02 Juin Rock, pop, punk et nostalgie : en tournée avec les Manic Street Preachers
Célébrant les 20 ans de This Is My Truth Tell Me Yours, SoB revient en exclusivité sur le marathon rock des Manic Street Preachers au Royaume-Uni.
Posons immédiatement le décor : les Manic Street Preachers font parti des personnalités britanniques hissées au rang de National Treasure. Une distinction méritée résultat d’une musique honnête et toujours passionnée qui déclenche une fidélité sans faille des fans britanniques depuis bientôt 30 ans.
L’histoire du groupe est basée sur une amitié qui débute dès la petite enfance entre 4 garçons issus de la classe ouvrière galloise. Témoins des injustices sociales flagrantes des 80s, la formation débute en déversant au son d’un punk rageux des diatribes efficaces et pertinentes car très documentées. Une fois la scène britannique intégrée au début des 90s, le vrai succès est rapidement atteint en 1994 avec le brillant et très sombre album The Holy Bible qui reste à ce jour un des disques les plus militant de cette decennie. Le drame de la disparition de la plume du groupe Richey Edwards en 1995 (à ce jour jamais élucidée) a teinté d’une aura quasi mystique un groupe qui a réussi à garder le cap en se maintenant sur le devant de la scène, dans un registre plus accessible mais tout aussi socialement engagé.
Les Manic Street Preachers se sont révélés en 1996 avec Everything Must Go, album thérapeutique mais jamais larmoyant qui a ouvert le registre du groupe au succès commercial. La reconnaissance se fait en 1998 avec This Is My Truth Tell Me Yours, qui fort de 4 millions de copies vendues, a définitivement entériné le groupe parmi les grands.
Depuis lors, peu de pauses et munis aujourd’hui de 14 albums, les Manics ont traversé deux décennies proposant des disques qui à défaut de systématiquement rencontrer des succès phénoménaux, ont toujours eu le mérite de livrer des chansons et des thèmes en adéquation avec les ressentis et expériences du moment, les membres n’ayant jamais travesti leur travail pour rentrer dans des cases. La solidité du trio (James Dean Bradfield au chant et à la composition musicale avec son cousin le batteur Sean Moore, l’écriture étant devenu la responsabilité de Nicky Wire, le bassiste poète et adepte des tenues brillantes) fait de cette formation une espèce de monolithe indéboulonnable.
Qu’en est-il de leur relation avec la France ? Si les albums sont à chaque sortie généralement reconnus par la presse, le public, peut être du fait de la barrière de la langue, n’est pas aussi présent que les voisins britanniques. Leur passage n’étant pas systématique à chaque tournée (pas d’Hexagone pour cet anniversaire), il faut donc se déplacer outre manche pour participer aux célébrations.
La tournée TIMT (petit raccourci pour un des noms d’albums le plus long qu’il soit) a proposé 13 dates ce mois de mai en 3 semaines, entre l’Irlande, L’Écosse et l’Angleterre. Un set découpé en deux parties, la première consistant en l’interprétation de l’album TIMT, suivie d’une deuxième partie faisant place aux tubes et à quelques raretés, le tout durant 1h45. S’étant déjà frottés à l’exercice avec leurs deux autres albums les plus significatifs (20 ans de The Holy Bible en 2015 et d’Everything Must Go en 2016), c’est encore un réel privilège qui est offert aux fans car les concerts se déroulant dans des petites salles (jamais plus de 1000 personnes), l’intimité est de mise.
On retrouve les membres du groupe toujours fidèles à eux même sur scène : James Dean Bradfield en leader à 100% absorbé par son jeu, venant chercher la foule sur ses solos et prompt à quelques anecdotes d’époque, voir quelques blagounettes bien ficelées. Nicky Wire, derrière ses lunettes sombres et munis de ses nombreuses vestes rutilantes faites de strass, patchs et autres badges militants, se dandine, saute et inonde son public de sourires. Sean Moore, stoïquement assis aux fûts, mène la rythmique du set. Accompagnés de musiciens devenus maintenant des fidèles – dont le tatoué guitariste Wayne Murray et le claviériste Nick Nasmyth– le set oscille entre punk aux po-go juvéniles, ballades mélodieuses et émouvantes, pop remuante et rock affuté particulièrement addictif. Les balcons et la fosse sont à l’unisson, les paroles sont chantées à tue tête, et tous les âges sont représentés.
Il est à souligner que les fans des Manic Street Preachers sont pour beaucoup dans cette réussite. La sympathie et la bienveillance entre eux est naturelle, ce qui en désarmerait plus d’un par ici. L’attente – queueing– fait partie intégrante de la fête, car c’est ainsi qu’est vécu chaque show. Durant les 7 concerts auxquels j’ai assisté, il ne s’est jamais passé une seule journée sans que je fasse la connaissance d’autres admirateurs. Point de regards de travers, aucune comparaison mal venue, l’amour porté au groupe est toujours sujet à discussion respectueuse et amusante. On reconnaitra facilement les adeptes de Nicky Wire, ici les spectateurs à droite de la scène arborant fièrement paillettes, plumes, tissus au motif léopard ou autres tenues militaires synonymes des périodes les plus glam de ce dernier et de Richey Edwards.
Cambridge, Londres, Manchester, Birmingham, Édimbourg et Liverpool furent les lieux de mes pérégrinations qui n’ont fait que conforter ma profonde admiration pour ce groupe depuis maintenant 25 ans. La tournée reprenant cet été chez eux au Pays de Galles au sein du château de Cardiff, puis dans plusieurs festivals européens et venant se clôturer de façon majestueuse à Tokyo en septembre (le Japon ayant été le premier pays à les accueillir comme des stars – et accessoirement la coupe du monde de rugby s’y déroulant au même moment, les malins), 2019 sera marquée par le meilleur du rock gallois à ce jour. Nous attendons évidement la suite, la cinquantaine n’ayant pas altéré leur incroyable productivité. Stay Beautiful !
PHOTOS DU CONCERT DE LIVERPOOL ICI
This Is My Truth Tell Me Yours TOUR, Manic Street Preachers @UK 12-31 mai 2019
- The Everlasting
- You Stole The Sun From My Heart
- Ready For Drowning
- Tsunami
- My Little Empire
- I’m Not Working
- You’re Tender & You’re Tired
- Born A Girl
- Be Natural
- Black Dog On My Shoulder
- Prologue To History
- S.Y.M.M
- If You Tolerate This Your Children Will Be Next
- Sleepflower
- Your Love Alone Is Not Enough
- International Blue
- Motorcycle Emptiness
- Solitude Sometimes Is
- People Give In / It’s Not War (Just The End of Love) / From Despair To Where / Sweet Child of Mine (cover Guns & Roses)
- La tristesse durera
- You Love Us
- No Surface All Feeling
- A Design For Life
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