13 Avr Review : Steven Young – Moveable Feast
Steven Young sort aujourd’hui un premier opus intitulé Moveable Feast empreint d’un rock’n’roll expérimental à la croisée des chemins entre psychédélisme, folk et autres univers qui sont propres à cet artiste hors du commun.
Steven Young. Vous ne le connaissez s’en doute pas, pas encore, alors laissez-moi vous conter une partie de l’une de ses nombreuses histoires.
Petit prince à la crinière blonde et inlassable rêveur, Steven cherche des réponses en couchant sur le papier des textes depuis près d’une décade. Avec sa guitare, alliée dévouée, il compose, expérimente, découvre. Mais après avoir joué dans les endroits les plus prestigieux de Londres comme The 100 Club, The Groucho Club, Notting Hill Art Club ou encore sous les étoiles de Primrose Hill, beaucoup se demandent pourquoi il n’a toujours pas enregistré ses idées.
C’est ainsi que sur les traces du poète Samuel Taylor Coleridge et du romancier J.B. Priestley, Steven Young élabore une collection de huit démos au n°3 The Grove Highgate au nord de Londres à l’été 2013 ; pistes qu’il enverra par la suite au producteur Eric Ryan en Californie.
Tout s’enchaîne alors très vite. Poussé par son ami Paul ‘Spot’ Newsome (Proud Mary) qui lui a conseillé de travailler avec Ryan, Steven franchit le cap du studio et met ainsi les voiles vers l’Amérique pour enregistrer ses chansons. L’artiste voguera entre les ESR Studios d’Eric Ryan à Long Beach et les Starlane Studios du magicien psychédélique Robbi Robb à Joshua Tree suivant ainsi les traces de Gram Parsons, Keith Richards et tant d’autres qui ont pu fréquenter cet endroit. Ces deux lieux mythiques situés en Californie vont amener le Britannique à croiser le chemin d’artistes talentueux et créatifs comme Amritakripa (3rd Ear Experience), Vanessa Acosta (The Vespertines), Chad Lee, Erik Mouness, Antoine Arvisu et Michael Cartwright qui participeront au processus.
Finalement masterisé par Mark Fuller, Moveable Feast verra le jour quelques temps plus tard.
Moveable Feast est un voyage entre l’Ecosse – qui a vu naître Steven -, Londres, l’Inde, la Californie… mais c’est aussi le voyage d’une vie, celle d’un jeune homme accompagné de ses rêves et ses démons, une histoire entre triomphes et tragédies.
Les lyrics profonds sont à la fois intimes et libre d’interprétation où la poésie se mêle au mystère de la complexité des rapports humains – surtout avec la gente féminine. Construit autour d’une ossature principale faite de guitares, Moveable Feast est un ensemble d’univers variés où un mysticisme profond et une prog’ hypnotique (Natural Killer Born) sont contrebalancés par des percussions denses (All Across The Day) ou encore des cuivres charmeurs (Away From Harm). Chanteur à la voix remarquable, Young se pose en tant qu’initiateur voodoo agissant comme un aimant attractif tout au long de l’album. Un bijou folk bercé par de douces harmonies occultes (Child Of My Time) est placé au milieu de l’album comme pour apaiser les guitares fuzzy du blues rock’n’roll King Of Anything. Viens alors le temps d’une certaine nostalgie sur She’s The Man où ce brin de fragilité se fait ressentir par des paroles à peine articulées, une guitare acoustique subtile et un harmonica lent et contrôlé. Le voyage reprend avec des sonorités orientales vaporeuses (Peace & Love) et une marche courte mais puissante rythmée comme un mantra (My Wild Warrior Woman). Le grand le final (The End Of Your World As You Know It) va entraîner l’auditeur dans une transe supérieure et rageuse comme si l’aigle vengeur allait être invoqué pour amplifier l’animosité entre les protagonistes.
Nous sommes face à un album folkadélique de onze titres à la fois complexes et fonctionnant à l’unisson ; un miroir d’une âme vagabonde et insoumise. Moveable Feast est un travail abouti où la recherche des sons voulus a été poussée à son paroxysme pour résultat véritablement fantastique. Electron libre indomptable, Steven est maître de son propre destin et sa musique en est que plus puissante.
Pour présenter son album, Steven Young a organisé une launch party dans un cinq étoiles, l’hôtel Cafe Royal sur Regent street, à la fin mars. Décors somptueux, champagne offert aux invités ; il est comme ça, il aime le faste et il aime (se) faire plaisir. Mais derrière ce qui pourrait passer aux yeux de beaucoup comme de la superficialité, se cache un artiste de grand talent.
Cet Oscar Wilde du vingt-et-unième siècle qui ne garde pas une once de fierté dans sa poche se place derrière son micro pour commencer le show. Pour l’accompagner, les fidèles parmi les fidèles, les extraordinaires musiciens Jud Wootton et Michael Price aux guitares ainsi que Pete Shilton aux claviers et prog, ses lieutenants les plus loyaux sur qui il peut toujours compter lors des lives. Et puis ce soir-là il y avait Jay Sharrock (Miles Kane, The Sand Band) pour les soutenir à la batterie, lui qui participait de temps à autre au line up alors que le groupe s’appelait autrement et tournait sur Manchester ; mais ça c’est un autre chapitre, une autre époque.
Le concert est bref. Mais ces quelques chansons ont suffi pour me rappeler à quel point cet artiste est brillant. Il y a des musiques comme celle-là qui vous donnent l’impression qu’elles font presque parti de vous depuis toujours lorsque la magie opère continuellement.
Ecouter autre chose après cela pourra vous paraître bien fade. Moveable Feast est un trésor caché à la vue du non-initié. Authentique merveille entre épopée extraordinaire et magie moderne qui offre à l’auditeur un trip universel et intérieur. Enfin quelque chose qui sort de l’ordinaire, qui s’éloigne de tous ces groupes qui font la même chose que leurs voisins. Sans aucun doute, nous sommes ici face à l’album le plus artistique que l’on ait entendu depuis des décennies. Enfin !
Moveable Feast est désormais disponible sur iTunes alors qu’une édition limitée devrait être distribuée en vinyle prochainement.
Vous pouvez continuer à suivre l’actualité de Steven Young via sa page Facebook.
Tracklist de Moveable Feast :
– Once Upon A Time In My Head
– Natural Born Killers
– The Nature Of The Beast
– All Across The Day
– Child Of My Time
– King Of Anything
– Away From Harm
– She’s The Man
– Peace & Love
– My Wild Warrior Woman
– The End Of Your World As You Know It
Note : 10+/10
1 Comment