Je me souviens les avoir vus sur ITunes. Ça sonnait plutôt cool. Il n’y a pas vraiment d’autre raison, j’ai juste trouvé que ça sonnait bien.
L’année passée, vous avez sorti votre premier EP, Take Me Away, et votre premier LP, avec les chansons Tangled Hair et Sweet Sixteen sur Invader Records. C’est intéressant, parce que j’ai lu dans votre bio que vous aviez tourné ces vidéos – vos premiers clips – avec un IPhone. Quelle est selon toi l’importance des vidéos dans le travail d’un groupe ?
Ouais, on a fait environ trois ou quatre clips avec l’IPhone. En fait… Je commence à penser que les vidéos ne sont pas importantes du tout. Je pense que les gens vont sur YouTube juste pour écouter la chanson, et je ne suis même pas sûr qu’ils regardent toujours la vidéo. Je ne sais pas si je me trompe là-dessus, mais je commence de plus en plus à penser que la vidéo n’est qu’un outil pour que les gens entendent la chanson. Sauf si ta vidéo se démarque du reste, peut-être. Mais tous les clips semblent avoir été faits à l’usure, ils ne font que répéter ce qui a déjà été fait.
Je me demande si YouTube n’est pas le nouveau MTV. J’ai rencontré des groupes qui font très attention aux visuels, et d’autres qui s’en fichent. Je ne pense pas qu’il y ait une manière précise de le faire.
Oui, je crois qu’il n’y a pas de réponse correcte quant à la manière d’aborder les clips. J’ai l’impression qu’avec YouTube, tout le monde peut faire une vidéo alors c’est vraiment difficile de se démarquer juste avec ta vidéo. Tu dois aussi avoir une bonne chanson à passer.
Oui bien-sûr. Aussi, vous avez changé de label maintenant, vous êtes chez Sunday Best Recordings. Que s’est-il passé exactement ?
Nous voulions essayer d’être sur un plus grand label pour l’album, et Sunday Best était le premier label à être venu vers nous. Ils semblaient très positifs par rapport à ce que nous faisions, et… nous ne sommes pas vraiment allés vers d’autres labels mis à part pour Sunday Best, et cela nous va plutôt bien pour le moment, alors nous en sommes très heureux. Notre manager a envoyé les démos à Sunday Best, et ensuite… cela s’est passé très vite, en un mois nous étions pratiquement signés lorsqu’ils ont entendu l’album. Nous sommes très chanceux et très heureux que les choses avancent. Parce que nous avons enregistré l’album à la maison, nous devions le finir rapidement afin qu’ils l’écoutent. Mais les choses sont allées très vite après cela.
« Nous avons enregistré l’album chez nous, dans notre cuisine »
Attends- vous avez enregistré toutes vos chansons à la maison, y compris les nouvelles, comme Girlfriend ?
Oui ! (rires). Nous les avons enregistrées dans la cuisine. Nous avions appris plus de choses sur l’enregistrement, et je crois que cela sonne plus « propre » que ce que nous avions fait auparavant, mais tout a été fait à la maison oui.
C’est impressionnant. Je ne m’y connais pas tant que ça en ingénierie du son, – j’ai juste travaillé une semaine dans un studio, mais quand même…
Merci ! Je suis très heureux du résultat, parce que j’ai commencé à enregistrer à 14 ans. Et cela semble presque fait à un niveau professionnel, même avec du matériel cheap. Mais maintenant que nous sommes signés chez Sunday Best, nous avons acheté quelques nouvelles tables de mixage, alors j’espère que le prochain album sonnera encore mieux.
En parlant d’album, votre premier opus, Always Tomorrow, va sortir dans trois semaines.
Ouais. Vu que l’enregistrement se passait chez nous, chaque chanson a été enregistrée différemment, parce qu’il n’y avait pas de souci financier. Nous n’avions pas besoin de regarder la montre, alors certaines chansons sont des enregistrements complètement lives, tandis que d’autres, comme Girlfriend– nous avons enregistré la batterie d’abord, puis les guitares et la voix mais d’autres chansons sont des prises live, cela dépendait juste de la chanson, et de la place. C’était un environnement très petit, alors cela dépendait aussi de la manière dont nous voulions que les morceaux sonnent.
Et quelle est la meilleure manière de le faire selon toi ?
