29 Avr Interview : Mystery Jets
Il aura fallu attendre 4 ans pour que Mystery Jets donne une suite à Radlands. Un délai utilisé à bon escient puisque leur nouvel album, Curve Of The Earth, a fait un carton à peine sorti. Entre plusieurs allers retours entre Londres et Paris, c’est en janvier dernier que Blaine Harrison et Jack Flanagan ont pris le temps de nous parler de leurs projets et de la tournée. (La tournée européenne a depuis été déplacée à septembre, patience.)
Comment s’est passée le concert avec le groupe The Shoes, et comment avez-vous commencé à travailler ensemble ?
Jack : La session s’est très bien passée, c’est la troisième que nous en faisons une avec The Shoes. Blaine a écrit des chansons avec eux il y a plus de deux ans.
Blaine : Nous nous sommes rencontrés via un ami commun, il a réalisé une vidéo pour nous. Les musiciens de The Shoes lui ont dit qu’ils voulaient travailler avec un chanteur intéressant sur leur nouvel album, il nous a donc mis en relation. Ils m’ont contacté et envoyé quelques chansons et j’ai vraiment accroché. J’ai écrit quelques paroles et nous avons décidé de nous retrouver le lendemain en studio. Je suis venue et nous avons passé douze heures de folie. On a ensuite écouté de la musique ensemble, je leur ai demandé ce que c’était, ils mont dit que ça n’était pas sur l’album et qu’il s’agissait juste d’une idée qu’ils avaient. Je leur ai dit que ça avait l’air génial, que ça ressemblait à du Portishead. Nous avons donc commencé à travailler dessus et en deux heures nous avions bouclé paroles et enregistrement, ce qui a donné Submarine. La chanson est sortie en single et ils ont réalisé un super clip pour celle-ci. Ils nous ont donné à moi et Jack une super opportunité de pouvoir jouer avec eux sur scène. Nous avons vraiment apprécié de pouvoir redécouvrir la France et Paris. J’ai toujours adoré cette ville mais je n’ai jamais eu l’occasion d’y passer assez de temps. Nous avons eu l’occasion de revenir plusieurs fois cette année, c’est plutôt cool. La dernière fois que nous sommes venus, c’était pendant les attentats. Nous devions enregistrer l’émission de télévision « Ce Soir Ou Jamais ». Lorsque nous avons terminé l’émission, nous avons eu un aperçu de ce qui se passait à Paris, et en France. C’est pour cela qu’il est très important pour nous de revenir, c’est un acte solidaire. Il est déterminant que les concerts, et que la musique en générale continue de prospérer, surtout en ce moment. Nous sommes heureux d’avoir eu l’opportunité de revenir ici pour terminer ce que nous avions commencé.
Jack : Tout cela a eu un impact assez important sur nous. ça fait du bien de revenir.
Avez-vous prévu de revenir jouer à Paris bientôt ?
Jack : Je suis sûr que oui. Nous aurons la réponse le mois prochain.
As-tu déjà joué à Paris avec Mystère Jets ?
Jack : Non pas encore. Mais j’ai hâte !
Blaine : Nous n’avons joué que cinq concerts ensemble pour l’instant.
Jack : Je suis très content à l’idée de venir jouer dans n’importe quelle ville, surtout lorsqu’il s’agit d’une ville aussi belle que Paris !
Blaine, parmi tous les concerts que le groupe a déjà joués à Paris, as-tu un favori ?
Blaine : Je me souviens d’un concert que nous avons donné à la Flèche d’Or, lors de la sortie de notre second album 21, où nous avions commencé le live derrière un rideau. A l’époque nous débutions tous nos lives avec des sirènes de raid aériens. C’était la première fois que nous jouions des chansons de cet album en live. Je me rappelle du moment ou les rideaux se sont ouverts, c’était vraiment excitant de jouer de nouveaux titres, dans un pays étranger de surcroît ! Nous avions déjà joué en France avant avec les Arctic Monkeys mais cette fois il s’agissait de notre premier concert solo à Paris.
Vous avez mis trois ans à produire l’album, pourquoi autant de temps ? Vous êtes contents d’être sortis du studio ?
