05 Sep IDLES – Joy as an Act of Resistance
On commence à bien connaître les fous furieux d’IDLES. Alors quand les 5 compères proposent leur second album, on écoute. Et on critique.
La fulgurante ascension d’IDLES est absolument jouissive et méritée. Punk et sans concession, le quintet a sorti l’an passé le formidable Brutalism et n’a depuis cessé de sillonner les salles et festivals pour délivrer des lives abrasifs et forcément remarqués. Le fruit de cette longue tournée est maintenant à nous: Joy as an Act of Resistance.
Tout ce que vous avez pu entendre sur ce disque est vrai, il est donc inutile d’y aller par 4 chemins: Joy as an Act of Resistance est ce qu’on appelle un instant classic, un chef-d’œuvre indiscutable et indispensable qui emporte dès la première écoute et dont on se rappellera dans les années à venir. Plongeons dans le cœur de la bête.
L’introduction Colossus est à elle seule une monstrueuse et intimidante preuve de la puissance du groupe et de l’album qu’ils ont créé. S’étirant sur presque 6 minutes, le titre passe sa majeure partie à monter en puissance, encore, encore, encore, encore, jusqu’au point de rupture. Silence. Attente. Et finalement la déflagration punk vient nous souffler la joue avec férocité, violence et déluge de guitares. « I put homophobes in coffins« . La meilleure ouverture de l’année? On y mettrait notre main à couper.
Et ce n’était que la première piste d’un album qui en comporte 12. De là, IDLES ne feront qu’améliorer la recette éprouvée sur Brutalism, que ce soit au niveau de leurs interprétations, de leurs textes ou de leurs structures. Chaque chanson a sa singularité, chaque chanson révèle son vortex de violence, chaque chanson se démarque avec une facilité déconcertante.
Soutenus par un bassiste (Adam Devonshire) et un batteur (Jon Beavis) intenses et explosifs, le trio de tête (Mark Bowen et Lee Kiernan aux guitares, Joe Talbot au chant) sont libres d’expérimenter sans concession, de proposer une expérience totale et déconcertante. Difficile de caractériser l’énergie de titres comme Never Fight a Man with a Perm, I’m Scum ou Television, sinon qu’elle est résolument intense et jouissive. Une mention spéciale mérite d’être décernée au refrain de Danny Nedelko et à sa sublime guitare, inattendue et incontournable.
Évidemment, si certains titres lorgnent vers un rock agressif, IDLES ne sont jamais aussi bons que quand ils délivrent un punk énervé et brutalement honnête. Joy as an Act of Resistance propose évidemment ces moments, avec en première ligne le vénéneux Love Song, secondé par le désenchanté Great. Maître de sa structure, le quintet sait habilement faire retomber l’intensité pour mieux la faire remonter par la suite: June, brutalement honnête et déchirante, est ainsi habilement placée en pièce pivot de la galette, afin de souffler légèrement, l’espace de quelques minutes.
June mis de côté, impossible de trouver un temps mort à ce nouvel effort, IDLES tirant astucieusement leurs cartouches jusqu’à la toute fin, nous quittant avec un Rottweiler frénétique et déjanté, conclusion live du groupe pour une très bonne raison. Mais il est un titre essentiel donc nous n’avons pas encore parlé: Samaritans.
S’il est une idée qu’il faut bien garder en tête, c’est qu’IDLES n’est pas une banale formation de punk; ou plus précisément, IDLES ne se contente pas de délivrer une énergie punk impeccable et impressionnante (ce qui est déjà beaucoup). Quand Joe Talbot prend le micro, c’est pour fendre le crâne des racistes, des homophobes, des oppresseurs, des masculinistes, des fachos, de toutes les personnes cherchant à gâcher le bonheur des minorités opprimées. Dans Samaritans, Joe Talbot s’attaque au mythe de la virilité masculine et la déconstruit brique par brique, sans pudeur. Fini le mythe de l’homme viril devant porter ses grosses couilles, séduire des femmes et ne jamais pleurer. « I kissed a boy and I liked it« . C’est sans l’ombre d’un doute ce qu’on a fait de plus punk depuis de nombreuses années. Vive IDLES.
________________________________________________________________________
Tracklist
Colossus
Never Fight a Man with a Perm
I’m Scum
Danny Nedelko
Love Song
June
Samaritans
Television
Great
Gram Rock
Cry to Me
Rottweiler
Nos morceaux préférés: Colossus, Never Fight a Man with a Perm, Danny Nedelko, Samaritans, Great, Rottweiler
No Comments