Je pense que c’est plus facile si nous sommes tous dans la même pièce en même temps. Cela économise du temps et on capture l’énergie. Mais tu peux avoir de bons résultats des deux manières. Mais je pense que c’est plus amusant si nous jouons tous ensemble, et quand on réécoute et qu’on se dit « Oh, ce n’est pas si bien, faisons-le encore une fois. ». Quand on enregistre séparément, on n’a pas cette bonne « vibe » je pense.
Pourquoi ce titre, Always Tomorrow ?
Hum… C’est une des chansons sur l’album, et pour être honnête j’ai juste trouvé que cela sonnait bien pour un titre d’album. Il n’y a pas d’autre raison derrière ce choix mis à part que cela sonnait bien ! (rires)
Pouvons-nous aussi parler de votre nouvelle chanson, Girlfriend ? Quelle est l’histoire derrière la chanson ?
C’est en fait la chanson la plus ancienne, elle a été écrite avant Tangled Hair. Elle ne sonnait pas encore comme la version actuelle, mais cette ligne – My girlfriend likes to talk – a été écrite il y a longtemps. Je suis assez timide à vrai dire, et ma copine à l’époque était sûre d’elle. Alors elle parlait beaucoup et j’étais plus silencieux.
Comment travaillez-vous ensemble lorsque vous voulez écrire une nouvelle chanson ?
Eh bien… Récemment j’ai beaucoup travaillé à la guitare acoustique, et nous la montrons au groupe, comme aujourd’hui en répétition où nous avons joué de nouvelles chansons pour voir comment cela sonnerait avec le groupe, mais initialement cela commence à la guitare acoustique, pour avoir la mélodie et les accords. Le plus simple possible, parce que je pense que nous sommes plus dans l’écriture que dans la « vibe » de la chanson. Alors l’écriture vient d’abord, et ensuite on regarde comment la chanson sonne avec le groupe entier. Joe ou moi-même apportons une chanson à la répétition, et on va jouer tous les trois afin de voir si cela fonctionne.
Cette manière d’écrire a-t-elle changé depuis le premier disque ?
Oui, parce que sur le premier disque, j’écrivais dans les grandes lignes ce que devait être la chanson, tandis que le deuxième contient plus d’éléments du groupe, il y a plus d’unité maintenant.
Et globalement, qu’est-ce qui a changé entre le premier et le second disque ?
Eh bien, je crois que pour ce second opus nous avons essayé de clarifier un peu les choses, cela sonne plus comme un concert. Nous voulions que le son soit similaire à notre manière de jouer en live. Je pense que nous somme encore plus lourds en live alors… Nous avons trouvé un bon équilibre entre les deux je pense.
Puisqu’on a mentionné Joe, quels sont selon toi les avantages et inconvénients d’être dans le même groupe que ton frère, et de faire de la musique ensemble ?
Pour être honnête je pense que c’est entièrement positif. Nous pouvons être plus honnêtes- je peux dire à Joe si je n’aime pas quelque chose. Avant, j’ai été dans des groupes où tu dois parfois prendre des gants. Par chance, Ben nous complète bien avec Joe, alors on peut lui dire si on n’aime pas quelque chose, ce qui est bien. C’est horrible lorsque tu veux dire quelque chose mais tu ne peux pas. Alors c’est encore mieux lorsque tu es avec un frère, parce que tu peux te disputer, mais tu sais que cinq minutes après cela va s’arranger. Le seul point négatif, c’est peut-être… Joe est énervant, c’est tout ! (rires)
J’ai aussi lu dans la bio du groupe que tu avais vécu des choses difficiles avant Wild Smiles – ton ancien groupe s’est séparé, tu as rompu avec ta copine et tu étais au chômage ; malgré cela, tu as pensé que la seule chose que tu pouvais faire était de te tourner vers la musique.
Je pense que tout ce qui se passait m’a vraiment aidé à écrire les chansons. Je préfère écrire sur ce qui se passe, plutôt que d’inventer une histoire alors l’inspiration était là. Pour être honnête j’avais probablement écrit une centaine de chansons pendant cette période, alors cela semblait être le bon moment pour créer. Je ne sais pas comment est-ce que j’ai sélectionné les chansons, je crois que nous avions pratiquement un album entier de prêt avant celui-ci. Mais ensuite nous avons encore écrit d’autres morceaux et nous nous sommes dit qu’ils étaient meilleurs, alors… Nous nous débarrassons toujours de chansons, ce n’est probablement pas la meilleure chose à faire, mais… nous choisissons les chansons les plus simples, je pense. Celles qui ne lassent pas. Parce que même si tu joues une chanson quelques fois tu peux t’en lasser je pense. Ce que je préférais en grandissant, c’était toujours les chansons les plus pop, les plus simples qui pourraient plaire à n’importe qui. J’aime cet idée en musique, où les gens pourraient chanter ta chanson après juste une écoute.
