04 Mar Foals – Everything Not Saved Will Be Lost, Pt. 1
Foals continuent leur métamorphose avec le premier opus d’un diptyque d’ores et déjà mémorable, Everything Not Saved Will Be Lost. Écoute et critique.
On avait laissé Foals au sommet, avec un What Went Down poursuivant à merveille l’exploration des territoires musicaux défrichés sur Holy Fire. Une tournée qui a amené le quintet en tête d’affiche des plus grands festivals du monde, cumulant les dates à guichets fermés. Puis blues post-tournée, nécessité d’introspection, départ de Walter, bassiste adoré. Et le challenge complexe de revenir à ce sommet, dans une industrie digérant la musique à une vitesse folle.
Foals se sont emparés de toutes ces problématiques et de toutes ces expériences et les ont absorbées, digérées, modelées. Enregistrant dans un studio à deux pas de leurs domiciles, Yannis, Jack, Edwin et Jimmy ont abordé l’identité sonore de Foals sous un nouvel angle, retravaillant un processus créatif, composant titre sur titre, élaguant, jusqu’à un évident constat: cet album sera en deux parties. Se présente alors ce Everything Not Saved Will Be Lost, Pt. 1, expérience que le groupe nous invite à apprécier, à digérer; mais dont nous savons que la vraie ampleur ne sera révélée que avec l’écoute, différente et complémentaire, de sa seconde partie.
Inutile alors de dire que pour cette réinvention, Foals se sont surpassés. Ce Everything Not Saved Will Be Lost premier du nom révèle des sonorités ambitieuses et inédites, facettes insoupçonnables d’un groupe affinant des compositions toujours plus inspirées. Une impression évidente dès l’aérienne introduction Moonlight, renforcée de nappes électroniques synthétiques évidemment séduisantes. « Be lightweight« , répète un Yannis qui survole le titre avec une apparente aisance. Nous ne pouvons que nous plier à ses ordres.
De là, Foals dévoilent petit à petit un kaléidoscope sonore frappant de sincérité et de puissance. Que ce soit sur un Exits toujours aussi palpitant, partageant un rythme irrésistible avec un In Degrees aux basses trépidantes, ou au détour d’un rock et implacable White Onions, voué à déchaîner de nombreux pogos en live, le groupe trouve la force de propulser ses compositions vers de nouveaux sommets, sachant tout aussi bien construire la tension (In Degrees et son climax insoutenable) que la maintenir constamment (White Onions, qui ne décolère pas à un seul instant).
Si ces morceaux se tiennent aussi bien musicalement, ils sont évidemment aidés par une production incroyablement raffinée, profitant des expériences tentées sur What Went Down il y a déjà 4 ans. Cela se ressent notamment sur un Cafe d’Athens brillant et regorgeant de subtiles sonorités, à la signature rythmique évoquant les heures les plus expérimentales de Radiohead. Une expérimentation qui vient se fracasser contre le ultra-hit On the Luna, expérimentation améliorée qu’on jurerait issue de Total Life Forever, ou encore contre un Syrups jouant la carte de l’apaisement et de la délicatesse pour finalement s’emballer dans une outro des plus apocalyptiques.
Si soniquement, Foals s’amusent à jouer sur deux vitesses, les paroles de notre cher Yannis Philippakis se révèlent elles plus mélancoliques que jamais. Des visions de destruction de la conclusion de Syrups au combat désespéré de White Onions en passant par la succession de vibrants souvenirs de On the Luna, le parolier livre ici des textes bruts, personnels et forcément touchants, qui traversent leur coquille sonore pour éclater aux oreilles de l’auditeur. Une émotion dévastatrice synthétisée dans la conclusion I’m Done With the World (& It’s Done With Me), ballade piano voix dépareillée de toutes fioritures, sonnant comme la fin d’une ère.
Mais cet adieu au monde ne se fait pas sans une ultime célébration; Sunday, ultime ode à la félicité emplie d’espoir et de puissance. Une dernière danse avant l’apocalypse, un dernier climax instrumental et vocal avant de quitter la civilisation. « The birds are all singing ‘It’s the end of the world’« . Le ciel peut bien prendre feu, l’océan peut bien nous engloutir, la nature peut bien se rebeller contre l’espèce humaine; d’ici là, Foals s’affirment encore et toujours comme l’un des groupes les plus essentiels de sa génération. Rendez-vous pour la partie 2.
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