Paul Weller assure au Bataclan : Est-ce suffisant ?

Alors que SOB entre dans un Bataclan pas complet, une question se pose  : « Au fait, Paul Weller en 2015, c’est qui ? ». Réponse : c’est un miraculé.
En effet, au début des années 90, Paul Weller était un has-been, renié ou oublié de tous. Mais coup de bol, toute une génération de groupes biberonnés aux singles de Jam prend le pouvoir et notre loser devient une icône de la Britpop. Trop content de ce revirement de situation impensable deux ans auparavant, notre héros fait un come-back en proposant une musique acceptable pour les jeunes britpoppers et les anciens fans de Jam : inspirée par les 60’s et dénuée de toute velléité d’innovation et de modernisme. Et, il faut bien le dire, pas vraiment mémorable malgré une voix intacte qui file toujours des frissons. Pas mal pour de longues distances en voiture, parait-il.

Avec un nouvel album en approche Saturns Patterns, et un single White Sky en radio, Paul Weller, 56 ans, fait donc étape à Paris. Première constatation : il y a un batteur et un percussionniste, un clavier (plusieurs en fait) plus basse et guitare. Le vieux complice Steve Cradock est là. Le look est élégant. Mais ça on s’en doutait.

 

Paul Weller en concert au Bataclan, Paris, le 8 avril 2015

Le public, finalement assez nombreux même si on n’est pas bousculé, a plus une moyenne d’âge de 51 ans que de 15. Et, oui, il y a des parkas vert olive et des harringtons dans la salle : les traditions sont préservées.
Avec tout ce monde sur scène, il est impossible que le son ne soit pas lourd voire lesté de plomb. La voix de Paul Weller est souvent noyée dans une sorte de magma sonore. Mais qui évoque tellement de disques 60’s qu’on tape du pied par réflexe. Tout le répertoire vient de la carrière solo et est réparti sur tous les albums. En fait, c’est efficace à défaut d’être passionné. Avec quelques fautes de goût très limite : des bœufs (j’allais dire des jams) se terminant par des solos de batterie … des duels de guitaristes… Les nouveaux morceaux sont dans la lignée mais étaient pas mal voire même frais. Les musiciens ont l’air content de les jouer et d’y croire.

 

Paul Weller en concert au Bataclan, Paris, le 8 avril 2015

 

Maintenant, vous vous dites, « SOB passe-t-il vraiment une bonne soirée ? » Erreur, car le miracle a lieu : Paul Weller abandonne sa guitare, se met au piano. Et là, deux morceaux piano, orgues Hammond à fond, guitare enfin discrète, rythmes groove et la voix, la voix White Soul de Weller. Avec une section de cuivres, cela aurait été parfait. Mais c’était vraiment la classe. Les rappels ont été généreux mais, contrairement aux autres dates de la tournée, Paris n’a pas eu droit au Town Called Malice des Jam. Déception d’une partie du public.

Il est quand même dommage qu’un type aussi brillant se contente d’assurer sans aucune prise de risques. Il serait merveilleux dans un vrai trip Soul, ou avec un grand orchestre. SOB se fait cette réflexion quand il voit Paul Weller signer à tour de bras, se faire prendre en photos, vraiment cool et disponible avec les fans avant de quitter les lieux. Et SOB se dit « c’est Paul Weller, il a inventé une vision de la pop anglaise toujours valide, il est toujours là, digne, élégant : on doit le respect au Modfather ».

 

Setlist

White Sky
Come On Lets Go
Kosmos
Uh Huh Oh Yeah
I’m Where I Should Be
Garden
Floorboards
Into Tomorrow
Saturns Patterns
Empty Ring
Above The Clouds
Long Time
The Attic
Friday St
Porcelain Gods
Brand New Toy
You Do Something to Me
Peacock Suit
7&3
Whirlpool

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City Streets
Foot of the Mountain

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Broken Stones
Stix
Changingman

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