24 Mai Radiohead au Zénith de Paris : Pour la postérité…
Thom Yorke et ses acolytes ont fait vivre aux 5000 fans présents un moment de musique grandiose, inoubliable et bourré de surprises.
Il y a des concerts que l’on attend. Et puis il y a les autres, plus rares, ceux pour lesquels on ressent un quelque chose d’indescriptible, une excitation grisante qui se mêle à de l’appréhension, à l’inconnu. Radiohead est un des rares groupes à pouvoir se targuer de procurer cette étrange émotion, intimement liée à la musique que le groupe produit, aux shows déments qu’ils assurent, aux setlists imprévisibles qu’ils servent. Ce lundi 23 mai, au Zénith de Paris, restera gravé dans les mémoires.
Après deux premières dates à Amsterdam qui avaient laissé entendre aux fans que Radiohead présenterait largement son dernier album studio, le très réussi A Moon Shaped Pool, tout en servant une flopée d’autres titres repêchés dans tel ou tel autre album, Radiohead a posé ses lourdes valises au Zénith, pour deux soirs. Bien sûr, la salle parisienne affichait complet ce lundi, premier des deux rendez-vous. Et c’est à 21h pétante que Thom Yorke et sa bande ont débarqué sur scène sous les vivas d’un public déjà impatient. Burn The Witch débute, et la soirée peut commencer sous les plus beaux auspices, au son d’un des titres les plus accessibles (et réussis) du dernier album.
Derrière, Yorke et ses acolytes – auquel s’est joint le batteur de Portishead, Clive Deamer, pour toujours plus de puissance derrière – enchaînent sur des nouvelles créations. Sans sourciller, Radiohead va servir les 5 premiers titres du show dans le même ordre que celui choisi pour A Moon Shaped Pool, avec notamment l’électrique Decks Dark où la fougue de Jonny Greenwood ravive quelques doux souvenirs d’antan.
La première partie du show entamée, Radiohead va ensuite chercher l’équilibre entre nouveaux morceaux – seul Glass Eyes n’a pas été joué – d’où se détache l’efficace Identikit sur laquelle Yorke désinhibé, danse et se déhanche, et des plus vieilles compositions. On passera d’un Lotus Flower surpuissant et acclamé à la bizarrerie électronique de The Gloaming, du riff si particulier de The National Anthem aux déflagrations rock d’un My Iron Lung absolument jouissif. Le rock, c’est là où Radiohead se fait le plus transcendant. Si on ne renie pas les envolées lyriques de Thom Yorke comme ses échappées électroniques parfois schizo, c’est guitare à la main, avec toute une rythmique rock, que le leader du groupe anglais emmène ses comparses sur un terrain d’avance jubilatoire.
La suite le confirme. Au cours d’une soirée excitante où on supputait sur les morceaux qui allaient être joués, quelles surprises le groupe offrirait-il, Radiohead a joué le jeu en servant sur un plateau de sons et de lumières, des morceaux cultes que Yorke et sa bande n’avaient pas joué depuis des lustres. C’est ainsi que les fans parisiens ont eu le droit à No Surprises, que l’on avait plus entendu sur scène depuis 2009, mais aussi et surtout Creep, premier tube intemporel de Radiohead que Yorke ne voulait plus jouer, car trop lassé – et surtout refusant d’être identifié à ce morceau si particulier pour lui. Sept ans à écumer les salles sans avoir le bonheur d’entendre à nouveau ces notes si fameuses. Et il a fallu attendre ce morceau pour voir un public complètement en trans, chantant à l’unisson avec un Thom Yorke visiblement touché en plein coeur. Quelque chose s’est passé. Ce quelque chose inexplicable.
Mais ce n’est pas tout, en plus d’avoir également offert Everything in Its Right Place, Idioteque (sur laquelle Yorke semble possédé), Radiohead embraye sur un premier rappel ouvert de toute beauté par True Love Waits, fameux vieux morceau qui a fini par apparaître en conclusion de A Moon Shaped Pool, que Thom a interprété au piano devant un public silencieux et emporté. C’était la première fois depuis dix ans, rien que ça. Paranoid Androïd, assurément l’un des meilleurs titres de Radiohead de par le brio de ses changements de rythmes et la beauté qui les habite, a également été joué. Et tel le bouquet final d’un feu d’artifice inoubliable, Radiohead est remonté sur scène au bout de 2h20 de show pour interpréter Creep et Pyramid Song. Le temps s’était alors arrêté. Et c’était beau.
NOS PHOTOS DE RADIOHEAD EN CONCERT AU ZENITH DE PARIS
Setlist:
Burn the Witch
Daydreaming
Decks Dark
Desert Island Disk
Ful Stop
Lotus Flower
The National Anthem
My Iron Lung
No Surprises (First performance since 2009)
Bloom (Happy Birthday sung to Phil)
Identikit
The Numbers
Separator
The Gloaming
Everything in Its Right Place
Idioteque
Bodysnatchers
——-
True Love Waits (First full performance since 2006)
Present Tense
Paranoid Android
Tinker Tailor Soldier Sailor Rich Man Poor Man Beggar Man Thief
Weird Fishes/Arpeggi
——
Creep (First performance since 2009)
Pyramid Song
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