Toy – A Clear Shot

Le tournant difficile du troisième album, à ce qu’on dit… Le quintet anglais Toy revient défendre un nouvel effort bien efficace et extrêmement addictif. A Clear Shot dans les coeurs. 

Toy

Nous sommes face à un iguane insaisissable. Empruntant aux débuts psyché des australiens Tame Impala (Innerspeaker, Lonerism),  à la fougue d’un Placebo et d’un Weezer en mutations, en passant par la félicité de DIIV et de The Horrors, ainsi que la classe des Smiths à l’heure de Joy Division : Toy brasse tous les chemins. Et quels chemins ! Il ne profite pas de la même maison de disque que Temples pour rien.  Le groupe nous présente A Clear Shot comme étant leur plus abouti, leur plus mature aussi. Inspiré de toutes parts mais totalement en possession de lui-même, ce troisième album est effectivement maîtrisé de bout en bout et offre une heure d’écoute où le replay est d’or.

L’album s’ouvre doucement avec l’éponyme. A Clear Shot se veut une montée en puissance, un crescendo souligné à l’indélébile. L’ensemble explose à la moitié du morceau, démontrant la qualité de la production, impressionnante. Le groupe enchaîne avec l’énergique Another Dimension, qui offre ses fulgurances. Banale au départ, le morceau se dévoile petit à petit et offre un refrain mémorable, qui fourmille d’idées, notamment ce ralentissement de tempo, pendant lequel les instruments s’enlisent profondément.

La voix angélique de Tom Douglas demeure le bonbon principal de l’album, a déguster sans modération. Parfois chantée et d’une douceur parfaite (Clouds That Cover The Sun, Dream Orchestrator), parfois plus parlée (I’m Steel Believing), parfois plus pimentée, relevée (Jungle Games, We Will Disperse, Fast Silver), le panel offre aux oreilles une diversité non négligeable, prouvant la qualité au chanteur de pouvoir se métamorphoser en fonction du paysage qu’il arpente avec ses musiciens.

A Clear Shot n’est pas un album de transition, ni un moment convenu. Bien au contraire, ses tréfonds cachent une complexité certaine. L’avant-dernier morceau, Spirits Don’t Lie, est le plus étrange de tous, le plus possédé. Les synthés, presque omniprésents, répandent une couche hallucinatoire où voix et guitares se perdent (dans le bon sens du terme), pour mieux se retrouver. Vient l’heure de la rédemption, du retour au contrôle de soi et de son environnement. Cinema, morceau colossal de quasiment 7 minutes, referme l’oeuvre de manière plutôt apaisée et surtout aboutie.

En soi, ce troisième album est ce qu’on pourrait appeler le passage « schizophrénique » d’un groupe en pleine métamorphose. A mi-chemin entre le dérangé et le contrôlé, Toy réussit à faire de ce nouveau rituel un grand moment de cette fin d’année. Un album qu’on ne peut que s’empresser d’applaudir au Nouveau Casino le 08 Décembre prochain.

Tracklisting

A Clear Shot

Another Dimension

Fast Silver

I’m Still Believing

Clouds That Cover The Sun

Jungle Games

Dream Orchestrator

We Will Disperse

Spirits Don’t Lie

Cinema 

Nos morceaux favoris ; A Clear Shot, Another Dimension, Clouds That Cover The Sun, Dream Orchestrator, Spirit’s Don’t Lie, Cinema…

La note : 9/10

 

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