06 Avr Kate Tempest fait parler le verbe à Chorus

Il est déjà rare de croiser une rappeuse dans un genre impitoyablement macho, mais lorsque celle-ci combine poésie et dramaturgie, on reste cloué.

Kate Tempest. 29 printemps au compteur. Une gueule d’ange aux bouclettes d’or, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Incarnation des mots de la jeunesse anglaise, jeune fille incomprise qui s’interroge sur les mentalités d’un pays qui dit à la guerre en Irak, Kate a trouvé sa voix. Elle ne sera pas avocate comme elle en rêvait petite, mais poète. Au pays de Shakespeare, c’est un sacré fardeau. Plus Dickens ou Beckett que Shakespeare, Kate Tempest adapte sa poésie à l’air du temps, à la fois dans les thématiques et dans le style : le rap.

Car oui, l’attraction de ce 4 avril au Chorus n’est pas le phénomène Rone ou bien l’espoir Thylacine. Arrivée juste après l’explosif show des Skip & Die, Kate Tempest s’est bien vite emparée du Magic Mirror. Et elle va nous scotcher. Venue défendre son premier opus, Everybody Down (nommé au Mercury Prize 2014), la jeune londonienne va nous raconter ses histoires. Sur les décors d’une scène hip-hop américaine, elle parle de rivalités, d’amour, de drogue, de précipices. Son flow est acérée, incisif, ou même ultra-rapide comme sur Chicken. Sur un peu plus de trois quart d’heure, servant un set chapitré comme un roman, la jeune Kate harangue la foule, déverse sa poésie, ses rimes et débite un verbe taillé sur mesure. On est loin de la naïveté de certains rappeurs US cartonnant au Billboard. Alors forcément, en Grande-Bretagne, cette petite blonde à moitié garçon manqué fait sensation. Son style fascine, ses talents de songwriter sont acclamés. Au Chorus, celle qui referme son set avec The Heist et sous des applaudissements nourris a dû jouer avec les circonstances (notamment que l’Anglais n’est pas notre langue) mais a tout de même impressionné. Les curieux pourront d’ailleurs la retrouver sur scène ce 6 avril, à La Maroquinerie.

NOS PHOTOS DE KATE TEMPEST EN CONCERT AU CHORUS

Setlist :

Marshall Law

The Truth

Chicken

Circles

Bad Place

The Beigeness

The Heist