21 Mar John J Presley – As The Night Draws In
Pour son premier album, le bluesman britannique John J Presley livre un effort brut, habité et envoûtant à souhait.
Si son nom peut évoquer assez facilement une icône du rock’n’roll, John J Presley n’a aucun lien avec le grand Elvis. Natif de Birmingham, amoureux de blues depuis sa tendre enfance, l’artiste anglais est une véritable attraction et son album, premier effort on ne peut plus obsédant, en est l’incarnation.
Avec sa guitare stoner comme sur Exhale and Go, une voix rauque et ensorcelante, Presley navigue entre un rock heavy et un blues sombre et électrique. A l’instar de True Love Waits, probablement l’un des morceaux les plus déroutants de ces derniers mois, Presley surprend et désarçonne autant par son timbre suave que par ses mélodies rugueuses et incandescentes. « Je n’ai pas réfléchi pour faire ce morceau, il s’est tout simplement imposé à moi. C’est là que j’aimerais être en permanence. Je l’ai enregistré comme je l’ai composé. D’un seul jet », dit-il à propos de ce single.
Alors on poursuit l’expérience. On jubile à l’écoute du mariage entre le riff envoûtant de Riders et cette espèce de nonchalance vocale absolument magnétique. On se surprend à rester bouche-bée devant The Fear, expérimental à souhait. On s’étonne devant And With The Last Laugh I Am Victorious, qui va chercher dans des sonorités plus jazzy. On savoure la rythmique de Rise and Fall. Se laisser porter n’a rien de compliqué avec John J Presley, comme avec Dance With Me, où il surfe sur les imperfections d’une justesse vocale – il récite plus qu’il ne chante – pour en tirer une force et un agaçant pouvoir d’attraction.
C’est un peu comme si PJ Harvey avait bouffé Tom Waits et Nick Cave, et ce n’est guère étonnant que les Blood Red Shoes aient choisi ce dandy barbu et chevelu mais toujours impeccable, en guise de première partie sur sa dernière tournée (avec un passage au Point Ephémère en février 2019). Du haut de sa trentaine bien tassée, John J Presley sait où il va. « Cet album est un reflet de mes frustrations et anxiétés mais on y trouve également une lueur de lumière. C’est le travail le plus profond et le plus complet que j’ai fait à ce jour« , se laisse-t-il dire, refermant 10 ans de tribulations résumées en une oeuvre complexe mais fascinante.
Il faut dire qu’avec cet As The Night Draws In, John J. Presley se joue des codes. Un peu comme Nick Cave dans son genre, l’Anglais donne dans l’hypnotique, mais va parfois encore plus loin dans sa manière de livrer sa musique, brute, insaisissable. A l’image de The Fault par exemple, on ne sait pas ce que l’on va croiser au détour d’un couplet. L’artiste n’hésite pas à aller dans l’instrumental pur, comme avec Cold Water, ou dans les saturations à l’envie dans Truth Is I’m Gone. L’album se referme avec une 14e piste, une ballade blues lancinante et solaire à la fois. Et de l’ombre jaillit la lumière.
Tracklisting :
- The Fear
- Left
- True Love Waits
- Exhale And Go
- Riders
- And With The Last Laugh I Am Victorious
- Dance With Me
- Right And High
- Rise And Fall
- The Fault
- Cold Water
- St Louis
- Truth Is I’m Gone
- On A Sunday
Nos morceaux favoris : True Love Waits, Riders, On A Sunday
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