10 Juin Happyness : « Tu dois dépenser tellement d’énergie en tournée, juste pour rester vaguement normal »
Rejoignez-nous pour un face à face avec Benji à Nyon après une panne de van.
Il y a un mois, votre correspondante suisse Soundofbrit fêtait son anniversaire, qui tombait pile poil sur le passage des Happyness à Nyon. J’en ai donc profité pour allier l’utile à l’agréable d’abord en festoyant au concert, puis en faisant une interview du groupe à propos de Write In, le nouvel album des londoniens. À quelques heures du concert, je reçois un message du manager, affolé : une panne de van juste avant d’entrer à Genève. Heureusement, la situation s’est provisoirement résolue grâce à la réactivité du groupe et de Ben de La Parenthèse. Sains et saufs mais à présent privés de van, les Happyness ont tout de même réussi (avec un peu de retard, certes) à donner leur concert à Nyon. Ils sont ensuite parvenus à trouver un moyen de continuer leur tournée pour les dates européennes restantes : envoyer Jonny et Benji par avion à Berlin pour un set acoustique en attendant que le van soit réparé !
Je retrouve donc Benji après le concert, vers une heure du matin- malgré cette mésaventure et la fatigue, il a quand même tenu à faire l’interview. Un an après notre rencontre rigolote à Fribourg, la glace est brisée d’office et nous discutons sans détours de Write In, d’ingénieurs du son bourrés, du clip de Through Windows, de la pression et des difficultés du job de musicien, et bien plus encore.
D’abord, je voulais vous souhaiter la bienvenue à nouveau en Suisse !
Benji : Merci ! Nous sommes contents d’avoir réussi à venir jusqu’ici !
J’aurais aimé que les circonstances soient meilleures, m’enfin… Tu as l’air assez calme malgré ce qui s’est passé !
On a tout de même passé une très belle soirée. Si nous n’avions pas joué ce soir, cela aurait été une très mauvaise journée. Mais puisqu’on a joué ce soir, on s’est tous vraiment éclatés. Cela a compensé notre mésaventure. Par contre, nous n’étions pas si calmes un peu plus tôt dans la journée ! Mais comme nous nous en sommes sortis et que nous avons réussi à être à temps pour le concert, cela n’aurait pas pu aller mieux. Tout est bien qui finit bien !
« En termes de temps, c’était difficile de jongler entre l’écriture et les tournées. C’était presque impossible d’avoir des moments pour respirer. »
C’est la troisième fois que vous venez chez nous n’est-ce pas ?
Oui, nous avons joué à Fribourg, Zürich, puis ici. Je pense que tous les concerts que nous avons donnés en Suisse se sont bien déroulés, nous avons passé de bons moments.
Est-ce que vous vivez toujours à Londres ?
Lorsque nous sommes sur place, oui (rires). Paul, qui joue de la basse et de la guitare avec nous, vit à Paris. Donc lorsque nous avons du temps libre, nous sommes soit à Paris soit à Londres.
J’ai aussi vu qu’entre-temps vous avez tourné aux Etats-Unis. Comment c’était ?
C’était génial ! Nous sommes rentrés de Los Angeles il y a environ 6 semaines. Nous y étions pour le festival South By Southwest à Austin, et nous avons aussi joué dans des festivals en Idaho, au Texas et à Los Angeles. C’était bien.
J’ai lu quelque part que vous aviez eu un ingénieur du son bourré à South by Southwest.
Aaaah ouais ! (rires) Merde oui c’est vrai ! C’était l’un de nos derniers concerts, et l’ingé son était torché et ressemblait un peu à un pirate. Un pirate mal habillé. Il aurait pu avoir un cache-œil. Donc il était bourré et il a bousillé notre son, et ensuite lui et moi sommes entrés dans une discussion relativement bouillante. C’était un cauchemar. Ça craignait mais c’est pas grave, on s’en est sortis malgré tout. Ce n’était seulement qu’un concert sur les dix. Les autres se sont bien passés.
Cela m’amène à la prochaine question, à propos de Write In. Avez-vous enregistré une partie de l’album sur la route ?
Nous avons tout enregistré dans notre studio en Angleterre, sauf une partie de guitare que nous avons enregistrée à Los Angeles. Nous étions sur place pendant 10 jours, et nous avons aussi mixé l’album là-bas.
Est-ce que vous parvenez à écrire en tournée ?
Hmm… Pas vraiment ! (rires) C’est plutôt difficile. Tu dois dépenser tellement d’énergie en tournée juste pour pouvoir rester vaguement normal. C’est un défi de pouvoir garder de l’espace dans ta tête pour quoi que ce soit d’autre, même si tu le veux vraiment.
