31 Août Rock en Seine 2018, jour 2: la rédemption de Liam Gallagher
Retour au Parc de Saint-Cloud pour cette seconde journée de l’édition 2018 de Rock en Seine en compagnie de Liam Gallagher et d’Anna Calvi. Récit.
Nous arrivons sur les coups de 16h15 devant la scène de la Cascade pour notre premier set de la journée, celui du petit prodige SG Lewis. Rythmé, funky, le musicien a réussi à faire bouger une foule clairsemée en ce début d’après-midi en balançant banger sur banger; un certain gage de qualité et un signal encourageant pour un futur album à venir. À surveiller!
Direction la Main Stage maintenant pour le set de Cigarettes After Sex. S’il apaise par sa douceur et sa délicatesse, on peut cependant se questionner quand au positionnement de ce set : sur la Main Stage et en plein milieu d’après-midi. Un set nocturne sur une plus petite scène aurait largement amplifié l’impact de ce set, qui laisse tout de même rêver à l’issue de l’incontournable Nothing’s Gonna Hurt You Baby.
Retour à la scène de la Cascade pour aller assister au set de l’intense Anna Calvi. Nous ne serons pas déçus: jonglant entre ses classiques et les nouveautés de l’impressionnant Hunter à paraître, Anna Calvi détonne, déroute et étourdit. Interprétant chaque titre avec une intensité folle, la musicienne étire chacun de ses titres à d’inimaginable extrêmes, soutenue par un live band aux petits oignons. D’éclatants solos en roulade sur le sol, il se dégage de la musicienne une énergie qu’on ne retrouve pas dans la concurrence en terme d’artiste solo. On ressort de cette performance secoués, presque épuisés, mais résolument épatés. Long live Anna Calvi.
Nous revenons sur la Main Stage pour assister à la débauche King Gizzard & the Lizard Wizard. Garage rock par excellence, le groupe pioche avec malice dans les titres des 5(!) albums qu’ils ont sortis en 2017(!!) et se lancent dans de frénétiques interprétations, ne laissant pas le temps au public de respirer. La virtuosité de la formation est évidente, et les premiers rangs profitent de cette folie furieuse parfaitement maîtrisée, lançant des pogos, mosh-pits et circle pits qui ne s’arrêteront qu’une fois le son coupé. Rattlesnake, Digital Black, Cellophane, l’odyssée Crumbling Castle; la formation impressionne et épate, ne frôlant jamais la fausse note. Électrisant.
Posés devant la Main Stage, il était maintenant temps pour nous de retrouver une figure historique de Rock en Seine: 9 ans après la brutale rupture d’Oasis, Liam Gallagher, moitié de la formation, vient en effet se produire sur cette même Main Stage qu’il n’a finalement jamais foulé. C’est évidemment avec un peu de retard que Manchester City Champions Chant puis Fuckin’ In the Bushes résonnent, avant que finalement Liam ne monte sur scène, accompagné de ses musiciens. Entamant le set sur Rock ‘n’ Roll Star puis Morning Glory, le fan d’Oasis de 2009 a enfin sa revanche: la voix d’Oasis est bel et bien là, et elle n’a pas pris une ride. Si sir Gallagher prend évidemment le temps de défendre son opus solo, As You Were, avec en point d’orgue la puissante Wall of Glass, c’est évidemment les titres d’Oasis qui priment et qui sont le mieux reçus par le public. Le chanteur, mains derrière le dos, bouche collée au micro, pousse même le vice: « je savais bien que les backstages étaient familiers! », avant de dédicacer le sublime Champagne Supernova à son frère, Noel. Vers une réconciliation? Impossible de dire, mais en attendant, Liam tire sa révérence avec un enchaînement de tous les diables, proposant à la suite Whatever, Supersonic, Cigarettes & Alcohol et l’inévitable Wonderwall, avant de finir sur Live Forever. Rien à dire, cette réconciliation d’une moitié des Gallagher avec Rock en Seine était particulièrement savoureuse.
Retour à la scène de la Cascade. Sous une scénographie composée de superbes néons blancs lumineux, Charlotte Gainsbourg vient livrer en live son nouvel album, Rest. Ring-A-Ring O’ Roses, Deadly Valentine, Sylvia Says; accompagnée de talentueux musiciens (dont un face à un mur de complexes boutons, épatant), la chanteuse livre un set parfaitement porté par sa délicate voix et sa touchante humilité. Charlotte s’attaquera également au répertoire de son père, livrant d’émouvants Charlotte For Ever et Lemon Incest. Charlotte For Ever: on aurait pas dit mieux.
Dernier set de la journée avec 30 Seconds to Mars sur la Main Stage. Inutile de tourner autour du pot: le show est plombé par un Jared Leto mégalo, inutilement grossier et à la limite du ridicule. Délaissée par Tomo Milličević, la formation tourne alors en circuit fermé avec les deux frères Leto, poussant les curseurs au maximum du ridicule sur tous les aspects du set: prises de paroles interminables et encore une fois grossière pour rien, multiples stage invasion qui finiront par faire perdre 20 bonnes minutes de set (et donc 2 chansons en moins sur la setlist initialement prévue), tentative du gourou Leto de communiquer (comme à chaque concert) avec un gamin ne parlant pas un mot d’anglais, scénographie pauvre à pleurer, … La formation (ou devrions-nous dire Jared Leto?) tombe dans tous ses travers et se vautre totalement. Sur le plan musical, le set reste, heureusement, toujours aussi efficace, blindé de hits (Kings & Queens, Walk on Water, The Kill, Closer to the Edge), mais le chemin pour y parvenir est si tortueux et risible qu’on ne peut recommander l’expérience. Il serait temps de changer de registre monsieur Leto.
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