31 Août Foals retourne Rock En Seine et s’impose encore un peu plus
Le groupe de Yannis Philippakis était à Paris ce dimanche. Au delà des attentes, Foals s’impose doucement comme l’un des meilleurs groupes de la décennie.
Tu t’en doutes un peu déjà, après avoir lu le titre et le chapeau… Ce papier est écrit par un grand amateur du groupe d’Oxford. Cependant, objectivement, et après avoir écouté de nombreux retours, difficile de trouver quelqu’un ressortir d’un live de Foals avec un sourire blasé et un polo tout propre. Habituellement, cela se rapproche plus du sang et de la sueur. Et ce dimanche à Rock En Seine, le groupe a proposé une performance comme on en a vu rarement.
Pour le dernier festival de la tournée de Everything Not Saved Will Be Lost Pt 1, le désormais quatuor après le départ de Walter Gervers était donc à Rock En Seine, 3 ans après leur passage ici même en clôture sur la Grande Scène. Cette année alors que le groupe est plus populaire que jamais, ils joueront sur la scène de la Cascade et laisseront la clôture à la légende Aphex Twin.
30 mins avant le début du show, une foule compacte est déjà amassée devant la scène. Foals est probablement l’un des groupes les plus attendus après un Bataclan complet en quelques minutes au printemps. A 21h précise, le groupe monte sur scène sous les acclamations d’un public déjà chaud. On The Luna lance le concert et les premiers hochements de tête. Le titre est efficace et ouvre gentiment un set qui va précipitamment tomber dans la folie.
En effet, juste après, Yannis lance Mountains At My Gates, single ravageur issu de What Went Down. La version live du titre en 2019 a une toute petite particularité mais qui marque clairement la coupure entre une entrée de set propre et un début de rock pur, sans concession. Juste après le pont du morceau, Yannis et Jimmy reprennent seuls à la guitare avant la reprise de la batterie et du refrain, et les premiers pogos…
Foals vient de sortir son cinquième album studio. En une heure de set, on retrouvera un morceau de chaque album sur la setlist, preuve d’une régularité rare. C’est l’excellent Olympic Airways qui représentera le premier opus du groupe Antidotes. Moins connu du grand public, le morceau montre qu’on a affaire à un public de connaisseur ce soir à Rock En Seine. Transition toute trouvée avec la tubesque My Number qui fait bouger une foule dense mais ravie. Après une tournée de plusieurs mois, des sets incroyables partout en Europe dont un à Glastonbury, le quatuor garde la même envie, la même énergie et ne montre jamais une pointe de lassitude.
Exits, premier single du dernier album du groupe est un des titres qui sonnent le mieux en live. Très longue, la version plonge l’auditeur dans un entre-deux magnifique. Musicalement, le morceau est dansant alors que les paroles, elles, sont alarmantes. Un équilibre étonnant mais encore plus convaincant dans sa version live. Tout cela avant que Foals décide de transformer la fosse en arène. L’incroyable Providence retourne un public chauffé à blanc, prêt à en découdre. « I’m an animal just like you » résonne devant la Cascade alors que les pogos rugissent eux aussi. Et au delà de l’ambiance dingue, qu’est ce que c’est précis musicalement. Le moment de mettre en avant le talent tout aussi incroyable de Jack Bevan à la batterie, Jimmy Smith à la guitare et Edwin Congreave aux claviers.
Un petit moment pour respirer avec Spanish Sahara, chef d’oeuvre de Total Life Forever. Dans un silence quasi religieux, le groupe interprète le titre avec une vraie passion. Cela fait plus de 35 minutes que Foals a débuté son set. Il reste 4 morceaux. Yannis Philippakis lâche alors un discours qui résonne avec l’opus paru au printemps : « Fuck Brexit, Fuck Boris Johnson, Fuck Trump, Fuck Bolsonaro, Fuck Putin ». Un tonnerre d’applaudissements pour une musique et un groupe qui ne se veulent pas révolutionnaires, mais qui sonnent l’alerte sur une société, un monde, qui pourrait bien ne pas être sauvé.
Comme pour continuer avec ce discours, dans lequel on sent sincèrement la haine d’un Yannis Philippakis déterminé, le groupe va nous offrir 25 minutes de rock heavy comme le groupe sait le faire. Comme pour libérer une haine et pour aller au combat. D’abord avec la mythique Inhaler qui fera chavirer un public qui a lui aussi lâché les lions. Puis avec la toute nouvelle Black Bull, premier single du prochain opus à paraître en octobre. Et quelle version ! Le riff distordu explosif et la voix de Yannis hurler, puis chuchoter dans le pont, anxiogène puis libératrice finit de nous convaincre. Un titre qui pourrait devenir un classique comme Foals en produit… à chaque album !
Foals est un groupe qui met du temps à rentrer dans ses sets. Alors ils décident de faire venir les photographes pour les 3 derniers morceaux. Pour capturer une énergie sincère, brute. Finalement, Foals terminera comme à son habitude par What Went Down et Two Steps Twice. Evidemment, bain de foule sanguin pour le leader du groupe. Et probablement les plus gros pogos du festival.
Alors là, un problème se pose, peut-on trouver au moins un point négatif à ce concert du quatuor d’Oxford ? Si on n’était (très) mauvaise langue, on dirait que Foals méritait un set plus long sur la grande scène. Mais sinon, malheureusement on ne trouve pas.
Parce qu’après avoir sillonné les routes des festivals et des concerts, on a du mal à trouver un groupe dont le live est aussi abouti. D’abord de part la performance musicale mais aussi par l’énergie et le message qui sort de chaque concert de Foals. Alors Foals est-il le meilleur groupe de rock de la décennie ? En tout cas, Foals est en lice pour le Mercury Prize et une chose est sûre, Foals aura délivré l’un des plus beaux sets de cette 17ème édition de Rock en Seine. Leur prochain single paraitra le 5 septembre et on espère revoir la bande en France pour la sortie de la partie 2 de Everything Not Saved Will Be Lost. Mais quel concert…
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