09 Nov Benjamin Clementine au Grand Rex de Paris, entre grâce radicale et gravité.
Alors que son deuxième album, I Tell a Fly est sorti le 15 Septembre dernier, l’artiste anglo saxon, Benjamin Clementine à démarré une tournée et est bien évidemment passé par la capitale. Pour sa deuxième date française, l’ancien lauréat du Prix Mercury a pris possession du Grand Rex, l’une des salles emblématiques de la scène parisienne. Retour sur une prestation qui n’a laissé personne de marbre.
Cela faisait un peu plus d’un an que Benjamin Clementine n’était pas monté sur les planches parisiennes et ce soir, les murs de cette salle de cinéma ont vibré au son de cet artiste de talent, au rythme de sa voix grave et envoûtante. En attendant le début du concert nous pouvons d’ores et déjà voir la scénographie qui servira de décor et élément central du show. Très sobrement et de façon assez théâtrale, nous devinons qu’un guitariste et un batteur surplomberont le chanteur et seront entourés de 6 mannequins en plastique (2 femmes enceintes, 2 enfants, 1 nous tournant le dos et 1 homme assis plus à l’écart).
Étant annoncé a 20h, l’attente se fait sentir.
20h51, les lumières s’éteignent enfin. Un silence se crée et fait résonner les première notes de Farewell Sonata. Accompagné de ses musiciens, Benjamin fait son entrée, en déambulant et multipliant les pas sur l’ensemble de la scène, dans un jeu de lumière tourbillonnant.
Tous les trois vêtus de combinaisons de chaudières bleues et tous pieds nus. Quand le chanteur entame son God Save the Jungle, une pop baroque avec la sensation d’un numéro musical avant-gardiste, c’est avec une grâce et une gravité majestueuses. Avec ses chants maniérés et ses références célestes à un «étranger qui passe en souhaitant la paix à tous».
Les chansons s’enchaînent avec de nouveaux personnages en plastique qui font leurs apparitions dans le noir, comme on change un décor de théâtre. Clementine se réfère, entre autres, à la migration, au problème des réfugiés dans Calaisfornia, au brexit et à la Syrie, ainsi qu’au fait d’élever des enfants victimes d’intimidation dans Phantom of Aleppoville.
Après le 5ème morceau, il quitte la scène, laisse la salle plongée dans un noir absolu, des applaudissements se tentent timidement. Au bout de quelques minutes, il revient sur scène.
Il a changé de tenue. Dans une chemise à volants blanche et pantalon en velours noir, il s’adresse enfin à son public et lance un simple « Hello ». Les applaudissements se font alors plus forts et chaleureux. L’artiste nous demande à deux reprises « ça va ? » auquel il nous répond un « Cool! » drôle et maladroit quand nous lui disons que oui, ça va! Avec le drapeau américain, qu’il va mettre sur un des mannequins posé au centre de la scène, il continue le spectacle et livre son nouveau single Jupiter comme il l’avait fait dans C à vous sur France 5.
Après cela il nous demandera si « Macron bien, Macron joli ? » . Des ricanements se font entendre. Il séduit par son français maladroitement parlé.
Pendant Better sorry than safe, il est accompagné de son batteur et guitariste sur une charpente avec des roues en dessous et qui se déplace de gauche à droite à travers la scène.
À la fin d’Ave Dreamer la musique s’arrête, laissant place à de sublimes échos, faisant vibrer le son de sa voix avec une floraison de clavecin, avant de plonger la salle dans le noir.
Benjamin Clementine revient après s’être changé encore une fois. Dans un ensemble noir et toujours pieds nus il vient se percher sur un tabouret haut, devant son piano à queue, dans l’obscurité totale. Ayant un problème technique avec son pied de micro, il reste immobile et silencieux, attendant que le technicien règle la situation.
Il commence son célèbre Condolence et la salle entame une série d’applaudissements. Il clôture son concert avec I won’t complain. À la fin du morceau, il enlève ses écouteurs, éloigne son micro et ne cesse de chanter pendant plusieurs minutes les paroles « Though my good days are far gone, they will surely come back one morn, so I won’t, I won’t complain » en marchant autour de son piano, entrainant les rires des personnes qui tentent de chanter avec lui.
Après avoir présenté ses musiciens, il salue son public.
« If it was too loud, sorry, it’s finished now, thank you very much. »
Après avoir présenté ses musiciens, il salue son public.
22h10, il quitte définitivement la scène.
Cet artiste rare, sans fards et imprévisible, mérite la standing ovation qu’il provoque, même si les personnes présentes ce soir en attendaient probablement davantage.
Setlist :
Farewell Sonata
God Save the Jungle
Calaisfornia
Better Sorry Than a Safe
Phantom of Aleppoville
One Awkward Fish
Jupiter
Paris Cor Blimey
By the Ports of Europe
Quintessence
Ave Dreamer
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Condolence
I won’t complain
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