« Je préfère écrire sur ce qu’il se passe dans ma vie plutôt que d’inventer une histoire »
Qu’est-ce que tu écoutais quand tu étais plus jeune ?
Je dirais que Nirvana était le premier « vrai » groupe que j’ai aimé, que j’aime toujours. Et puis… Je suis devenu très fan des Beach Boys et des Ramones… Je crois que les groupes auxquels on nous compare sont pratiquement toujours ceux que j’aime bien, alors je le prends comme un compliment ; je me dis que j’ai bien fait ! Nirvana faisait des chansons avec des accords plutôt simples. Quant aux Beach Boys, ils ont commencé simplement mais quand ils ont sorti Pet Sounds… Cet album est incroyable. Mais ils ont toujours cet élément… Tu serais probablement capable de chanter la chanson après la deuxième écoute peut-être.
Et dans les groupes plus récents, qu’est-ce que tu aimes ?
Dans les choses les plus récentes, nous aimons tous Ty Segall, Thee Oh Sees… J’aime bien les Horrors aussi, ils sont très bons en live, très puissants. Nous les avons vus en live l’année passée et ils m’ont impressionné, je les ai aimés encore plus.
Nous parlions des clips auparavant – les Horrors, ils mettent beaucoup d’efforts dans leurs vidéos.
Oui c’est vrai. Ils travaillent avec un directeur avec qui cela fait un moment que je voudrais travailler, mais nous n’avons pas encore réussi à entrer en contact avec lui. Chaque fois que nous voulons tourner une vidéo il est sur le haut de ma liste, mais il est toujours très occupé alors… un jour on espère ! Il y a aussi beaucoup de bons groupes de filles en ce moment. J’aime bien Honeyblood, avec qui nous avons joué l’année dernière. Dans les autres choses qu’on aime, il y a… Eh bien notre batteur aime beaucoup la nouvelle scène house. Je ne m’y connais pas très bien mais peut-être des choses comme… Skrillex ? Non pas Skrillex en fait ! (rires) mais quand il était plus jeune il adorait Radiohead. Je peux le reconnaître dans son jeu de batterie dans certaines de nos chansons. C’est probablement le musicien le plus technique dans le groupe.
Puisqu’on parle de lui – il paraît que tu l’as recruté sur les conseils d’un musicien de rue !
Oui, son prof de batterie est ce musicien de rue. Mon père lui a demandé s’il connaissait des musiciens intéressés, et c’est comme ça que nous l’avons trouvé ! Nos parents nous soutiennent tous, alors nous sommes très chanceux en ce sens.
Il y a tellement de groupes au Royaume-Uni en ce moment, la scène rock semble bien se porter.
Oui il y en a beaucoup, mais seulement une poignée semble attirer l’attention des médias. Ce qui est dommage, car il y a des centaines de bons groupes. Nous venons de Southampton, où il y a peut-être 4 ou 5 très très bons groupes, et par chance ils commencent petit à petit à obtenir de petits bouts de radio et d’articles le NME, alors c’est super de savoir que nous nous portons bien tous ensemble.
Oui, j’ai vu que le NME vous avait mentionnés dans sa « liste de chansons à entendre absolument ».
Oui, c’est un grand pas en avant, nous en sommes très heureux. Je pense qu’ils sont probablement les plus responsable pour créer un buzz autour d’un groupe. Je pense que si le NME est derrière toi, les gens te prennent plus au sérieux peut-être. Je pense que nous avons de la chance, car nous n’avons jamais été imposés auprès des gens par un média, nous nous sommes construits naturellement.
Que va-t-il se passer pour Wild Smiles dans les mois qui viennent ?
Alors, je ne peux rien confirmer, mais nous avons des dates aux Etats-Unis et en Allemagne prévues, nous nous réjouissons. J’espère que nous ferons une tournée en Europe, ce serait bien. Je veux revenir en France ! Et puis nous allons continuer à écrire le second album, avec un peu de chance cela ne va pas prendre trop de temps non plus. On verra !
No Comments