12 Juil Interview : Jake Bugg
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Nous avons intercepté Jake Bugg lors de son dernier passage dans les couloirs de l’emission Taratata, le 2 mai dernier. L’occasion pour nous de lui poser des questions sur son nouvel opus, On My One, mais aussi de recueillir ses pronostics sur l’Euro et le Brexit. On vous laisse lire ça !
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Questions : Jeanne
Interview : Lauren
English Version : x
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Te revoilà avec un troisième album ! Sans mettre de côté ta guitare acoustique, Shangri-La était plus électrique, rock et blues que ton premier album. Peux-tu nous parler des différences entre Shangri-La et On my One ? Il parait qu’on y trouve des résonances hip-hop, tu es d’accord avec cela ?
Oui, il y a quelques airs de hip hop sur cet album. Il y a également certains éléments qui s’entendaient déjà sur l’album précédent : un peu de soul, un peu de hip hop et un peu de dance music aussi…
Est-ce qu’On My One va être un album moins électrique ?
Pas vraiment. Sur Shangri-La, on entendait quelques riffs de guitare électrique. Certaines chansons sont plus équilibrées, pas vraiment électriques, un peu plus pop, je dirais. Il y a toujours des airs de guitare dans toutes les chansons mais elles sont moins présentes que ce que tu as pu entendre jusqu’à présent.
Tout est allé très vite pour toi, tu fais maintenant partie de ces artistes britanniques qu’on attend au tournant, bien que tu n’aies que 22 ans. Est-ce que cela influe sur la façon dont tu crées un album ? Est-ce que tu es nerveux quant à la réaction des fans quand tu sors un disque ?
Bien sûr. J’ai toujours peur que l’album ne soit pas bien reçu. Je vais faire de la musique toute ma vie, je veux donc que tout fonctionne bien. Mais je ne veux pas spécialement faire de la musique pour les autres. J’ai commencé à écrire avant tout pour moi. Si les gens aiment mes chansons et s’y identifient, tant mieux, mais ils oublient parfois que l’on écrit pas pour eux, mais pour nous-mêmes. Il arrive parfois que l’on écrive pour certaines personnes, mais les textes de mon premier album parlaient surtout de mes origines, de ma vie, et les gens s’y sont identifiés, mais à cette époque je n’écrivais pour personne parce que je n’avais aucun fan, donc je suppose que c’est ce que j’ai continué de faire.
Donc le fait que les gens t’attendent au tournant n’a pas l’air de trop te stresser…
Tu sais, je n’ai pas envie d’effrayer les fans plus que je ne l’ai déjà fait. Il n’y a pas beaucoup d’artistes contemporains qui me plaisent en ce moment, mais j’espère qu’un album de l’un de ces artistes que je n’aime pas particulièrement deviendra l’un de mes CDs favoris. Je pense que chaque album devrait être différent et nouveau, mais je ne serais pas gêné si un artiste tente de se renouveler après ça. C’est juste un ressenti.
L’album n’est pas encore sorti, mais tu as déjà partagé deux chansons, On My One et Gimme the Love. Cette dernière m’a agréablement surprise, car je ne m’attendais pas à une chanson aussi énergique et rock. Est-ce qu’en faisant ça tu voulais prouver que tu étais plus qu’un chanteur folk ?
Je faisais juste des essais, je n’essayais pas de prouver quelque chose ou de crâner. Je voulais juste tenter différentes choses pour moi-même. Pour Gimme the Love, j’ai commencé ave un groove un peu hip hop et un genre de break-beat et j’ai ensuite écrit la chanson par dessus. C’est juste une façon de travailler, et il n’y a pas d’autre chanson comme Gimme the Love sur l’album. J’aime bien essayer de faire sonner chaque chanson différemment de la précédente. Je suppose que le premier album est plutôt folk, le deuxième pas tellement, on y retrouve plus des vibes folk/rock des années 70. Shangri-La a quelques aspects folk je suppose. J’ai moi-même grandi en écoutant beaucoup de musique folk, comme Simon et Garfunkel, Donovan… ils font des trucs plutôt cools.
Tu dirais qu’On My One est plus proche de ton premier ou de ton deuxième album?
Ils sont tous différents les uns des autres. J’ai l’impression que les deux premiers albums n’en forment en fait qu’un seul. Je vois le troisième comme un nouveau chapitre.
Le premier album avait des vibes des années 60, le deuxième avait un son plus « propre », plus moderne. Comment l’expliques-tu ?
J’ai travaillé avec différents producteurs. Rubin a produit le deuxième album. C’est Rick Rubin tu vois, du coup j’étais content de rester en retrait et de regarder comment il comptait enregistrer et produire l’album, comment il voulait que les chansons sonnent. C’est une bonne experience d’apprentissage pour moi et une belle opportunité de faire quelque chose de différent. J’ai enregistré le premier album dans différents studios, avec différents producteurs, alors que le deuxième a été enregistré dans un seul et même endroit.
As-tu pris la décision de changer de producteur ?
Si Rick Rubin souhaite faire un album avec toi, tu ne peux pas refuser.
Est-ce qu’écrire des chansons est une chose facile pour toi, ou est-ce que l’écriture te prend beaucoup de temps ?
C’est variable. Parfois je mets 10-15 minutes à écrire une chanson, parfois 5 à 10 mois. Certaines prennent plus de temps que d’autres. Parfois l’inspiration vient naturellement, mais il m’arrive de devoir m’asseoir et bosser dur sur certaines chansons.