Jack : Bien sûr ! On s’est beaucoup amusés en préparant l’album, mais cela nous a pris beaucoup de temps et d’espace. Lorsque l’on est sortis du studio je me suis dit « je n’arrive pas à croire qu’il soit enfin terminé! ». D’ailleurs je n’y crois toujours pas, bien que l’album sorte dans une semaine. J’ai toujours l’impression de passer mes journées dans le studio. Nous sommes restés dedans très longtemps. Tu aurais dû nous voir à la fin, avec nos cheveux dressés sur la tête et nos cernes autour des yeux ! Cela fait du bien d’en être sorti.
Blaine : Je pense que la production de l’album nous a pris trois ans parce qu’on ne souffrait d’aucune pression externe. Il s’agit du premier album que l’on fait sans maison de disques. Maintenant nous avons signé un nouveau contrat et la machine s’est remise en marche et c’est super, mais à ce moment là nous étions plus ou moins dans notre monde, et c’est un endroit merveilleux pour faire de la musique. Quand tu es dans cet espace, le temps n’existe pas vraiment. Et je pense que nous savions que nous ne nous arrêterions pas avant d’avoir crée les meilleurs chansons possibles.
Jack : Sur toutes les choses qui nous rendaient le plus heureux.
Est-ce qu’Henry (le père de Blaine) vous aide toujours sur les chansons ?
Jack : Il a écrit toutes les paroles avec nous.
Blaine : Il est la glue qui nous maintient ensemble. Il est là depuis le début, et même si c’est le groupe qui s’enferme dans une pièce pour jouer à fond, ou qui part en tournée pour présenter ses chansons, c’est lui qui tire les ficelles et qui gère la magie du truc, d’une certaine façon. Il représente un rouage tellement important dans la machine. Parfois, on vient le voir avec une idée pour lui demander s’il y a quelque chose à en faire et il nous répond « C’est super! De quoi ça parle? », alors on lui répond qu’on ne sait pas et il nous dit « alors découvrons-le ! » Il y a cet espèce de dialogue qui s’instaure et je pense qu’il nous aide vraiment à porter un éclairage sur ce que l’on essaie de dire. Il est derrière le rideau.
Quelle est la chanson que vous préférez sur l’album ?
Jack : La mienne c’est Bombay Blue.
Blaine : En ce moment Midnight Mirror.
Jack : En fait, 1985 était ma chanson préférée. The End Up était celle que l’on préférait tous pendant très longtemps.
Blaine : The End Up est mon enregistrement préféré parce qu’il représente le mieux le moment où l’on a recommencé à sortir.
Jack : Jude Law nous a invité chez lui, même s’il ne nous connaissait pas.
Blaine : On a failli mourir à l’arrière de sa Jaguar.
Jack : Nous nous sommes réveillés le lendemain avec une méchante gueule de bois. Nous sommes rentrés au studio parce que nous avions du travail à faire et je me souviens que nous nous sommes tous assis dans la salle de répétitions en nous regardant d’un air abattu parce qu’aucun de nous n’avait envie d’être là. Will a proposé que l’on enregistre The End Up et on a gardé la première prise. Nous avons juste gardé cet enregistrement de nous, à moitié mourants.
Blaine : et n’ayant pas dormi.
Jack : Cela s’entend sur le titre d’ailleurs.
Blaine : Quand on la chantait, je me disais « j’espère que l’on ne finira pas comme ça. » (that we won’t end up like this.) (rires)
Savez-vous déjà quelle chanson vous allez choisir pour le second single ?
Blaine : C’est un secret. Mais si tu veux on peut parler de Telomere !
Jack : Je me souviens de la première fois que j’ai entendu Telomere, Blaine l’a entièrement écrite sur un bateau à l’extérieur de Londres…
Blaine : Il ressemblait à une grosse boite de haricots en conserve.
Jack : Des fois il y restait plusieurs semaines d’affilée pour enregistrer et son téléphone ne captait pas. J’essayais tout le temps de l’appeler pour lui dire de venir avec nous à des fêtes de mode.
Blaine : Et je lui répondais que je ne pouvais pas parce que j’essayais d’écrire.
Jack : Je lui ai dit « laisse-moi venir je veux écouter les chansons ! » Quand je suis venu la première fois, Blaine était sur le bateau depuis plusieurs jours. Il m’a fait écouter Telomere et je me suis dit que l’on avait trouvé notre premier single. Ensuite on l’a fait écouter à tout le monde à Londres et on l’a enregistrée dans la foulée. C’est la chanson de l’album que l’on a enregistrée le plus rapidement. Tout est arrivé si vite et on était vraiment très impatients de la sortir. En gros tu as eu l’idée de cette chanson après avoir lui Just Kids de Patti Smith.
