04 Fév Interview : Bastille
En pleine tournée pour leur second opus Wild World, ce sont dans les coulisses du Zénith de Paris que Sound Of Britain a rencontré le groupe Bastille, quelques minutes avant leur concert très attendu. Assis dans un canapé et détendu, le groupe nous parle du concept réfléchi de leur album et aborde le futur avec même une petite surprise…
Plus de deux ans après votre passage au Casino de Paris, comment ressentez-vous le fait de revenir en France ?
Dan Smith : On adore se produire ici. C’est souvent à Paris que l’on prend le plus de plaisir à jouer. D’ailleurs, ce soir, c’est notre premier concert de la tournée en France dans une salle de si grande envergure, c’est vraiment très excitant pour nous !
Will Farquason : La salle où nous jouons ce soir est totalement mythique. Etant un grand fan de Muse, je me souviens avoir regardé de nombreuses fois leur incroyable concert filmé au Zénith intitulé « Hullabaloo ». Je suis donc très heureux d’être ici, c’est à notre tour !
On se souvient encore de votre premier concert en France, c’était au Bataclan, en 2012…
Kyle Simmons : Ca alors, vous y étiez ! Merci d’être revenus alors ! *rire*
Sans aucune hésitation ! Avec la sortie de votre deuxième album Wild World, vous avez, pour sûr, fait la musique en 2016. En fait, vous êtes sur le devant de la scène depuis quelques années maintenant, je me trompe ?
Dan Smith : Effectivement. La tournée Bad Blood a duré deux ans. Elle m’a semblé interminable… je veux dire dans le bon sens du terme ! Une nouvelle page se tourne aujourd’hui. Wild World est définitivement plus immense.
En tournée, vous enregistrez ?
Dan Smith : Depuis qu’on tourne pour notre premier album, on ne cesse de stimuler notre créativité musicale. En fait, une grande majorité de Wild World a été composé pendant notre précédente tournée ! C’est un deuxième album qui a mûri en amont.
Will Farquason : Tourner signifie forcément voyager, voir du pays. C’est une expérience qui nous permet de poser quelques nouvelles notes ou des paroles toutes fraiches, parfois, pendant nos pauses.
« On est déjà en train d’enregistrer un troisième album »
La tournée fait donc partie intégrante du processus productif d’un album…
Dan Smith : Si une tournée dure au moins six mois, soyez certains qu’on en profite pour enregistrer du nouveau ! Le producteur Mark Crew avec lequel nous travaillons nous encourage d’ailleurs dans cette démarche.
Soyons fou, en route pour le successeur de Wild World ?
Dan Smith : Je pense qu’on peut lever le voile, on est déjà en train d’enregistrer un troisième album. Certes, il est loin d’être prêt, puisque la tournée nous demande beaucoup d’énergie.
Wild World est un album colossal, qui possède une palette chargée d’humeurs différentes. C’est le parfait petit frère de Bad Blood, tous deux proposent de véritables hymnes. Votre prochain album profitera t-il du même moule musical ou sera t-il plus intime, voire un mélange ?
Dan Smith : Wild World est le fruit d’un brainstorming géant, on y a incorporé tellement de sonorités que son caractère varié lui donne une dimension dingue, d’où son nom. On a été curieux de voir jusqu’où pouvions-nous aller.
Kyle Simmons : Les morceaux de Wild World sont en quelque sorte nés de leurs prédécesseurs dans Bad Blood. On a fait notre possible pour que notre discographie possède une certaine logique, avec un son fondateur.
Will Farquason : Le troisième album commencera uniquement à posséder une identité propre lorsque nous serons en studio, au coeur de la phase décisive de l’enregistrement. Avec le temps, nos idées et nos envies vont forcément évoluer. Qui sait ?
Dan Smith : Tout ce qu’on peut vous dire, c’est que pour le moment, notre créativité nous pousse à rendre ce troisième album plus détaché que les précédents. Cette fois-ci, au lieu de prendre une poignée d’idées, on en pioche qu’une. Plus intime, peut-être ? On ne vous le cache pas, se questionner à ce sujet, c’est ce qui nous plaît le plus !
« Chaque morceau est un film différent »
Revenons désormais au présent. Ce qui lit majoritairement vos deux albums, ce sont ces pochettes très similaires à des affiches de films. Qu’avez-vous à raconter sur celle de Wild World ?
Dan Smith : C’est une photographie qui représente parfaitement le propos de Wild World. On y voit deux personnes côte à côte, probablement des amis. Ils sont perchés en haut d’un immeuble et profitent de l’ hauteur qui leur offre pour contempler la ville, cet endroit si vaste, si fou.
Kyle Simmons : Notre album parle d’unité, du concept d’être ensemble au coeur d’un monde en constante évolution, qui nous dépasse. La pochette est évocatrice, très cinématographique… nostalgique aussi.
Pourtant, des titres comme Warmth ou Power, très fédérateurs, se veulent apporter un regain de force ?
Kyle Simmons : C’est pourquoi certains morceaux veulent communiquer un espoir nécessaire à cet mélancolie.
Will Farquason : Lorsqu’on regarde attentivement l’image, on se demande forcément comment sont-il arrivés ici, que s’est-il passé et qu’est-ce qui se passera dans la scène suivante ?
Dan Smith : Au départ, la pochette de Wild Word devait être significativement différente. On est par hasard tombés sur l’actuelle et c’est tout de suite devenu une évidence. Un phénomène qui peut aussi arriver pour les morceaux, du jour au lendemain, on peut passer d’une idée à une autre !
Wild World a t-il été conçu en filigrane d’un film en particulier ?
Dan Smith : Chaque morceau est un film différent !
On reformule : si Wild World devait être la bande-originale d’un film, lequel choisiriez-vous ?
Dan Smith : Un film à suspens, probablement. Independance Day, ou Armageddon ? *rires*
Cette notion de structure, semblable à un film, rattrape aussi votre musique. Bad Blood, a été suivi d’une extension très concept, All This Bad Blood, avec un enchaînement de morceaux calibré à souhait. Wild World a profité d’une « Complete Edition ». Que signifie pour vous cette idée d’étendre l’existence d’un disque ?
Dan Smith : Rude question… *rires* Je pense que nous avons toujours préféré proposer plusieurs « versions » plutôt qu’une seule collection de morceaux limités d’un point A à un point B. Nos mixtapes en sont les parfaits exemples. Elles apportent ainsi une nouvelle facette aux titres. Forcément, ça amplifie l’intemporalité de nos chansons !
Kyle Simmons : Les structures que vous entendez sur le disques peuvent, ou non, évoluer avec le temps. Si oui, alors nous n’hésitons pas à leurs redonner un coup de jeune ! Quitte à changer totalement la tonalité.
Certains morceaux de Wild World, comme Good Grief et Fake It, possèdent quelques secondes de dialogues en guise d’interludes… comment vous est venue l’idée ?
Dan Smith : Ce principe vient d’All This Bad Blood. Ces apports de dialogues permettent à Wild World d’acquérir une nouvelle texture, une sorte de fantaisie. Tout ceci vient de l’idée maîtresse de notre musique : y créer un paysage, qui change naturellement avec le temps.
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Interview réalisée avec Melvil Joyaux, par courtoisie d’Alias Production et le personnel du Zénith de Paris.
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