19 Août Interview : Metronomy, au bord de la mer
C’est dans le bar du camping des Prairies de la Mer, à quelques kilomètres de Saint Tropez, que nous avons fait la connaissance de l’iconique quintet britannique à l’occasion du festival gratuit Plage de Rock.
Nous avons rencontré Metronomy, à quelques semaines de la sortie de Forever, un sixième album décrit par le chanteur du groupe comme un condensé de Metronomy. Notre interview commence avec Joseph Mount, leader iconique de la formation, rapidement rejoint par le reste du groupe.
Vous semblez fans de la Riviera anglaise, à laquelle vous avez consacré un album ; vous êtes sûrs de ne pas préférer la Riviera française ?
Joseph Mount : C’est marrant car la Riviera anglaise essaye de copier la française. Dans le sud de la France l’eau est très chaude, alors qu’en Angleterre elle est froide, il y a des vagues. Mais il y un sentiment particulier lorsque l’on se rend sur la Riviera anglaise, comme quelque chose de magique, une transformation faisant de cette côte un endroit qui attire. Mais je préfère la Riviera française, je l’avoue.
Interessant, c’est une petite victoire pour la France. Venir ici c’est un peu comme des vacances sur la côte pour vous, non ?
J. M. : Pas réellement car nous jouons ! (rire) Plus sérieusement, ça fait du bien de pouvoir un peu nager dans la mer !
Quelle relation entretenez-vous avec la France ? Votre petite amie est française !
J. M. : Oui, ma petite amie, avec laquelle je suis depuis dix ans, est française. Avec le groupe Metronomy nous entretenons aussi une longue histoire avec le pays. C’est le premier a avoir cru en nous. Nous aimons vraiment la France, et on nous le rend bien.
On peut s’attendre à ce que vous jouiez Heartbreaker en français ce soir ? On peut vous aider si vous avez besoin d’aide.
J. M. : (rire) J’ai peur qu’on ne joue cette chanson qu’en anglais !
Peut-être le prochaine fois alors ! Vous allez sortir un nouvel album, Forever. A quoi vos fans doivent-ils s’attendre ?
J. M. : Cela dépend, je dirais. Cet album est le premier contenant toutes les différentes versions de Metronomy. Si vous vous nous connaissez depuis Nights Out, l’album vous semblera familier, de même que si vous écoutez le groupe depuis The English Riviera ou même avant.
« Cet album est le premier contenant toutes les différentes versions de Metronomy »
Vous regardez en arrière tout en créant quelque chose de nouveau ?
J. M. : A chaque fois que l’on écrit un album c’est une expérience où l’on apprend quelque chose. Ce n’est pas forcément regarder en arrière, c’est plutôt utiliser les compétences que l’on découvre pour créer quelque chose de nouveau. Mais on espère avancer, plus que reculer !
Votre album comportera 17 chansons, c’est beaucoup pour un album de nos jours. Vous en pensez quoi ?
J. M. : Oui c’est beaucoup pour un album. Mais si vous créez une playlist sur un service de streaming, cela comportera beaucoup plus que 17 chansons. Il se passe quelque chose d’intéressant car les gens n’écoutent plus réellement les albums, ou du moins les survolent sur les plateformes. Mais il y a toujours des personnes qui aiment écouter des albums. Le tout est de faire un album qui peut être apprécié comme un album dans son intégralité, mais aussi quelque chose qui peut être partagé comme cela se fait de plus en plus aujourd’hui.
Ceci dit, nous aurions pu le faire encore plus long. La seule raison est qu’il faut le sortir en CD, et que faire quelque chose de plus grand aurait augmenté son prix. Aujourd’hui les gens payent un abonnement sur Spotify ou Deezer, et on ne peut pas sortir un album trop cher.
Les gens achètent de moins en moins de CD…
J. M. : Certaines personnes en achètent encore, c’est vraiment étonnant. Au Japon les CD sont encore le moyen le plus populaire d’écouter de la musique. Les habitudes changent beaucoup d’un pays à l’autre.
Vous avez réalisé trois clips pour le dernier album. Vous n’aimeriez pas réaliser quelque chose pour le cinéma ?
J. M. : Réaliser des clips pour Metronomy a été une première expérience dans le monde du cinéma. C’est un autre langage que la musique et on ne se rend pas forcément compte, par habitude, qu’il est possible de faire passer un message par d’autres moyens artistiques. On se dit surtout que ce serait marrant de faire un court-metrage sans raison apparente, ce qui reviendrait finalement à se dire que l’on pourrait faire une chanson. Je me sens bien lorsque je réalise des clips mais je n’ai pas de projet pour l’instant.