Blaine : Je voulais écrire une chanson sur la notion d’ascendance, sur le fait que nous avons des qualités qui nous viennent des générations précédentes. Un de mes arrière-arrière ancêtre était soldat. J’y ai beaucoup pensé, je me suis demandé ce qui se passait dans sa tête, comment il se comportait, à quoi il ressemblait, s’il avait de beaux cheveux, de beaux vêtements ? Je voulais écrire une chanson sur cette idée, sur l’ADN qui vit en nous, et les télomères au bout des branches de l’ADN. La vidéo explore cette même idée. J’ai encore de la boue dans les oreilles d’ailleurs.
Jack : C’est une histoire de fou. Nous devions faire un concert au Japon deux jours après la vidéo. Pendant l’enregistrement, Blaine portait des protections auditives, et à un moment il devait mimer mais il n’entendait pas le réalisateur. Celui-ci lui a dit d’enlever ses protections, et de la boue est rentrée dans ses oreilles.
Blaine : Elle est rentrée profondément, je n’ai rien entendu pendant deux jours. J’essaye encore de m’en débarrasser. Je suis allé chez le médecin pour qu’il la retire avec une seringue.
Jack : Ils n’ont pas laissé Blaine prendre l’avion avec nous.
Blaine : Le groupe entier est parti au Japon et je suis resté à l’aéroport. J’ai pu prendre un autre avion plus tard, tout seul, après que le docteur ait retiré la boue de mes oreilles.
Jack : Et il a toujours des problèmes d’audition !
Blaine : Oui je ne peux pas.. Quoi ?
Jack : Qu’est-ce que tu dis ? (rires)
Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez joué Telomere ?
Jack : Nous avons joué à l’Institut des Arts Contemporains à Londres. Seule la presse était présente, et personne n’avait encore entendu nos chansons. Nous avons joué l’album du début à la fin, dans l’ordre. Personne ne nous avait vu en concert depuis un certain temps et nous avons démarré avec Telomere, on était morts de trouille ! Au final je pense qu’il a été plutôt bien reçu.
Blaine : Oui c’était super. On a peut-être joué un peu trop vite par contre.
Est-ce que vous appréciez toujours de jouer vos anciennes chansons ?
Blaine : Oui. C’est amusant, nous avons eu une conversation sur le sujet il y a deux jours de cela au studio. Nous étions en train de jouer une de nos plus vieilles chansons, Diamonds in the Dark, et je disais à Kaps (batterie) que je n’avais pas l’impression de l’avoir écrite. Je n’avais pas forcément le sentiment de reprendre la chanson de quelqu’un d’autre mais je ne me souvenais pas dans quel état d’esprit je me trouvais lorsque j’ai écrit les paroles et composé la mélodie. Je me sentais comme si la partie de moi qui avait écrit cette chanson était différente de celle qui avait écrit les nouveaux titres. Ce la m’a donné matière à penser. Je crois que l’on finit tous par ressentir un peu ça.
Quel groupes avez-vous hâte de voir live cette année ?
Jack : J’ai vraiment hâte d’écouter le nouvel album des Last Shadow Puppets. J’aimerais aussi beaucoup voir Taylor Swift et Coldplay.
Blaine : J’ai essayé de voir Taylor Swift l’été dernier, mais ils ne m’ont pas laissé rentrer.
Jack : Nous avons essayé ensemble, en fait. Nous avons menti en disant que notre manager nous avait mis sur la guestlist. En gros nous avons commencé à faire la queue et nous nous sommes ridiculisés devant pas mal de monde. Pas moyen de rentrer !
Blaine : Il nous ont probablement blacklisté maintenant.
Jack : Je lui envoie des lettres d’amour tout le temps, je les signe avec mon sang !
Blaine : J’ai hâte de voir les groupes qui partent en tournée avec nous cette année, comme Son, qui est en fait le chanteur de Tribes, Johnny Loyd. Il a joué avec nous dans le bus ainsi que sur The End Up. Son nouveau projet est génial et c’est l’un de nos auteurs-compositeurs anglais préférés. Il est vraiment différent, on pourrait presque dire qu’il s’agit du 6ème Mystery Jet.
Jack : C’est notre meilleur ami.
Blaine : Declan McKenna va également jouer avant nous.
Retrouvez l’interview en anglais ici !
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