Pitchfork – Jour 1 : Chet Faker fait cavalier seul au cours d’une soirée morne

Le Pitchfork Music Festival retrouvait la Grande Halle de la Villette avec une première soirée placée sous le signe du (trop) calme.

 

Pitchfork, on aime ou on n’aime pas. Elitiste pour les uns, pointus et exigeants pour les autres. S’il y a bien un festival qui fait monter autant d’excitation à Paris, c’est bien lui. Pourtant, cette année, l’affiche n’est pas franchement sexy. Et ce n’est pas ce jeudi, première soirée de l’exercice 2016, qui vous démontrera le contraire. Sur le papier, Pitchfork misait donc sur Chet Faker, tout heureux de se trouver tête d’affiche lui qui, il y a encore deux ans, ramenait sa barbe et ses mélodies trip (p)hop / électro sur les plus petites scènes parisiennes. Soit, le pari est osé. Mais à juger la fréquentation et l’intérêt plutôt distant d’un public qui nous a offert la panoplie du cliché parisien avec lequel on a grassement l’impression de se faire chier quel que soit l’artiste, on flirte plutôt avec l’échec.

« Malheureusement, cette année nous devrions accueillir 80% d’étrangers en moins, principalement en raison de la peur des attentats« , déplorait à L’Express Julien Catala, coprogrammateur de l’édition parisienne du Pitchfork Music Festival, lui qui misait tant dessus. L’excuse semble toute trouvée. Mais a-t-il remis en cause la qualité d’une programmation qui provoque légèrement le désintérêt, plutôt que de remettre la faute sur des attentats qui n’ont pas empêché bon nombre de festivals d’afficher complet ou un taux de remplissage plutôt convaincant. A sa décharge, il ne s’agit que d’une seule soirée qui avait pourtant bien commencé avec Aldous RH, un baba-cool adepte de la feel good music qui a mis un public épars dans les meilleures conditions, servant un set entre indie suave, groove discret et surf music. Son single Sensuality sera à l’image d’une prestation globalement convaincante.

Aldous RH au Patchwork Festival de Le Villette, à Paris, le 28 octobre 2016

Aldous RH au Patchwork Festival de Le Villette, à Paris, le 28 octobre 2016

 

Mais la suite est moins réjouissante. Lucy Dacus est peut-être charmante mais sa musique ne provoque guère grand-chose. Parquet Courts est attendu comme un messie, ce genre de groupe qui pousse Les Inrocks à se foutre la main dans le calbute au moindre single, mais qui s’avère plus décevant qu’emballant, n’en déplaise à quelques embardées rock matinées de punk à moitié country (le côté ricain).

Débarque enfin le rayon de soleil que l’on n’attendait, Suuns. Les Canadiens nous ont offert un show hypnotique où vision d’un rock rageur se mêle à quelque chose plus aérien, quasi indescriptible, qui rend l’ensemble plus que séduisant. C’est ensuite à Floating Points, dans sa formation live, de prendre place sur scène. Exit l’électronique très planante du studio, place à des sonorités moins linéaires, et à un jeu de scène qui séduit quelques minutes pour finalement s’affaisser, à l’image du groupe Sam Sheperd – bien que le concert fut traversé de quelques élancées électroniques jubilatoires, histoire de sauver la mise. Même constat pour DJ Shadow, où on se laisse bien plus porter par les visuels chiadés que par son melting électronique pas toujours très digeste.

Mount Kimbie déçoit, Chet Faker charme

Mount Kimbie prend ensuite les commandes. Le duo devient quatuor sur scène et se pose en co-headliner de cette soirée. Héritiers du post-dubstep qui lorgne plus vers l’électro contemplative et planante façon The xx, Mount Kimbie captivent mais manquent d’être suffisamment incisifs pour susciter l’adhésion totale. On est peut-être trop exigeant… Finalement, c’est Chet Faker, débarquant sur son cheval blanc, qui finira par faire cavalier seul. Le concert le plus pop, et donc le plus fédérateur de la soirée, aura permis à l’Australien de remplir sobrement et avec efficacité son rôle de tête d’affiche, servant ses plus beaux titres (Gold, No Diggity) à un public qui, enfin, s’est réveillé pour se trémousser aux sons des compositions charmantes de ce prince tant adulé par la planète hipster.

 

NOS PHOTOS DU JOUR 1 DU PITCHFORK MUSIC FESTIVAL 2016

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