Arthur Beatrice au Divan du Monde : Ella Girardot & The Machine

Emmené par une Ella Girardot envoûtante, Arthur Beatrice a livré un concert presque parfait quoiqu’un peu court.

 

 

21h passé. Le Divan du Monde sonne creux pour accueillir Arthur Beatrice. On serait cru entre amis, quelques dizaines de curieux les yeux rivés sur ce quatuor qui a tant fasciné et excité les amateurs de pop lors de la sortie de leur premier album, Working Out, il y a deux ans. Aujourd’hui, Arthur Beatrice vient défendre Keeping The Peace, un deuxième album plus que réussi, confirmant que le quatuor anglais est passé maître dans l’art de servir une pop aussi raffinée que feutrée, pointue et aiguisée. Autant de superlatifs qu’on utilisera pour ce concert.

 

Face à cette poignée de curieux ayant bravé l’humidité parisienne, slalomé entre les gouttes d’eau pour se réunir autour d’une bière dans une salle réchauffée (merde, on est en juin !), Ella Girardot ne se laisse pas perturbée. Qu’importe si le public n’est pas au rendez-vous, cela rendra la chose encore plus intimiste. Et comment !

 

Arthur Beatrice en concert au Divan Du Monde, à Paris, le 1 juin 2016

 

D’emblée, la jeune chanteuse au timbre magnifique confirme ce que Keeping The Peace avait laissé entendre : elle brille désormais seule dans la lumière, Orlando Leopard est en retrait, servant à peine de chœurs. Trois musiciens au service d’une frontwoman aussi froide qu’envoûtante. Ella parle peu, enchaîne à une cadence infernale les titres. Worry sert d’entrée où Girardot installe un climat presque chaleureux sur de jolies mélodies. Entamant des pas de danse sur l’aérienne Who Returned, elle embraye sur son désir de réussite et de devenir quelqu’un sur fond de nostalgie avec Since We Were Kids. Le deuxième constat est aussi évident : leur concert est aussi bien arrangé et précieux que l’album où le moindre détail semble étudié, marque de fabrique d’un groupe méticuleux.

 

Et c’est là que la comparaison avec London Grammar saute aux yeux. Même désir d’aller chercher la perfection, même puissance vocale pour Ella Girardot qui habite tout particulièrement la sublime Healing (où il manquait hélas les cordes). Défendant très largement leur deuxième album dont ils joueront les dix titres le composant – seuls Grand Union, Midland suivi d’un jam et Singles auront été joués de Working Out – Arthur Beatrice se place dans une forme de confort. Le groupe interagit peu, si ce n’est quelques mots furtifs d’Ella Girardot, et affiche peu de complicité pour briser le filtre. Ce qui n’empêche pourtant d’apprécier à sa juste valeur I Don’t Get That Chill ou All I Ask, qui à l’instar du tubesque Real Life, rappelle Florence & The Machine.

 

Arthur Beatrice en concert au Divan Du Monde, à Paris, le 1 juin 2016

 

A peine une petite heure après le début du concert, Arthur Beatrice le referme avec Every Cell. Le plaisir fut au rendez-vous, mais comme souvent avec les bonnes choses, elles passent à une vitesse que l’on arrive jamais à apprécier. Comme une parenthèse enchantée, ce concert extatique laisse paradoxalement un arrière-goût étrange, celui d’être face à une copie de déjà-vu, et cette incessante impression que le groupe arrive après une bataille en récupérant les quelques miettes laissées par d’autres formations du même genre.

 

NOS PHOTOS D’ARTHUR BEATRICE AU DIVAN DU MONDE

 

Setlist :

Worry

Who Returned

Since We Were Kids

Healing

Brother

All I Ask

Midland + Jam section

I Don’t Get That Chill

I Left You

Singles

Real Life

Grand Union

Every Cell

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