18 Avr L’épatante déflagration rock de Drenge au Nouveau Casino
Ils n’ont toujours pas le succès qu’on leur avait promis. Malgré un concert en apparence mineur, Drenge ont livré au Nouveau Casino un set explosif dont les acouphènes nous marquent encore. Récit.
Duo, trio et maintenant quatuor. À chaque album un nouveau membre; une évolution cohérente pour les frangins Eoin et Rory Loveless (l’un à la guitare, l’autre derrière les fûts) tant le style de leur originel duo a évolué avec les années. De leur éponyme premier album à l’excellent et tout récent Strange Creatures, la formation a travaillé son approche mélodique et rythmique, incorporant d’inédites sonorités avec à la clé une évidente question: ça donne quoi en live?
4 musiciens donc, tandis que les frangins s’avancent sur scène, flanqués d’un bassiste et d’un guitariste, cheveux gominés et rouflaquettes en renfort. Drenge savent créer une ambiance et démarrent leur set avec l’ultra-atmosphérique No Flesh Road, titre lancinant aux inquiétantes sonorités qui plonge le Nouveau Casino dans une ambiance sombre bien distincte; un chemin de croix vers l’obscurité confirmé par The Woods, singles du sophomore Undertow, diablement efficace. Les bases sont posées; la fête peut commencer.
Porté par une malicieuse ligne de basse, le quatuor se lance dans un Bonfire of the City Boys surpuissant avec un refrain aux guitares complémentaires absolument irrésistible. Mais le public, timide, reste de marbre. Qu’importe; Eoin abandonne sa guitare et s’improvise crooner incarné tandis que Rory lance le syncopé rythme du tout nouveau Autonomy, passant haut la main l’épreuve du live.
3 titres, 3 albums: toujours à 1 guitare, le quatuor lance un Face Like a Skull séminal qui vient ravir les fans de la première heure avant d’enchaîner sur un Never Awake nocturne, puissant et délicieux, pour finalement lâcher un This Dance irrésistible. Un très bel enchaînement résumant l’évolution d’un groupe refusant de s’enferme dans une case; volonté entérinée par Teenage Love, extrait de Strange Creatures avec basses de synthétiseurs à l’appui, agrémenté en milieu de course par un solo abrupt et sauvage de Eoin, qui lâche sa gratte aussitôt pour reprendre sa position de frontman. Le chant ne tombe pas toujours juste, mais la puissance d’interprétation compense largement cette légère tare.
Drenge reprennent leur souffle le temps d’un Backwaters aux arrangements inédits, prenant le temps de déconstruire le morceau pour proposer une nouvelle approche toute aussi délectable. Vient ensuite Running Wild, pépite implacable avec un des (les?) meilleurs arrangements du groupe. On s’en remet tout juste que le quatuor assène un Bloodsports fiévreux. Miracle: le public se réveille enfin, lance un mosh pit enragé ouvrant la salle dans presque toute sa largeur. L’outro, dantesque, est accueillie avec force par un public aux anges. Même le groupe n’en revient pas. « Woaw! Qu’est-ce que le fuck? »
La température redescend légèrement avec le cri du cœur People In Love Make Me Feel Yuck suivi de très près par When I Look Into Your Eyes, atmosphérique conclusion du 3ème opus de la formation. Le titre éponyme, Strange Creatures, arrive justement, avant que le quatuor ne conclue par un Let’s Pretend monumental, trek rock alternatif aux multiples vitesses résolument assourdissantes et définitivement jouissives. Le groupe s’éclipse quelques secondes avant de revenir sur scène.
« Merci pour votre accueil! Ça nous fait plaisir de jouer à Paris, ça faisait longtemps! » Drenge se lancent dans un Prom Night titanesque, aux accents de saxophone remplacés par une guitare en larsen transcendante et surpuissante. Finalement, la clôture We Can Do What We Want vient rouvrir les pogos avec une belle intensité et offre un très beau round de conclusion à la tête d’affiche de la soirée, Eoin profitant des dernières fréquences assourdissantes pour serrer les mains de premiers rangs aux anges. Le groupe s’éclipse cette fois pour de bon, après un set faisant le choix d’occulter les plus gros singles pour proposer un set oscillant entre l’obscur et le brutal, prouvant encore une fois le chemin parcouru par Drenge en 6 petites années. Si cela ne vous a toujours pas convaincu de leur donner leur chance…
Setlist Drenge @ Nouveau Casino (17/04/2019)
No Flesh Road
The Woods
Bonfire of the City Boys
Autonomy
Face Like a Skull
Never Awake
This Dance
Teenage Love
Backwaters
Running Wild
Bloodsports
People In Love Make Me Feel Yuck
When I Look Into Your Eyes
Strange Creatures
Let’s Pretend
–
Prom Night
We Can Do What We Want
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