Loyle Carner éblouit le Point Éphémère de son talent

Après la sortie de son excellent deuxième album Not Waving But Drowning, Loyle Carner revenait à Paris. Comme à son habitude, le londonien a offert un show puissant, sincère et bourré d’émotion.

Loyle Carner continue son ascension fulgurante. Après un premier opus nommé au Mercury Prize et des performances sublimes au Pitchfork Paris Festival ou au Badaboum, Loyle Carner prend une autre dimension. Ce soir un Point Éphémère sold out en une journée et dans quelques mois un passage à l’Elysée Montmartre. Loyle Carner aime Paris. Et Paris lui rend bien. Démonstration ce soir.

On s’attend à une foule compacte en arrivant quai de Valmy. C’est plutôt sur les quais, pour l’apéro que les parisiens se sont donnés rendez vous en cette soirée ensoleillée. Il faudra attendre quelques dizaines de minutes après l’ouverture des portes pour voir le Point Éphémère se remplir comme prévu. C’est un DJ Set de DJ Adlantico qui démarre la soirée. Rien de démentiel, mais une mise en jambe adapté. Des tubes hip-hop, r’n’b et soul rythment ce début de soirée.

Loyle Carner est attendu à 21h15. C’est avec 5 petites minutes de retard que le rappeur entre en scène avec Ice Water. Accompagné par un claviériste, un bassiste et son acolyte Rebel Kleff, Loyle Carner apparaît sous les applaudissements avec un maillot de l’Equipe de France sur les épaules. Pas n’importe lequel, celui de la victoire française en 98. Lorsque Zidane inscrit son doublé face au Brésil en finale de Coupe du Monde, Benjamin Coyle-Larner n’a que 3 ans. Mais cela a dû le marquer.

On a d’ailleurs pu remarquer sur twitter ces dernières semaines que le rappeur offrait des places à des fans qui lui amenait des maillots de foot collector. Une manière originale de faire du troc…

Après cette entrée remarquée, le londonien enchaîne rapidement avec l’un des tubes de son dernier opus. You Don’t Know et son refrain soul pose les bases d’un set musicalement parfait. Rebel Kleff aussi pose ses premiers mots sur la scène parisienne avec un couplet tranchant. Déjà le public applaudi chaleureusement. En fait, le public n’applaudit pas mais il acclame littéralement le rappeur, incapable de reprendre la parole devant une telle ovation. Visiblement touché, Loyle Carner remercie un Point Ephemere maintenant bien complet et déjà bouillant.

Alliant avec subtilité et précision morceaux des 2 albums, le rappeur impressionne. Comme sur Stars & Shards et son riff splendide. Il présente aussi son grand ami Tom Misch avant d’entamer le planant Angel. Loyle Carner fait voyager son audience. Parce que c’est aérien, planant, quasi jouissif. Sincère, toujours, Loyle Carner touche par sa proximité, son authenticité. Il se déplace beaucoup sur scène, communique régulièrement avec l’audience.

Et ce public là lui rend bien. Comme sur Damselfly (encore un duo avec Tom Misch). Chaque morceau apporte une ambiance différente, chaque membre du groupe assiste parfaitement le rappeur dans sa performance. On le sait aussi, Loyle Carner est très proche de sa mère. Il en parle rapidement avant Florence, qu’il lui dédie. Encore une fois, magnifique titre où l’engagement de Loyle Carner est complet. Même lorsqu’il ne rappe pas, il accompagne le refrain de Kwes de ses lèvres et de ses gestes. Presque comme les fans…

Cependant, le public donnera encore plus de voix pour les morceaux qui ont fait de Loyle Carner l’artiste qu’il est aujourd’hui. The Isle of Arran, No CD, Ain’t Nothing Changed. Tous placés en seconde partie de set, ces 3 morceaux (et en particulier le deuxième) vont retourner le Point Ephemere. Le public accompagne le londonien dans son flow. Lorsque Rebel Kleff rejoint Loyle sur le devant de la salle pour No CD, l’audience exulte. La complicité entre les 2 est flagrante. L’énergie qui en ressort est belle à voir, les sourires dans la salle s’affichent fièrement.

Après chaque morceau (ou presque) Loyle Carner remercie le public par « I appreciate it » et il ne ment pas. Au delà de performer, il kiffe. Et c’est cela qui rend ce concert si spécial. Enfin jusqu’au rappel.

Après Ain’t Nothing Changed, Loyle Carner et son groupe quittent la scène. Il reviendra quelques minutes plus tard, seul. A la manière d’un freestyle, il entame un poème écrit plusieurs mois auparavant. Jusqu’à ce qu’un des membres de l’audience ne le suive dans son rap. La première fois qu’il termine une phrase, le rappeur ne peut s’empêcher de rire. La seconde fois, il paraît étonné, il n’y croit pas. La troisième fois est la bonne. Loyle Carner s’arrête, et invite le héros du soir sur scène. Ils finiront par rapper à 2 sous l’ovation d’un public, plus que jamais conquis. Un moment pur, beau que nous n’oublierons pas de si tôt.

Finalement, le set s’achève avec LE single de Not Waving But Drowning : Loose Ends. Le morceau où apparaît Jorja Smith est un véritable bijou. Il clôture le concert avec brio. Après 1 heure de show, Loyle Carner quitte définitivement le Point Ephemere sous un tonnerre d’applaudissement bien mérité. Il sera de retour à l’Elysée Montmartre en décembre prochain. Immanquable.

SETLIST :

Ice Water

You Don’t Know

Stars and Shards

Angel

Damselfly

Florence

Dear Jean

Desoleil

The Isle of Arran

Looking Back

Ottolenghi

No CD

Ain’t Nothing Changed

Encore

Loose Ends

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