03 Mai La Découverte du Dimanche : Rat Boy
Après vous l’avoir furtivement présenté avec single Sign On, Rat Boy valait bien qu’on se penche un peu plus longtemps sur son cas.
Derrière Rat Boy, nom de scène pas franchement attirant (il suffit de faire un tour sur Google Images pour s’en convaincre), se cache Jordan Cardy. Originaire de Chelmsford dans l’Essex, ce jeune homme de 19 ans vient à peine de signer chez Hometown Records, un label indépendant dirigé par Phil Taggart (le même type qui anime sur la Radio One). Le début d’une belle histoire qui a commencé au lendemain de désillusions. Rejeton du système éducatif défaillant de Grande-Bretagne, Cardy a, comme beaucoup d’ados de son âge, quitté l’école très jeune (16 ans pour lui). Sans diplôme, il tente de gagner quelques livres sterling en tant que serveur, puis se fait virer après avoir servi un burger sujet cru. Impitoyable monde. Il se voit ensuite refuser un poste chez McDo. C’est peut-être le signe qu’il n’est pas fait pour ça.
Alors qu’il apprend à sa mère comment utiliser Logic Pro, un logiciel de musique assistée par ordinateur, Jordan se met à composer. Guitare, basse, clavier, beats, bruitages et bien sûr chant. Il s’auto-produit, enregistre d’une manière cheapos. En 2014, il publie The Mixtape via Soundcloud. Cet EP home-made de six chansons va tourner. A l’image de la géniale Sportswear, sorte d’hymne de rue façon The Streets mais en mode rock, Rat Boy ravive des chapitres du passé, fait des vagues, dépeint son quotidien. A la croisée entre Joe Strummer et Mike Skinner, Jordan Cardy vient se placer là. Il raconte ce qu’il voit, le fait avec une férocité et une vista rares. Ses morceaux, à l’instar de l’audacieuse Hanging Round (qui rappelle l’Arctic Monkeys des premières heures), sont des patchworks où Cardy joue avec les sonorités en apposant dessus un flow désarmant. La pochette de The Mixtape en mode cubisme, qui en dit long sur l’ambiance de rue, est à l’image de cet EP balbutiant et pourtant bourré de sérénité : une réussite.
Dès lors, plus rien ne peut arrêter Rat Boy. Taggart le repère, le NME le glisse ni vu ni connu dans une compilation aux côtés des Fat Whites (le groupe de rock le plus sale du moment), d’Only Real, Slaves ou encore Neon Waltz. Fraîchement signé chez Hometown Records, Rat Boy sort son premier single sous ce nouveau label, Sign On. Co-produit par James Dring (qui a notamment bossé avec Gorillaz), ce morceau voit Cardy se frotter aux Ian Dury, Jamie T. Avec toujours autant de fougue et d’énergie. Dans le même temps, il sort sur son soundcloud le titre Stick Up Kids, une partition ragga-rock dansante qui rappelle étrangement les Clash.
Liens : Site officiel, Facebook, Twitter, Soundcloud
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