Comment as-tu réagi aux décès de Bowie et Prince ? Est-ce que ces musiciens font partie de tes inspirations ?
Je ne suis un grand fan d’aucun des deux, mais j’aime certaines des chansons qu’ils ont écrites. Ils sont indéniablement géniaux. Tout le monde meurt un jour ou l’autre, cependant.
Tu as annoncé beaucoup de concerts en 2016, notamment T in the Park, le Sziget et Glastonbury. Tu joueras aussi à Nottingham. Qu’est-ce que ça te fait de jouer dans de tels endroits ?
C’est super de jouer Glastonbury, en même temps que Metallica qui plus est. Je n’aurais jamais pensé que cela puisse arriver. Quand je joue chez moi (à Nottingham) le public est toujours bien. C’est parfois un peu gênant de voir la famille et les amis après. C’est toujours sympa de jouer à T in the Park, la fosse est toujours prête à passer un bon moment. Ils sont plutôt sauvages, c’est amusant.
Tu as participé à un concert enregistré au Royal Albert Hall avec Michael Kiwanuka et Johnny Marr. Comment c’était, de jouer dans une salle aussi reconnue ?
Le Royal Albert Hall est une salle mythique. C’était la première fois que j’y jouais. Beaucoup d’artistes que j’adore s’y sont produits, comme Jimmy Hendrix. C’était génial de pouvoir y jouer et d’avoir un souvenir vidéo du concert. J’ai apprécié de jouer avec Johnny Marr et mon ami Michael. C’était une super experience, un moment amusant que je n’oublierai certainement pas.
Est-ce que les mêmes musiciens qu’avant vont jouer avec toi sur cette tournée ?
Oui, mais nous avons un nouveau membre, un fantastique claviériste. Il nous apporte un peu de dynamisme, car sur l’album nous avons des cuivres et des instruments à cordes mais on sentait qu’on avait besoin de quelque chose d’autre, de monter d’un cran. Donc oui, même groupe, avec une personne en plus. C’était un ami d’un ami. En général, quand quelqu’un dit « je connais quelqu’un qui sait jouer du clavier », ça ne se passe pas comme prévu, mais dans notre cas il est extrêmement bon, donc il nous a rejoint.
Il va vous rejoindre sur toute la tournée ?
Oui. Il faudra juste qu’on l’appelle car parfois il disparait dans la nature (rires.)
As-tu un intérêt particulier pour le débat sur le Brexit ? Si c’est le cas, es-tu plutôt pour ou contre ?
Je pense que ce serait bien que l’on reste dans l’Union Européenne, mais qu’il serait interessant de voir comment on s’en sort en dehors de celle-ci. Si on sort et que l’on gère bien notre indépendance, peut-être que les autres pays nous regarderont et se diront « hmm, ils ont l’air de bien s’en sortir, peut-être que l’on devrait partir aussi » et ensuite le phénomène s’accroitrait et l’Union se désagrégerait, ce qui serait une bonne chose, mais c’est une question difficile, on ne sait jamais ce qui va se passer. Chez moi, ils disent aussi que si nous partons, le prix de l’immobilier va baisser, ce qui sera bien pour nous. La plupart des personnes à qui j’en ai parlé veulent rester dans l’Union, donc je pense qu’au final on y restera. Bref, aucun rapport avec la musique (rires.)
Pour terminer sur un autre hors sujet, jusqu’où va aller l’Angleterre d’après toi dans l’euro ?
Oh, on va gagner.
Tu préfères Kane, Vardy ou Rooney ?
Rooney est l’un des meilleurs buteurs anglais, ce sont des joueurs très différents. Ils sont tous anglais donc je ne peux pas vraiment répondre à cette question, j’espère juste qu’ils joueront bien et feront notre fierté. En tant qu’anglais nous disons toujours que nous allons gagner, et nous finissons par perdre. En fait, je pense que la France va gagner, crois-le ou non. Ils ont un très bon milieu de terrain, une très bonne équipe.
C’est marrant que tu dises ça, en France certains pensent que l’Angleterre va gagner.
C’est parce qu’ils veulent nous voir perdre ! Nous avons de bons joueurs mais N’Golo Kante qui est français et joue avec James Vardy pour Leicester est un super joueur, il va faire des miracles pendant l’Euro.
As-tu hâte d’être à demain, même si tu joues dans une toute petite salle ? (la flèche d’or ndlr)
J’y ai déjà joué, cette tournée est majoritairement pour la presse, on va revenir. Il s’agit plus d’un concert pour garder les journalistes en haleine et présenter nos nouveaux titres. On verra comment ça se passe. Si tout va bien, nous reviendrons pour un plus gros concert plus tard dans l’année. J’aime bien cet endroit, ce sera sympa d’y jouer.
C’est la première fois que tu participes à l’emission Taratata?
Nous sommes venus il y a plusieurs années, ça a l’air plus petit maintenant. Quand tu es jeune, tout te parait plus grand. C’est sympa cela dit.
C’est différent, de jouer à la télé, et devant un public ivre dans une salle…
Absolument ! On devrait les faire boire ici !
On ne peut pas boire à la télé, il faut rester sagement assis pendant toute l’emission.
Tu n’as pas le droit de partir ? Ils ne peuvent pas te forcer (rires).
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