17 Avr Bad Breeding – Divide
Folie furieuse, visions apocalyptiques, perfection punk: le second effort de Bad Breeding évoque tout cela à la fois. Écoute et critique.
Ceci n’est pas un album. C’est un effort, c’est un tour de force, une gifle prise en travers de la gueule aller-retour, une colonne de tanks qui vous roule dessus sans s’arrêter. Le second effort de Bad Breeding est ni plus ni moins qu’un tour de force affreux sale et méchant, un monument punk-rock cauchemardesque et surréaliste.
Tout démarre par une feinte, une esquive, une cruelle tromperie. Whip Hand se présente sous quelques atours pop d’ambiance plaisants, mine de rien, tranquillement. Puis l’enfer se déchaîne. Rarement ouverture aura été aussi violente pour un album paru dans nos colonnes. Whip Hand est un fracas sonore, un titre courant désespérément après lui-même, jouant sur le fil dans une précipitation véloce absolument jouissive et hallucinante qui nous laisse épuisés, retournés, galvanisés.
De là, le groupe enchaîne éclats de génie et réflexions structurelles habilement amenées. Anamnesis joue le jeu d’une outro toute en distorsion, pour finalement asséner un ultime couplet dévastateur. The More the Merrier se présente sous la forme d’une rythmique caverneuse soutenu par une basse vénéneuse tandis que les portes de l’enfer semblent s’ouvrir au loin.
Entre 2 compositions sales et irrévérencieuses, Bad Breeding proposent 2 interludes subtilement amenés, faisant office de décoration sonore et apaisante bienvenue après le déluge de décibels qui s’abat sur nous sans défaillir. Mais si le quartet joue la carte de la frappe sonique avec des morceaux circulant autour de la minute 30 voire des 2 minutes d’écoute, il se permet cependant quelques variations bienvenues.
Ainsi, Divide vient abriter en son sein le tétanisant Leaving, porté par un phrasé hypnotique et possédé, soutenu par des vagues de dissonantes harmonies en fin de course. Obéissant à la règle d’une implacable structure, l’autre titre le plus aventureux de Divide, Endless Impossibility, arrive en clôture d’album sous la délicate forme de 5 minutes 40 d’agressif post-punk. Rythmique atypique, cris de rage, distorsion poussée à 11, le tout s’achève dans un océan sonique tourmenté, des colonnes de guitares venant se fracasser sur les incessantes cymbales, la basse rebondissante parachevant son effet hypnotique, les tympans arrivant en bout de course. Ne reste alors plus que le tumultueux larsen comme témoin du chaos qui s’est produit juste sous nos oreilles, intempestif, impérissable. Et tout cela se sera écoulé en seulement 25 minutes d’écoute.
Vous vous en doutez, ce voyage n’est pas réservé à tout le monde. Inarrêtable, violent et résolument jouissif, Divide est une véritable perle, un disque qui nous donne l’alléchant aperçu d’un nirvana punk, une claque jouissive comme on en a rarement pris. Dans un univers alternatif, Divide aurait pu être un ennuyeux album pop-folk gâchant le talent de son rouquin d’interprète. Ici, c’est un des essentiels disques de 2017, éblouissant et cataclysmique dans tout ses coins et recoins que l’on explore encore et encore avec délice. A court d’adjectifs, un seul conseil: ne passez pas à côté d’un des meilleurs albums de cette année.
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