Pitchfork 2016 : Lasse et peu incisive, M.I.A. laisse sur sa faim

Elle était incontestablement l’événement de ce Pitchfork 2016. Mais a-t-on trop attendu de l’artiste britannico-tamoule ?

 

Le Pitchfork Music Festival pouvait s’en targuer et le crier haut et fort. M.I.A., seule véritable grosse attraction de ce P4K exercice 2016, avait offert à Paris l’une de ses deux dates européennes. Deux ans après sa dernière venue pour la tournée Matangi, l’artiste engagée revenait dans le 19e arrondissement où elle était attendue de pied ferme. C’est bien simple : de toute cette édition 2016, jamais la Pink Stage n’avait été autant blindée. Tout le monde est venu voir l’autodidacte qui aura marqué le début du siècle par son identité, autant musicale, artistique, que personnelle. Mais l’excitation va vite retomber.

M.I.A. au Pitchfork Festival, la Villette, Paris, le 29 octobre 2016

M.I.A. au Pitchfork Festival, la Villette, Paris, le 29 octobre 2016

 

Sur scène, une immense grille se dresse, flanquée de deux panneaux lumineux. Le décorum est planté : en écho à son dernier opus AIM, M.I.A est le porte-parole des migrants et de la crise humanitaire dont ils sont les victimes. Entamant son set sur Fly Pirates, l’artiste britannique donne le ton, avant d’enchaîner sur l’excellente Borders et Go Off. Il y a de quoi jubiler car ce départ est canon. M.I.A. s’impose sur scène, aimante les regards, haranguant le public avec la complicité généreuse de sa danseuse/rappeuse ou en dansant lascivement contre la grille symbolisant ces fameuses borders (frontières).

Mais l’énergie va vite redescendre. A l’image d’un public qui a eu constamment besoin d’être reboosté, M.I.A. semble fatiguée et lasse sur scène. Elle chante trop souvent faux, est en retard et s’appuie sur un playback de fond qui finira par lui jouer des tours. Après avoir revisité son dernier opus, bazardé Matangi avec Bad Girls (et d’oublier volontairement Y.A.L.A ou Come Walk With Me), lâché son iconique tube Paper Planes (histoire de réveiller l’assemblée), elle conclut sur le bruyant et foutraque Born Free, au terme d’une heure de spectacle qui en décevra plus d’un et laissera sur sa faim. A peine le service minimum assuré pour une tête d’affiche qui aura sûrement coûté cher aux programmateurs. M.I.A. aurait pu mieux faire. Elle aurait pu être encore virulente, dérangeante. Mais trop sage, alors qu’elle avait en ligne de mire le démantèlement controversé de la jungle de Calais, elle s’est contentée du strict minimum avec une forme de nonchalance bien triste. Peut-être que finalement oui, M.I.A n’a plus la gnaque.

 

NOS PHOTOS DE M.I.A. AU PITCHFORK MUSIC FESTIVAL 2016

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