Souhaiteriez-vous collaborer avec un réalisateur ? On se rappelle du clip de Night Owl avec Quentin Dupieux, alias Mr Oizo.
J. M. : J’ai plusieurs idées, mais je peux vous annoncer que Quentin Dupieux, en tant que Mr Oizo, est sur l’une des chansons de notre nouvel album. On peut dire qu’on a déjà collaboré ensemble !
Une belle collaboration ! Comment établissez vous les setlists pour vos concerts ?
J. M. : Cela dépend. Quand nous jouons en festival il faut avant tout faire plaisir au public. On réfléchit différemment nos concerts en faisant peu d’instrumentaux et en jouant ce que les spectateurs veulent entendre. Quand nous recommençons à faire une tournée on se demande toujours quoi jouer. Avec six albums nous avons de quoi faire, ce qui nous libère un peu.
Rien à voir, je me rappelle d’un live au Grand Journal. Vous étiez avec le bassiste du groupe, Olugbenga, ainsi qu’accompagnés d’un DJ. Que s’est-il passé ?
J. M. : C’est vrai ! C’était pour le dernier album, Summer 08′. Nous faisions la tournée pour l’album mais pas en tant que groupe car nous étions en pause. Psychologiquement, ne pas avoir le groupe en entier montrait que l’on faisait une pause dans nos tournées.
Olugbenga, vous avez sorti un album de musique électronique en 2015. Vous avez un projet solo en préparation ?
Olugbenga Adelekan : Oui, en général on se consacre à nos projets solos pendant les pauses entre chaque tournée. Tout le monde en profite : Michael a un groupe nommé NZCA Lines, Oscar fait de nouvelles musiques et anime une émission radio, … Jusqu’à ce que Joseph nous envoie un email en nous disant qu’il a une nouvelle idée d’album et que l’on se reforme !
Vous n’aimeriez pas plus d’electro dans Metronomy ? Je pense à l’influence de Jamie XX dans The XX, notamment dans le dernier album.
O. A. : Je pense qu’il y a déjà beaucoup de musique électronique dans Metronomy !
Oscar, vous êtes un membre fondateur du groupe et le cousin de Joseph. Metronomy ne serait pas une histoire de famille finalement ?
Oscar Cash : C’est vrai, et le fait que l’on se connaisse depuis l’enfance aide. Vers nos dix ans nous avons commencé à réellement s’intéresser à la musique et à apprendre jouer des instruments. Nous avons toujours joué ensemble.
Vous arrivez encore à vous supporter après tout ce temps ?
O. C. : Bien sûr, nous sommes comme des frères !
Anna, vous avez un jeu de batterie assez particulier. J’ai l’impression que ça contribue pour beaucoup à l’atmosphère de Metronomy.
Anna Prior : Le rythme tient une place très important dans la musique de Metronomy et je ne pense que cela ne soit dû qu’aux percussions. Les claviers, pour moi, sont très interessants. Le tout est d’arriver à faire coïncider tous les rythmes issus de multiples instruments. Toute l’atmosphère de Metronomy repose sur cette atmosphère un peu décalée, souvent folle et parfois marginale.
Et cela marche à merveille. Comment on se sent quand on est la seule femme dans un groupe ?
A. P. : Je connais les membres du groupe depuis plus de dix ans et ils font partie de ma famille. Notre manager en tournée est une femme et cela aide beaucoup. Je pense que l’industrie de la musique est en train de changer, et voir une femme n’est plus considéré comme quelque chose d’étonnant…
Michael, vous avez commencé comme musicien de scène et faites maintenant partie intégrante du groupe. Que ressentez-vous ?
Michael Lovett : C’est génial ! J’ai l’impression de faire partie du groupe depuis bien plus longtemps, mais ce qui est agréable est de savoir que tout le monde ressent la même chose depuis que je suis officiellement un membre du groupe.
Vous avez collaboré avec Christine and the Queens pour son premier album. Ca sonnerait bien Chris en featuring avec Metronomy.
M. L. : Oui, et j’ai également été son musicien de scène pour plusieurs dates de sa première tournée américaine. Ce serait incroyable. Elle fait son propre voyage, mais il est peu probable que son chemin croise celui de Metronomy.
Merci à tous !
(Le sixième album de Metronomy, Forever, sortira le 13 septembre prochain. Le groupe vient d’achever sa tournée estival au festival La Route du Rock et entamera à la rentrée une tournée européenne).
Un grand merci à Fabien pour son aide sur cette interview.
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