La belle imposture de Pete Doherty à La Maroquinerie

Quand on remarque l’imposture mise en place par Pete Doherty à La Maroquinerie, on se rend compte que cet homme est un sournois stratège.

Présenter à son public un album qui n’est pas encore sorti n’est pas un exercice facile. Même avec ses vingt années de carrière, Pete Doherty n’échappe pas à la règle. Son concert dans une Maroquinerie complète avec son nouveau groupe, The Puta Madres, était donc en demi-teinte. Pourtant, on en sort avec l’impression que c’était l’un des meilleurs concerts de l’année, et ce parce que Doherty est très futé. A l’image du finish avec sa mythique chanson Fuck Forever, créant une effervescence sans précédent dans la salle, ce à quoi on s’attend lorsqu’on va voir Pete Doherty.

On le surnomme encore « l’enfant terrible du rock anglais », pourtant maintenant âgé de quarante ans, Pete Doherty n’a plus cette verve destructrice, il s’est calmé comme le prouve son dernier album des Babyshambles et son prochain album Peter Doherty & The Puta Madres. De fait, Doherty a du mal à entrainer avec lui ses fans de la première heure qui souhaitent retrouver l’énergie des Libertines.

Un groupe en retrait

Sur scène, Peter Doherty & The Puta Madres sont cinq, il manque seulement Miki Beavis, la violoniste, pour retrouver la formation du studio. On a un peu l’impression d’assister à une répétition live. Chacun est un peu de son côté jouant sa partie. Sauf pour Jack Jones, le guitariste (et frontman de Trampolene), et Doherty lui-même, on sent que ces deux là s’adorent. Ils forment un magnifique duo sur scène à se partager un micro, jouer face à face et s’enlacer. Certes Doherty a pris en maturité et à désormais quarante ans pourtant, sur scène, il semble être à jamais ce rockabilly jeune premier. Il a une timidité et une sensibilité touchante qui prouve à quel point il est passionné par sa musique et qu’il aime être sur scène. Il semble aussi très humble et ne se met absolument pas en avant, ses musiciens sont tout aussi important que lui, bien qu’il ne les présente pas.

Le live des Puta Madres est finalement assez déroutant. Ils n’interagissent pas tellement avec le public, et semble suivre une partition à la lettre. Doherty est un peu l’électron libre qui lui fait un peu ce qu’il lui plait. Le groupe alterne entre leurs nouvelles chansons et les classiques de Doherty. Néanmoins, même pendant ces dernières, le public a du mal à être totalement réceptif (exception faite pour Kolly Kibber, Last Of The English Roses et bien sûr Fuck Forever, alors que dès la première partie, la salle était bouillante. Comme si Doherty avait du mal à communiquer avec son public. Pourtant, même s’il ne lui parle presque pas, on voit qu’il l’aime, mais ce n’est qu’à certains moments qu’il montre expressément son plaisir à jouer pour lui, sinon on dirait qu’il ne semble même pas le voir. Ce qui ne lui empêche pas d’être parfait musicalement parlant. Il prouve encore une fois qu’il est un as de la guitare et qu’il a une magnifique voix, très juste même s’il marmonne par moment.

Fuck Forever, l’apogée du concert

Puis vient Fuck Forever. Un moment d’anthologie. A deux reprises Doherty tente de jouer Albion, sans succès. Il clame alors « Let’s do Fuck Forever », la salle est déjà en folie. Les premiers accords tonnent et la salle est en ébullition. Un semblant de mosh pit se forme et Doherty s’amuse comme un enfant. D’ailleurs, la fosse devenant un peu dangereuse, un fan inconditionné de Pete qui était au premier rang est amené sur scène puisque c’est encore un enfant. Le leader du groupe met quelques temps avant de l’apercevoir tellement il est pris dans son élan destructeur, mais dès qu’il le voit sur scène il est aux anges. Pete Doherty n’est finalement qu’un grand enfant, il danse alors avec son admirateur, le soulève dans les airs, et le fait chanter avec lui. A la fin du morceau, il le pose sur la batterie et le batteur Rafa le prend sous son aile. On a alors un grandiose final où ce jeune prodige partage frappe avec Rafa les dernières mesures du morceau, telle une rockstar en devenir. Pendant ce temps, la sécurité à du mal à gérer les autres fans qui montent sur scène sous l’indifférence de Doherty.

Un final bordélique digne de « l’enfant terrible du rock anglais ». On aurait aimé que tout le concert fut dans cette veine, mais il faut se rendre à l’évidence, Pete Doherty n’est plus ce jeune homme insouciant d’une vingtaine d’années, qu’on le veuille ou non, il a pris en maturité et en tant que public, on doit mûrir avec lui.

Retrouvez toutes les photos du concert ici.

SETLIST

All At Sea

Hell To Pay At The Gates Of Heaven

Narcissistic Teen Makes First XI

Who’s Been Having You Over

I Don’t Love Anyone (But You’re Not Just Anyone)

The Whole World Is Our Playground

Kolly Kibber

Shoreleave

Last Of The English Roses

Travelling Tinker

Someone Else to Be

You’re My Waterloo

Paradise Is Under Your Nose

Fuck Forever

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