« Tu dois dépenser tellement d’énergie en tournée juste pour pouvoir rester vaguement normal. C’est un défi de pouvoir garder de l’espace dans ta tête pour quoi que ce soit d’autre, même si tu le veux vraiment. »
Dans ce cas, comment avez-vous réussi à enregistrer l’album ? Il me semble que vous aviez peu de temps !
Haha ! Nous avons fini la tournée du premier album avec celle des Dandy Warhols, et lorsque nous sommes rentrés… Nous avions beaucoup d’idées qui nous étaient venues lorsque nous avions du temps libre. Nous devions alors toutes les mettre ensemble. Nous avions environ 20, ou 25 idées de chansons, que nous avions ensuite dû réduire à 10. Nous fonctionnons à partir de petites idées. Beaucoup de nos chansons avaient par exemple déjà des paroles. Ou un couplet, mais pas encore de refrain. C’était un peu laborieux- l’année dernière était un peu laborieuse, c’était difficile. Entre toutes ces tournées et faire le prochain disque… Il y avait de la pression. En termes de temps, c’était difficile de jongler entre l’écriture et les tournées. C’était presque impossible d’avoir des moments pour respirer. Après la tournée des Dandy Warhols, nous avons passé l’été sur ce disque. Entre juin et septembre, le disque a commencé à naître.
J’ai aussi remarqué que certaines chansons plus anciennes étaient sur l’album, comme Anna, Lisa Calls et Tunnel Vision on Your Part. Pouquoi les avoir choisies en particulier ?
Oui, elles étaient sur notre EP ! Je pense que pour Tunnel Vision, nous avions toujours voulu la mettre sur l’album. Elle a toujours été une chanson importante pour nous. Mais je ne sais pas exactement, pour Anna, Lisa Calls… Je pense que nous voulions aussi avoir une certaine continuité entre l’EP et l’album, pour donner une sorte de contexte et « guider » les gens plus facilement. Alors mettre ces deux chansons sur l’album nous a paru sensé.
Je voulais également parler du clip pour Through Windows, parce que je l’ai trouvé vraiment bien !
Merci ! Je l’aime beaucoup aussi ! Nous avons rencontré le directeur lorsque nous étions à L.A. Il s’appelle Aaron Beckum, et il est génial. Nous sommes immédiatement tombés amoureux de son travail. Il a eu l’idée de nous mettre dans le micro-ondes, et il a rassemblé une équipe de production lors de l’un de nos jours de congé à L.A. Nous sommes alors allés en dans un studio pour filmer la vidéo. C’était une très belle journée. Un peu longue et intense, mais amusante.
Au fait, est-ce que vous aimez Queen ? J’ai trouvé que le moment où on voit vos têtes tourner…
Je n’y ai jamais vraiment pensé de cette manière ! Tu penses que c’est une référence à Queen ?
Je ne sais pas, je-
C’est vraiment cool ! Je n’y avais pas pensé ! (rires) C’est excellent. Ce n’était pas une référence à Queen, mais j’ai grandi en écoutant ce groupe. J’étais un grand fan de Queen quand j’avais 14 ans. Ok, ça peut être une référence à Queen ! Peut-être que Aaron pensait en fait que c’était une référence à Queen. Je ne pense pas que nous avions l’air particulièrement glam et seventies-y, mais c’est vraiment cool ! Bien joué ! (rires)
À présent parlons un peu de la pochette de l’album.
Oui, c’est Jonny qui l’a faite. Au départ, il avait cette idée de mettre une main dans le style cartoon qui pointerait à travers une page… Il s’est inspiré de Terry Gilliam des Monthy Python. Ensuite, le concept à évolué pour devenir ce qu’il est à présent. J’aime beaucoup cette pochette. C’est le bébé de Jonny.
Si tu pouvais enregistrer un album dans un endroit très étrange, que choisirais-tu entre l’enfer, la lune ou le MacDo ?
Le MacDo, sans hésiter. Je pense que ce serait le plus pratique, et le bruit des friteuses serait super. L’enfer ne serait pas pratique pour la longévité de notre équipement, et la lune… La lune serait ok j’imagine, mais ce serait difficile de rester en contact avec nos proches. Et au moins je sais comment marche le MacDo, je pourrais trouver mon chemin autour de tous leurs trucs. Donc oui, le MacDo. C’est une très bonne question. (rires)
Enfin, que pouvons-nous espérer de Happyness dans le futur ?
Encore beaucoup de concerts, et j’imagine qu’à un moment on va commencer à écrire un autre disque. Mais nous avons encore beaucoup de tournées avant cela. Nous retournons aux Etats-Unis dans quelques semaines.
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